Le chef de l’État continue de nous faire prendre les vessies pour des lanternes et de parler pour ne rien dire, sauf le respect dû à la fonction présidentielle. Son discours en réponse à celui des forces vives de la nation est une mauvaise farce une fois encore après le grand flop de son adresse sur l’État de la nation. On constate que le chef de l’État parle de dysfonctionnements structurels de l’État, de réforme intellectuelle pour assurer le développement du Mali, de compilation des droits sans concession etc. Et à la fin, il en appelle à la rigueur dans la gouvernance à la tête de l’État pour l’année 2018.
Le président de la république donne l’impression d’être un spectateur de ce qui se passe sous sa gouvernance sinon, il ne peut pas décemment parler de dysfonctionnements structurels de l’État comme s’il n’était pas lui-même le chef de l’administration placée sous son autorité en sa qualité de chef de gouvernement devant qui tous les ministres répondent de la bonne marche de l’État. Si donc il y a dysfonctionnements structurels il ne peut en rejeter la responsabilité sur personne d’autre que lui-même et non sur ceux qui ne sont pas impliqués dans la marche de l’État. Le temps d’une présentation des vœux, il a oublié que ça fait bientôt cinq ans qu’il préside aux destinées du Mali.
Dans son programme présidentiel d’urgence, il est question de former une administration de développement mais jusque-là on ne voit pas un début de réforme de cette administration sinon, la substitution des agences aux services et entreprises d’État par la nouvelle formule de gestion appelée gestion déléguée. Ces nouvelles formules sorties de l’imagination de son gouvernement introduisent au contraire de nouveaux éléments de désaccords porteurs de frustrations au lieu de paix sociale .Chacun a assisté à un changement radical au niveau du port sans débat national.
En effet, les nombreuses agences créées en remplacement des sociétés d’État ont-elles apporté plus d’efficacité et d’efficience dans les services de la république? Quels en sont les résultats à ce point? Ont-elles aidé à surmonter les dysfonctionnements structurels auxquels le chef de l’État fait allusion?
Le président de la république se félicite apparemment de la convergence des institutions sur le diagnostic et les solutions aux dysfonctionnements qu’il constate en spectateur, ce qui est en fait un commentaire sur son propre échec, sa propre incapacité à procéder à une bonne évaluation de l’impact de l’action de son gouvernement et de son programme d’urgence qui tarde à amorcer la résolution des problèmes du pays ne serait-ce que par les créations d’emplois dont on nous a promis 200.000, d’ici à la fin du mandat en 2018. Le chômage massif qui sévit sous le président IBK est un indicateur de l’inefficacité de son gouvernement depuis quatre ans qu’il est au pouvoir. Personne ne peut être fier de ce bilan négatif et en rejeter le tort sur des responsables en dehors de l’équipe gouvernementale.
Quand, par son action, le chef de l’État crée des insatisfactions et la grogne dans toutes les couches de la société, peut-il être surpris que les victimes réclament des droits que le chef de l’État nomme ici “une compilation de droits sans concessions”?
Quand il a fait casser des milliers de gens sous prétexte de libération de l’espace public, qu’il s’engage lui-même à régler les problèmes des personnels de la santé en grève et qu’il n’en fait rien au bout du moratoire arrêté de commun accord, diminue-t-il par là le nombre des griefs ou les exacerbe-t-il par son immobilisme? quand les grèves éclatent de partout ces temps-ci faute par le gouvernement de s’engager résolument dans le dialogue social pour la résolution des problèmes connus que le chef de l’État lui-même a appelés” des contraintes convenues et des charges partagées “ il en rejette la responsabilité sur qui en tant que chef de gouvernement?
Le chef de l’État n’avait pas besoin de dire des banalités du genre “convenir avec réalisme, courage et détermination que nul ne fournira les efforts à notre place”. Nous savons bien que personne ne viendra faire les efforts de développement à notre place.
Mais le chef de l’État veut-il vraiment les efforts de tous les maliens ? Quand on note chez-lui le harcèlement des opérateurs économiques et de tous ceux qu’il considère comme des opposants à son régime, que son gouvernement soumet à ces harcèlements et acharnements dont sont victimes Aliou Boubacar Diallo, PDG de Wassoul’or, dont on devine qu’il vise la ruine et l’assèchement financier.
Pour conclure, le président IBK n’a rien de substantiel à dire parce que la fonction présidentielle le dépasse, il n’en a aucun atout et ses discours sont vides de contenus. Sauf respect, le chef de l’État parle pour ne rien dire, sinon pour se gargariser de mots dont il ne mesure pas toujours lui-même l’impact. Ou alors pour prendre les maliens pour des crétins, le tristement célèbre désert de compétences qu’il nous croit toujours être.
Jean Pierre James
Le Nouveau Réveil