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L’œil de Le Matin : Encore du chemin à faire pour s’émanciper pour de bon

«Veillez par tous les moyens sur cette souveraineté fondamentale que possède chaque nation en vertu de sa propre culture. Protégez-là comme la prunelle de vos yeux pour l’avenir de la grande famille humaine» ! C’est ce que le regretté Pape Jean-Paul II (18 mai 1920-2 avril 2005) avait déclaré à l’Unesco le 2 juin 1980. Mais, rares sont les pays africains qui ont réussi à relever ce défi d’autant plus que leur indépendance est plus théorique, dans le symbole, que réel puisque dénié de la puissance économique qui y sied. C’est pourquoi, comme l’a reconnu le Colonel Assimi Goïta (président de la Transition) à la tribune du 9e Forum de Coopération Sino-Africaine (FOCAC) le 5 septembre 2024, «sous le prétexte de promouvoir la bonne gouvernance, nos États ont été soumis à des diktats par des puissances impérialistes, facilitant ainsi l’exploitation sans retenue de nos ressources. Ces pratiques ont alimenté des intérêts extérieurs au détriment de nos peuples». Et cela se poursuit malheureusement de plus belle.

 

Même s’il est vrai que le Mali a fixé ses principes désormais inscrits dans sa Constitution pour garantir sa souveraineté. Il s’agit du respect de la souveraineté de l’État ; du respect des choix souverains du peuple ; et de la défense des intérêts du peuple. Mais, dans la pratique où la réalité concrète, nous sommes loin du compte tant que celle-ci n’est pas adossée à une solide souveraineté économique qui détermine en réalité nos choix sociopolitiques, diplomatiques voire culturelles.

Malheureusement, à part la première République, nos dirigeants n’ont presque jamais chercher à s’émanciper du colon. Ils se sont comportés naïvement comme si l’aide extérieure pouvait changer le sort d’une nation. A leur décharge, feu Modibo Kéita et ses compagnons avaient cette ferme conviction que le pays devait trouver son propre chemin de développement économique pour réellement s’émanciper du joug colonial. Certes la voie empruntée s’est révélée souvent difficile à suivre car exigeant des sacrifices énormes. Mais, on se demande si Modibo avait fait dix ou 23 ans, si on ne serait pas finalement parvenu â trouver la voie !

D’ailleurs depuis la rectification de la transition, le 24 mai 2021, les autorités de la Transition semblent s’inscrire dans cette option souverainiste. Même si elles semblent être plus pressées que la musique à travers des choix difficiles à assumer pour un pays qui n’a pas une solide assise financière et économique. Nous avons ainsi été par exemple été contraints de solliciter la Banque mondiale face à la crise énergétique. Et celle-ci s’était dite prête (en avril 2024) à décaisser 60 millions de dollars (39 357 420 000 FCFA) pour l’achat de carburants.

En réalité, elle a sauté sur l’occasion pour nous humilier parce que voyant que nous avons le couteau sous la gorge. Pour bénéficier de ce prêt,  le Mali devait non seulement réduire sa masse salariale (dégraisser la Fonction publique), mais aussi acheté de l’électricité auprès des pays de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) dont nous sommes membre/fondateur. Encore estimons-nous heureux qu’ils ne nous aient pas exiger (comme en Ouganda) de reconnaître devant le monde entier que les LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queer, intersexes et asexuelles) sont des Saints à vénérer pour délier le cordon de leur bourse.

«On a beau dire, mais quand on est nus/Même au diable, on souhaite la bienvenue», chante Tiken Jah Fakoly dans «Tonton d’America» qui dénonce aussi le colonialisme voire l’impérialisme. Mais, nous nous sommes des «Fantan Dusubaw» (pauvres orgueilleux) qui ont finalement envoyé balader la Banque mondiale avec ses 60 millions de dollars en jugeant ses conditions «inacceptables». Pour une fois, nous avons décidé de ne pas la suivre sur le terrain de notre humiliation et de chercher d’autres solutions en misant sur la résilience du peuple.

Le hic, c’est que face aux inondations, nous avons été obligés de sollicités les PTF (Partenaires techniques et financiers) pour mobiliser 3 milliards de francs Cfa afin de faire face aux besoins urgents des populations sinistrées. Une somme minable pour un pays qui perd annuellement des milliards de dollars parce qu’il n’est pas capable d’assumer sa souveraineté sur l’exploitation et la commercialisation de ses richesses. «Une gouvernance véritable ne peut se réaliser que dans un cadre où les autorités et le peuple exercent pleinement leur souveraineté, sans interférences extérieures», a souligné le Colonel Assimi Goïta le 5 septembre à Beijing.

Malheureusement, nous ne sommes pas encore à l’abri des caprices pernicieuses et humiliantes des Institutions financières de Bretton Woods et d’autres PTF. Et la solution n’est pas non plus cette liberté de choisir de nouveaux partenaires parce qu’aucun pays ou organisation ne nous tendra la main sans y trouver un intérêt. France, États-Unis, Allemagne, Suède, Danemark, Russie, Chine, Inde, Brésil, Turquie, Iran… Aucun de ces pays ne viendra à nous au mépris de ses intérêts… La seul différence est certainement la pragmatique non ingérence dans les affaires intérieures pour laquelle les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde Chine et Afrique du Sud) ont opté. Ils sont aussi moins regardant sur les conditionnalités comme le respect des droits humains qu’ils perçoivent autrement que les Occidentaux.

Seule une gouvernance vertueuse peut réellement nous permettre d’adosser notre souveraineté nationale à une solide assise économique et financière par une exploitation judicieuse de nos richesses. C’est la condition sine qua non pour faire comme le Bostwana de Quett Masire (Ketumile Joni Masire décédé le 22 juin 2017) qui a fermé la porte aux Institutions financières de Bretton Woods tout en réussissant à hisser le pays sur la rampe d’une dynamique émergence socio-économique.

Mais il ne faut pas non plus se voiler la face. Cela ne repose pas sur la seule volonté politique des décideurs, mais aussi sur la détermination de chaque Malienne et de chaque Malien à s’affranchir de l’asservissante aide extérieure. Que chacun de nous comprenne que la corruption, la délinquance financière… sont des facteurs qui feront que les PTF nous auront toujours à leur merci. En les bannissant de nos actes, chacun contribuera alors à ouvrir de nouvelles et heureuses perspectives pour le pays dans sa quête de souveraineté.

En définitive, la souveraineté n’est jamais définitivement ou totalement acquise… parce qu’il faut toujours se battre davantage pour la mériter et la conforter !

 

Moussa Bolly

Source: Le Matin

 

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