Si l’universitaire, Dr Etienne Fakaba Sissoko, pense que les actes posés par le gouvernement du Mali en matière de création d’emplois sont insignifiants, le ministre de l’Emploi, Mahamane Baby, de son côté, note une approche plus ou moins positive dans la forme, même s’il déplore par ailleurs la faiblesse de la part du Budget mise à la disposition de son département, soit 0,15%.
«Problématique de l’emploi au Mali: Enjeux, défis et perspectives», tel était le thème du 6ème numéro du «Grand débat économique», animé par notre confrère Issa Fakaba Sissoko, journaliste au Studio Tamani. Ce numéro avait comme invités: le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mahamane Baby, et Dr Etienne Fakaba Sissoko, Economiste et professeur d’Université. C’était le samedi 28 novembre 2015, à la Chambre du commerce de d’industrie de Bamako.
Les deux invités ont tour à tour abordé plusieurs questions: l’état des lieux du marché de l’emploi au Mali, les acquis du gouvernement en matière de création d’emplois. Comment les préserver et quelles sont les perspectives, etc.
Le ministre Mahamane Baby est un ancien fonctionnaire des Nations Unis, alors qu’Etienne Fakaba Sissoko est économiste et auteur de travaux de recherche sur l’emploi au Mali.
Pour le ministre Baby, il est tout simplement impossible de faire des miracles lorsque vous disposer de 0,15% du Budget de l’Etat pour la création d’emplois. Souvent, ces politiques, selon lui, sont définies avec les bailleurs de fonds ou avec la société civile. C’est dans cette logique qu’il met l’accent sur une politique volontariste et propose de mettre à la disposition de ce département les ressources nécessaires pour l’emploi des jeunes. «Il y a la substance qu’il faut pour atteindre les résultats, mais pour moi, le défi le plus important pour un problème aussi crucial, c’est de consacrer 1% ou 2% du Budget, même si je reconnais que l’Etat fait des efforts énormes en dotant les structures comme le Fafpa, l’Anpe, l’Apej, entre autres», note le Ministre Baby.
De son coté, le Dr Etienne Fakaba Sissoko ne partage pas cet avis. Il pense que non seulement les politiques posées par le gouvernement du Mali en matière de création d’emplois sont est loin d’être un modèle, mais aussi il dénonce l’utilisation des dotations mises à la disposition des structures ci-dessus évoquées (Fafpa, l’Anpe, l’Apej). Selon l’orateur, pour demander une augmentation de dotation, il faut déjà qu’on est la preuve que le peu que l’Etat attribue donne un résultat. D’où la question de transparence de gestion de fonds. A cela, s’ajoute la mauvaise gouvernance de l’emploi et de financement des jeunes par les structures comme le Fafpa, l’Anpe, l’Apej. Du point de vue du Dr Sissoko, les jeunes pensent que pour obtenir un quelconque avantage au sein de ces structures, il faut être d’un parti politique.
Parlant des acquis en matière de création d’emploi, le Ministre Baby dira que sur les 200 000 emplois sur les cinq ans promis par le Président de la République, 78 000 emplois ont été déjà créés sur les deux ans. De son coté, Dr Sissoko trouve que ce ne sont pas les chiffres qui importent, mais il faut, selon lui, les conditions permettant aux jeunes d’avoir un travail pérenne.
Ce qu’il faut changer
Le fondamental, pour l’Economiste Sissoko, est d’abord d’aller vers la création de richesses et aussi vers le milieu rural. En outre, Sissoko déplore la lourdeur administrative et la fiscalité qu’il faut revoir pour les jeunes. Comme piste de solutions à la problématique de l’emploi des jeunes, il préconise entre autres: accorder des subventions aux entreprises, l’insertion active des diplômés de la langue arabe (arabisants), la suppression de certaines filières, telles que la sociologie, la création des centres d’incubation (soudures, plomberie, mécanique, électricité…).
Ce qu’il faut surtout changer pour le Ministre, c’est de faire comprendre aux parents et aux jeunes que tout le monde n’est pas fait pour être bureaucrate. «A quoi çà sert de faire un bac plus 4 et chômé pendant 10 ans ? Il faut qu’on accepte que certains soient plombiers, soudeurs et qu’il n’y a aucune honte à faire un métier qui nous permet de vivre dignement», conseille Baby.
Ibrahim M.GUEYE
Source : Le Prétoire