«Des réformes politiques sont nécessaires. Ce n’est pas chose facile à accepter, mais si la répartition des terres, des revenus et des possibilités est dénaturée au point de provoquer le désespoir, les dirigeants politiques doivent choisir entre la réforme sociale ou révolte sociale», dixit Robert Mc Namara.
Le désastre dans lequel patauge notre pays interpelle tous les Maliens qui se soucient tant soit peu du devenir du Mali qui a derrière lui une longue et riche histoire. La problématique de ce devenir se pose de plus en plus avec acuité.
Si en 1980, sous l’apache régime de Moussa Traoré, le ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture en la personne de Alpha Oumar Konaré lors de la Biennale s’était posé la question de savoir: «Où va le Mali ?».
Aujourd’hui, plus qu’hier, la question persiste : Moussa est tombé, le 26 mars 1991, où va le Mali des ‘’démocrates’’ maliens ? vingt-sept (27) ans après Moussa, le Mali plonge plus que jamais dans le creux de la vague.
Le cri de cœur de notre peuple est tombé dans des oreilles de sourds comme si le Mouvement dit ‘’démocratique’’ a fait de ce peuple des marches de l’escalier pour accéder au pouvoir. Pour tout dire, les ‘’démocrates’’ maliens se sont servis du peuple malien au lieu de le servir. Le mot démocratie est devenu un laisser- passer et un laisser-faire dans notre pays.
La conséquence de cette nébuleuse gestion démocratiste de nos affaires c’est que le Mali est à terre et cela dans tous les domaines de la vie nationale.
Sony Labou a dit: «Il faut des hommes pour sauver l’avenir !». Le Mali a entamé sa calamiteuse descente aux enfers avec Alpha Oumar Konaré et s’est approfondi avec ATT. Face à ce macabre désarroi, à quel saint le peuple malien va-t-il encore se vouer ? A la recherche d’un sauveur, voilà IBK pour sécher les larmes de ce peuple.
En 2013, il a été élu avec 77,66% des suffrages exprimés président de la République du Mali. Notre peuple avait ainsi cru trouver l’homme de la situation pour relever les défis de l’avenir. Mais voilà cet espoir de tout un peuple se briser en cinq ans de présidence d’IBK.
Aujourd’hui, l’arbre ne saurait cacher la forêt: Quelques soient les gesticulations politiciennes d’une certaine qualité de Maliens, le président Keïta n’a pas comblé les attentes de nos masses laborieuses, loin s’en faut. La décence en politique recommande de le reconnaître en toute humilité. A présent donc, à quel nouveau saint faut-il se vouer ?
Depuis bientôt deux (02) mois, les valses de la politique politicienne ont lieu de jour comme de nuit entre les oiseaux de la politique. Les politiciens criquets sont à l’œuvre.
Les diables, les démons, les devins, les marabouts et même les ‘’voyants’’ sont mobilisés pour le besoin de la cause. Près de deux-cents (200) ‘’partis politiques’’ ont vu le jour au Mali. Mais quels projets de société pour le Mali ? Il n’y en a presque pas, tellement il y a recoupement entre ceux de cette panoplie de formations politiques.
A quelques pas de la présidentielle de juillet (si elle a lieu), la sempiternelle question reste posée: «Où va le Mali ?». Les alliances se nouent et se dénouent au gré du vent. Pendant ce temps, le peuple s’impatiente, il a soif de changement véritable. Que faut-il pour lui redonner confiance face à la pourriture de la classe politique actuelle ?
A ce niveau, il faut rappeler Max Weber qui disait avec ferme conviction: «Celui qui veut le salut de son âme ou sauver celle des autres doit donc éviter les chemins de la politique qui, par vocation, cherche à accomplir d’autres tâches très différentes, dont on ne peut venir à bout que par la violence.»
Les candidats à la présidentielle de juillet prochain poussent de terre chaque jour que Dieu fait. Pour qui voter ? Seul le cœur et la raison des Maliens pourront répondre à cette question. Mais le seul impératif catégorique pour notre peuple aujourd’hui c’est la nécessité d’un changement radical du système politique à l’œuvre au Mali depuis la chute du président nationaliste Modibo Keïta. Comme pour dire qu’à quelques exceptions près, ceux qui s’agitent aujourd’hui ont toujours été et restent dans les sérails du pouvoir politique qui a mis le Mali à genou.
Aujourd’hui, plus qu’hier, les Maliens se rendent à l’évidence que seul un changement de système de gouvernance est salutaire pour notre pays. Cela est d’autant indispensable, qu’au-delà des chansons du père Noël chantées ça et là par les politiciens criquets, il faut des hommes crédibles pour sauver l’avenir. Ces hommes, il ne faut point les chercher dans cette classe politique finie qui n’a de souci que pour se servir du peuple. Il faut donc, pour redonner confiance à notre peuple, des hommes radicalement nouveaux et des institutions politiques qualitativement meilleures.
C’est bien ce que Patrick Gibert avait expliqué en quelques manières: «On souligne rarement le fait que les institutions politiques existantes rendent difficile tout changement fondamental, étant donné la multitude des points de véto que comporte notre système décentralisé d’équilibre des pouvoirs.»
Lénine nous a conseillé d’apprendre à voir derrière les déclarations politiques, religieuses, esthétiques, juridiques, etc. qui est qui, qui dit quoi et qui fait quoi au nom du peuple. Il disait: «Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïfs des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telle ou telle classe.»
Nul doute aujourd’hui, que les conditions objectives sont réunies pour un changement véritable au Mali. Chaque jour que Dieu fait les hommes et les femmes se rendent à l’évidence qu’il faut maintenant amorcer un changement radical profond pour tourner la page de la race de politiciens pourris, en mal de crédibilité. Ce changement est aujourd’hui à portée de main au regard de la prise de conscience par les masses laborieuses que ce changement est plus que jamais pressant et incontournable.
Le Mali n’a que trop duré dans la bamboula des délinquants financiers et dans le syncrétisme politique. Il est temps de redonner confiance à notre peuple. Pour ce faire, il faut des hommes crédibles acquis à la cause du changement parce que c’est bien pour cela que bien de nos femmes et de nos enfants ont sacrifié leur vie.
Fodé KEITA
Inter De Bamako