Finalement, il n’y a pas eu de passe d’armes entre le député élu en commune II, Karim Kéita et le ministre de la Sécurité et de la protection civile, le Colonel-major Salif Traoré, lors de la séance des Questions orales du jeudi dernier à l’Assemblée nationale. Très vite, le député élu en commune II s’est montré satisfait des réponses données à ses questions et notamment le plan d’actions de lutte contre le terrorisme annoncé par le ministre en charge de la gestion de l’attentat terroriste survenu à l’hôtel Radisson, objet des Questions orales, Place de la République.
En interpellant le ministre de la Sécurité et de la protection civile à l’Assemblée nationale, l’Honorable Karim Kéita voulait être édifié et édifier l’opinion nationale et internationale sur ce qui s’est réellement passé à l’hôtel Radisson Blu. Surtout si l’on sait que beaucoup de rumeurs circulaient sur le nombre réel des victimes et des auteurs de cet attentat. Il voulait également savoir si le ministre a une stratégie et un plan d’actions concrets pour lutter contre le terrorisme et les nouvelles formes du grand banditisme. Ses questions étaient relatives au mécanisme mis en place pour mettre les populations civiles en confiance en vue de leur participation aux mesures d’anticipation. Les questions du député de la commune II se rapportaient aussi au renforcement des capacités opérationnelles et stratégiques des Forces de sécurité, aux outils de contrôle dont le ministre dispose, aujourd’hui, le long de nos frontières pour sécuriser le territoire national, suivre le mouvement des biens et des personnes afin d’anticiper et d’éliminer les menaces terroristes. Le président de la Commission défense de l’Assemblée nationale voulait connaitre les raisons pour lesquelles le département en charge de la sécurité tarde à créer un centre de lutte contre le terrorisme chargé d’apporter des solutions aux problèmes liés à la menace du terrorisme. Karim s’est aussi indigné du fait que la MINUSMA vient de publier un avis d’appel d’offres dans lequel elle lance un appel à manifestation d’intérêt pour la fourniture de service de télévision par satellite. «N’est-ce pas là Monsieur le ministre un empiètement sur les prérogatives d’un Etat souverain? Quand on sait qu’elle s’est déjà dotée d’une radio mais surtout certains évènements nous interpellent à l’image du soit disant attentat de la tour de l’Afrique, la communication erronée sur le nombre de victimes de l’attentat de vendredi», s’est-il interrogé. Voilà, entre autres, des interrogations du député au ministre de la Sécurité.
En réponse à ces questions, le ministre a regretté qu’il ne puisse pas donner des réponses à toutes les questions afin de ne pas gêner les enquêtes en cours sur ce drame. Il a indiqué que tôt le matin, deux individus armés de fusils AK 47 ont tiré, sans distinction, à bout portant sur des gens à l’entrée de l’hôtel Radisson. Selon le ministre, ces individus armés sont ensuite montés dans l’hôtel en tirant et en prenant en otages les clients. Aussitôt alerté, il a mobilisé ses services, notamment la police et la gendarmerie pour faire face à la situation. Ainsi, a-t-il expliqué, aux environs de 9 heures 30, l’assaut a été donné et les opérations ont duré jusqu’à 16 heures. Il a fait savoir aux députés que vers sa fin l’opération a bénéficié de l’appui des forces françaises. Il a annoncé qu’un gendarme a été tué dans l’opération. A l’issue de l’opération on a également dénombré 9 blessés dont 3 policiers et 2 gendarmes grièvement touchés. Bilan définitif: 22 tués dont les 2 terroristes.
«L’enquête est en cours et avance bien. Contrairement à ce qui se dit les terroristes ne sont pas venus dans le véhicule diplomatique qui était sur les lieux de l’attaque», a-t-il déclaré. Il a, une fois de plus, salué devant l’Hémicycle le professionnalisme de nos forces de sécurité et les a félicitées pour le travail abattu. S’agissant de la lutte contre le terrorisme, le Colonel-major Salif Traoré a annoncé un plan stratégique de lutte contre ce fléau. Selon lui, ce plan est basé sur l’anticipation, la protection et l’intervention. Dans cette optique, il entend mettre l’accent sur la collecte de l’information pour pouvoir anticiper. Pour ce faire, il a annoncé la création d’un centre de collecte d’information. Il a mis l’accent l’implication des autorités traditionnelles, les chefs de village, de fraction, les leaders communautaires et les autorités communales pour renforcer cette stratégie. Il a également évoqué l’équipement de nos forces de sécurité pour faire face aux nouvelles menaces. «Il faut tirer toutes les leçons de ce qui a été fait et ce qu’il y a lieu de faire. La lutte contre le terrorisme est une priorité pour notre équipe. Nous avons créé une section consacrée à la lutte contre la cybercriminalité», a-t-il noté. Dans ses réponses, le ministre Traoré a aussi insisté sur la coopération transfrontalière. Il a rappelé les mécanismes existants au niveau de la CEDEAO et du G5 Sahel pour faire face au terrorisme.
Après ces assurances données par le ministre, l’Honorable Karim Keïta lui a adressé ses félicitations et s’est dit largement édifié par ses réponses. «Moi, personnellement j’ai été plus qu’édifié. Nous sommes fiers de vous», a-t-il déclaré. Certainement, le président de la Commission défense et le ministre était tous les deux pressés de se rendre aux obsèques du gendarme tué lors de l’assaut à l’hôtel Radisson. Cette cérémonie funèbre était prévue juste après l’interpellation.
Youssouf Diallo
source : 22septembre