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Pour une sortie honorable : IBK négocie son départ avec la CEDEAO et l’ex-junte

Le président de la République s’était rendu, la semaine dernière (10 et 11 mai) à Abidjan pour une visite de deux (02) jours au cours de laquelle il a rencontré son homologue de la Côte d’Ivoire Alassane Dramane Ouattara. Si rien n’a officiellement filtré des entretiens entre les deux (02) hommes d’Etat, il nous revient qu’il a été question de la fin du bail de cinq (05) ans qui lie Ibrahim Boubacar Keïta à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’ex-junte. Décryptage.

Arrivé au pouvoir à la suite d’un quasi-plébiscite (77,66% des suffrages exprimés) lors de la présidentielle de 2013, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), de qui il s’agit, serait sur le point de rompre unilatéralement le contrat qu’il a signé avec le général Amadou Haya Sanogo et ses hommes sous l’égide de la CEDEAO avec comme parrains les présidents de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Outtarra et du Burkina Faso, Blaise Comparé. Ce dernier vit présentement en exile en Côte d’Ivoire après avoir été chassé du pouvoir, en octobre 2014 par un soulèvement populaire.

Il n’était pas gratuit que les émissaires de ces deux chefs d’Etat aient conduit les négociations avec la junte pour le retour à l’ordre constitutionnel. Il a été question d’un mandat de cinq (05) ans (2013-2018) pour IBK et le retour du pouvoir à un cadre de l’ex-junte, en 2018.

Ainsi, le choix s’est vite opéré. Après avoir jaugé les hommes politiques  de l’époque et surtout ceux qui pouvaient leur garantir un engagement qui les garantissait un lendemain meilleur et leur retour aux affaires, le nom de deux (02) leaders était inscrit à leur tableau de chasse: IBK et Oumar Mariko. Mais au finish, l’élite de la junte a imposé son choix qui n’était autre qu’IBK à la troupe qui voulait de Mariko.

Ils (les cadres militaires) ont choisi IBK, qu’ils appelaient dans leur jargon «le vieux», au détriment du président du Parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI), Dr Oumar Mariko, qui était surnommé «le barbu» pour la simple raison que ce dernier est ‘’incontrôlable et insaisissable’’.

Autre raison qui a basculé la balance du côté d’IBK, c’est sa promesse de faire un seul mandat et préparer le terrain de 2018 pour l’ex-CNRDRE.

 

Comment en est-on arrivé là ?

Après le coup d’Etat du 22 mars 2012 contre le général Amadou Toumani Touré (ATT) à deux (02) petits mois de la fin de son second mandat (le 8 juin, le nouveau devait prêter serment), de fortes pressions extérieures, notamment celles de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont été exercées sur la junte qui venait de prendre le pouvoir.

Finalement, les militaires qui s’étaient regroupés au sein du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), avec à leur tête le capitaine Amadou Haya Sanogo, ont accepté de se plier aux exigences de la soit disant communauté internationale.

Ainsi, s’engagent des négociations entre les deux (02) parties. Elles ont été conduites, côté CEDEAO par le ministre burkinabé des Affaires étrangères Djribil Bassolé et le ministre ivoirien de l’Intégration africaine, Adama Bictogo et côté CNRDRE par le colonel Moussa Sinko Coulibaly, chef de cabinet du capitaine Amadou Haya Sanogo, président du CNRDRE qui a apposé sa signature au bas du document.

Au bout de celles-ci, la junte cède et signe un accord dit Accord-Cadre, le 6 avril 2012, à la grande satisfaction des deux (02) parties. Il rétablit l’ordre constitutionnel, un second coup d’Etat contre le  président ATT qui a été le seul chef d’institution à ne pas s’asseoir dans son fauteuil.

Il permit à Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée Nationale, d’assurer l’intérim des quarante (40) jours comme prévu par la Constitution malienne du 25 février 1992 et de présider par la suite la transition qui a pris fin par la cérémonie de prestation de serment du président Ibrahim Boubacar Keïta, le 4 septembre 2013.

Cet accord signé avec les militaires de Kati n’a pas dérobé à la règle. Comme tout accord au monde, il y a toujours des dessous. Le plus retentissant est le Pacte germano-soviétique signé, en 1939, entre l’Allemagne nazie et l’URSS et qui prévoyait le partage de la Pologne entre les deux (02) pays. Celui des militaires de Kati avait pour dessous leur retour aux affaires après un mandat de celui qui allait gagner la présidentielle de 2013.

Ce deal entre IBK et les hommes du général Sanogo est sérieusement menacé au point que les parrains qui lui ont fait appel à Abidjan la semaine derrière pour le lui rappeler de l’engagement qu’il a pris devant les jeunes militaires. Il ne s’était pas rendu dans la capitale ivoirienne pour apprendre de la bouche du président ivoirien l’arrivée de dix-neuf (19) militaires sur notre sol mais de dire à IBK de respecter sa parole de ne pas se représenter à la présidentielle du 29 juillet 2018.

Même si Alassane Dramane Ouattara a eu à dire que les Maliens doivent faire l’union sacrée au tour de lui, cette union ne veut pas dire que tout le peuple malien soit derrière lui pour l’élection de juillet mais de lui garantir une sortie honorable.

Autre dessous d’un autre accord. Celui de Ouagadougou, signé, le 18 juin 2013, sous l’égide de la même communauté internationale, entre le gouvernement malien et les groupes armés. Il a permis l’organisation des élections de 2013 sur l’ensemble du territoire national et ouvert la route à IBK pour aller battre campagne à Kidal. Ce sont les mêmes (Blaise Compaoré et Alassane Dramane Ouattara) qui ont convaincu Moussa Sinko Coulibaly, ministre de l’Administration territoriale, de signer cet accord pour que le pays puisse se doter d’institutions élues. Ils ont dit au représentant de la junte d’attendre leur tour.

Aujourd’hui, il ne fait plus de secret que la volte face d’IBK fâche les parrains des dessous des deux (02) accords qui disaient qu’après cinq (05) ans de pouvoir le président IBK allait passer la main à l’ex-junte.

Aussi, le non respect de cet engagement a-t-il fait déborder le vase du côté du général Moussa Sinko Coulibaly qui a démissionné de l’armée pour descendre sur le terrain politique afin de battre IBK dans les urnes. Le combat du général démissionnaire est de laver l’affront qu’ils ont subi de la part d’un homme pour qui ils ont mobilisé tout pour qu’il soit élu président.

Ce qui est sûr, ceux qui sont partis à Koulouba, le 5 mai 2018, pour solliciter la candidature d’IBK ne savent pas que leur mentor est coincé entre l’enclume de l’ex-junte et le marteau de la CEDEAO. Tant qu’il n’a pas réglé ce problème, les nuits seront blanches et longues pour lui.

Un homme ne vaut que par sa parole donnée. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) va-t-il franchir le Rubicon ?

Yoro SOW

 Inter De Bamako

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