Emmanuel Macron devrait annoncer sa candidature à la présidentielle ce mercredi 16 novembre lors d’une conférence de presse organisée dans un centre d’apprentissage à Bobigny.
L’annonce ne fait pas les affaires d’Alain Juppé, à un moment où son avance sur ses adversaires s’amenuise dans les sondages. Car Emmanuel Macron cherche évidemment à séduire ces électeurs de la droite modérée tentés par le vote en faveur du maire de Bordeaux, qui a choisi de mener pour la primaire une campagne au centre. En se déclarant, Emmanuel Macron espère certainement montrer qu’il existe une alternative politique à Alain Juppé et contre Nicolas Sarkozy. Son pari initial était en effet d’être opposé lors de la présidentielle à Nicolas Sarkozy, plus clivant et face auquel il a une carte plus facile à jouer.
En même temps, en se déclarant maintenant, Emmanuel Macron grille la politesse à François Hollande, dans l’espoir peut-être de l’inciter à ne pas se représenter. Et en choisissant Bobigny, en Seine-Saint-Denis, il envoie aussi un signal à la gauche. Dans son entourage, on rappelle souvent qu’Emmanuel Macron est bien accueilli en banlieue, contrairement, explique-t-on, à Manuel Valls. Emmanuel Macron tente donc de faire d’une pierre trois coups : chasser sur les terres d’Alain Juppé, couper l’herbe sous le pied de François Hollande et provoquer Manuel Valls.
Des « élucubrations » pour le camp Juppé
L’annonce de cette candidature imminente n’a en tout cas pas manqué de faire réagir la classe politique. Du côté d’Alain Juppé, on fait mine de ne pas voir le danger. Pour ses proches, le scénario d’un Emmanuel Macron qui ferait perdre des voix au candidat de « l’identité heureuse » est tout à fait invraisemblable. Benoist Apparu parle d’« élucubrations ». « Si je comprends bien, Emmanuel Macron qui se présenterait à l’élection présidentielle qui aura lieu en avril ou en mai, ça aurait une influence ou une incidence sur une élection qui se déroule six mois avant. Je ne vois pas du tout, comment de façon massive, ça empêcherait X électeurs d’aller voter Juppé. Qu’il y en ait 5 000, 10 000 qui le fassent, peut-être. Mais enfin, ça vaut 0,1 % du corps électoral, donc ça ne pèse pas », estime le député de la Marne.
A gauche, dans le camp de Manuel Valls, on considère que cette prochaine annonce est un nouveau coup dur pour le président Hollande qui voit ainsi sa marge se réduire alors qu’il ne s’est lui-même pas encore déclaré candidat. Le député Philippe Doucet parle même de coup de poignard : « François Hollande a aidé Emmanuel Macron à devenir une personnalité politique. Julien Dray, conseiller de François Hollande, a été pendant des nuits conseiller d’Emmanuel Macron, à la fois pour essayer de bloquer Manuel Valls et pour essayer d’avoir quelqu’un du centre gauche un peu moderne. A l’arrivée, il sort le couteau et il est dans le dos de Hollande, pas dans le dos de Valls ».
« Une aventure individuelle »
Mais pour les proches du chef de l’Etat, c’est toute la gauche qu’Emmanuel Macron met en danger en se lançant dans une aventure qualifiée d’« individuelle ». « Multiplier les candidatures à gauche, dans un moment où l’extrême droite est à nos portes, fait courir un risque immense à la gauche et aucune aventure individuelle ne le mérite », affirme le député Olivier Faure qui aurait préféré voir l’ancien ministre participer à la primaire de la gauche.
Invité ce mardi soir de RFI, France 24 et TV5 Monde à l’occasion de la COP22 à Marrakech, François Hollande a quitté son costume de chef d’Etat le temps d’une phrase : « Si la gauche n’est pas rassemblée, elle ne pourra pas être au rendez-vous. » A bon entendeur.
Source: Rfi
