Jeudi dernier, les drapeaux malien et norvégien étaient hissés sur la plupart des édifices publics à Garalo, une commune rurale du cercle de Bougouni). La population était heureuse d’accueillir l’ambassadeur de la Norvège au Mali, Ole Andreas Lindeman, venu assister au lancement du processus de gestion durable de 2 massifs forestiers par les coopératives locales. Il s’agit des massifs forestiers du complexe de réserve de faune Bougouni-Yanfolila.
Au Mali, il a été constaté que le couvert végétal s’amenuise de façon drastique à cause d’une menace plurielle : coupe du bois, surpâturage, occupation illicite des domaines forestiers, persistance des feux de brousse… Selon les spécialistes, chaque année, 100.000 hectares de forêts disparaissent à cause de ces menaces.
Pays de fleuves, de lacs et de forêts comme le nôtre (Mali), la Norvège apporte son concours à notre pays dans la protection de ses ressources forestières. Concours qui se matérialise, entre autres, par le financement du projet Arbre comme support à l’économie locale (Arbre SEL). C’est le fruit d’un partenariat des communes rurales riveraines du complexe de réserves de faune de Bougouni-Yanfolila, du service des Eaux et Forêts, de l’ONG Mali-Folkecenter Nyètaa (MFC) et du secteur privé.
A la tête d’une délégation composée, entre autres, du président de l’ONG Mali-Folkcenter Nyètaa, Dr Ibrahim Togola et du sous-préfet de Garalo, Adama Traoré, l’ambassadeur Ole Andreas Lindeman a eu plusieurs rencontres d’échanges. D’abord avec les maires au siège de l’intercommunalité Bougouni-Sud.
Perdu dans un espace boisé auquel conduit une piste poudreuse, ce siège recevait à l’occasion un beau monde. A l’ombre d’un anacardier comme pour marquer l’importance de l’arbre, la rencontre s’est donc tenue. Et les échanges ont porté sur les difficultés environnementales, les efforts de l’Etat malien et ceux des partenaires comme Mali-Folkecenter Nyètaa. La commune, avec l’aide de l’Etat et des partenaires comme Mali-Folkecenter, dispose du levier principal pour faire face à la menace, explique le maire de la commune rurale de Garalo, Youssouf Kanté. Pour lequel la diversification des sources de revenus des populations est un moyen efficace de préservation des ressources forestières. Pour le représentant officiel de la Norvège au Mali, il était important de venir échanger avec les populations, les élus afin d’éclairer la lanterne de son gouvernement sur les difficultés environnementales au Mali. Pour lui aussi comme pour les élus et populations des 7 communes de Bougouni-Sud, la reconstruction et la préservation de l’écosystème sont indispensables à un avenir meilleur. La visite au centre des handicapés, d’une laiterie, d’une unité de production de beurre de karité, d’une unité de commercialisation de noix de cajou, tous appuyés par le projet Arbre Sel, a permis à l’ambassadeur d’apprécier les réalisations du projet. Si les témoignages de certaines personnes, comme le pasteur nomade Aldjouma, indiquent des actions salvatrices à l’initiative d’Arbre Sel d’autres, comme le maire de la commune de Yinidougou Mamadou T. Koné, choisissent la prudence face au danger qui guette les ressources forestières. Selon lui, ils font «le déboisement en général et la coupe du bois en particulier». L’occupation illicite des domaines forestiers «par des champs qui n’arrêtent pas de se déplacer a certes des conséquences dévastatrices sur nos forêts». «Il faut que les sensibilisations à ce niveau fassent de meilleur résultat», explique le maire de la commune de Yinindougou, Mamadou T. Koné.
La rencontre avec les chasseurs au Centre agricole de Garalo constitue certainement le suc de cette visite d’Ole Andreas Lindeman. Etape durant laquelle Mali-Folkcenter Nyètaa a remis un tracteur au village de Pagnala pour l’aménagement d’un massif forestier artificiel. Selon Abdallah Ag Idias Imick, représentant du ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, le programme Arbre Sel, d’un montant de 3 milliards de FCFA financé par l’ambassade du royaume de la Norvège au Mali, est en alignement avec la politique nationale sur le changement climatique et la politique forestière.
Ses actions ont permis, entre autres, la création d’espace de discussions et d’inclusion des différents acteurs dans la gestion des ressources naturelles autour des massifs forestiers.
Abdallah Ag Idias Imick a remercié l’ambassade de Norvège au Mali pour cet appui qui permet la mise en place des activités économiques dans la zone. Il s’agit de la valorisation du beurre de karité, de l’anacarde et de la production du miel amélioré. Selon lui, cette initiative a permis à la population de diversifier sa source de revenus en réduisant l’incidence anthropique dans la zone.
Khalifa DIAKITÉ
Source: Essor