Le remaniement ministériel est imminent. Non pas parce que l’équipe actuelle n’est pas à la hauteur, mais par souci de mettre en œuvre l’Accord de paix, issu du processus d’Alger en intégrant les groupes armés dans le gouvernement.
Les difficultés auxquelles notre pays est confronté sont énormes et connues de tous. Après la nomination de deux Premiers ministres, en l’occurrence Oumar Tamtam Ly et Moussa Mara, le Président de la République a fini par dénicher un commis de l’Etat qu’il fallait pour le Mali. Il s’agit de l’actuel Premier ministre Modibo Keïta, dont la compétence et l’expérience ne sont plus à démontrer.
Pour rappel, avant son arrivée à la tête de la Primature, aucune avancée vers la paix, principal défi du Président IBK, n’avait été enregistré. Pour cause, les rivalités au sein du gouvernement, dues au manque de leadership du chef de l’équipe. Pendant presque deux ans, un scandale chassait un autre dans notre pays. A telle enseigne que le Fonds monétaire international avait suspendu son appui budgétaire au Mali.
Il a fallu l’arrivée de Modibo Keïta pour que les lignes bougent. De part son expérience, sa compétence et son leadership, il a imprimé une cohésion et une dynamique latente à l’équipe qu’il a composée. Et cette dernière n’a pas tardé à produire des résultats connus de tous. Sous son autorité, le principal challenge pour le chef de l’Etat a trouvé un début de solution. Il s’agit du retour de la paix et de la réconciliation nationale. Moins de 3 mois après sa nomination à la Primature, le Mali a pu arracher un accord avec les groupes armés à Alger. Le paraphe de l’Accord pour la paix, le 1er mars 2015, a été suivi de la signature dudit document en mai, avec certains groupes armés, puis en juin avec le mouvement armé le plus radical, à savoir la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (CMA). A cette occasion, le Président IBK a fait savoir que n’eussent été les conseils sages de son Premier ministre, tous les efforts allaient tomber à l’eau. « Je ne serais pas moi-même, si vous me permettez, ici et maintenant mettre en exergue le rôle joué de manière fabuleuse par mon aîné, le Premier ministre Modibo Keita. Du jour où je lui ai confié la mission d’être mon Haut représentant dans le dialogue inclusif inter-malien à ce jour que de chemin parcouru, que de sacrifices, que de patience; d’abord avec moi. Il en a fallu. Mon cher aîné, vous avez été d’une patience inouïe. Je vous en sais gré ici, solennellement. Vous m’avez fait éviter bien des erreurs que le tempérament aurait incliné à difficilement éviter. C’est tout cela qui fait le bonheur de cette journée», a-t-il magnifié l’ingéniosité de l’actuel Premier ministre Modibo Keïta.
Faut-il le rappeler, dans l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger, il est prévu l’intégration des groupes armés dans le gouvernement pour établir plus de confiance entre les parties. Conformément à cet engagement, le Président de la République entend mettre en place un nouveau gouvernement incluant les membres de la CMA et de la Plateforme. Des sources proches de Koulouba, il n’est nullement question de remplacer le Premier ministre, grâce à qui le Président a trouvé un nouveau souffle. Tant au plan national qu’international. En plus, soulignent les mêmes sources, il est difficile de trouver quelqu’un d’autre pour mettre sur les rails la future équipe gouvernementale.
Pourquoi le RPM doit-il attendre ?
Au même moment, apprend-t-on, le RPM, en sa qualité de parti majoritaire à l’Assemblée nationale, revendique le perchoir de la Primature, estimant que ces postes lui reviennent de droit. Dans le jeu démocratique, cette revendication est légitime. Mais dans le contexte actuel du pays, certains observateurs de la chose politique estiment que le RPM doit attendre. Cela va non seulement dans l’intérêt du Mali, mais aussi dans celui du parti présidentiel. Dans leur raisonnement, ils argumentent qu’il peut avoir de très bon Premier ministre dans les rangs du RPM. Mais, à condition que le choix se fasse au bon moment. Pour nos interlocuteurs, il serait bon pour le parti au pouvoir d’attendre les deux dernières années du premier mandat d’IBK pour occuper la Primature. Ce serait une occasion pour eux non seulement de poursuivre les grands chantiers entamés par le président de la République, mais aussi de bien défendre ses actes. Cela en vue de préparer le terrain pour le deuxième mandat de leur camarade, IBK. Mais si on confie la Primature au RPM maintenant, cela peut causer des préjudices politiques aux conséquences lourdes pour le parti. Pour toutes ces raisons, ils conseillent au RPM d’attendre.
Oumar KONATE
source : Le Prétoire