La première audience publique de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) s’est tenue hier dimanche au Centre international de conférence de Bamako. Elle a permis à treize victimes des différentes crises sécuritaires et politiques de notre pays de partager avec le public leurs calvaires de ces moments difficiles de l’histoire de notre pays.
Devant des centaines de personnes, treize victimes des crises politico-sécuritaires sélectionnées parmi les 15 500 victimes enregistrées, ont courageusement partagé leurs vécus pendant ces différents moments sombres de l’histoire de notre pays.
Pour cette première audience publique, elles étaient appelées à témoigner sur les atteintes au droit à la liberté à savoir : arrestations, détentions, enlèvement, séquestrations…
Leurs récits ont porté sur la crise sécuritaire de 2012 à nos jours, la révolte paysanne de Ouéléssebougou en 1968, la crise politique à Sakoïba… Toutes ces victimes, dont le dénominateur commun est l’atteinte à la liberté, ont partagé leur souffrance avec le public. Et en retour, elles veulent que leurs souffrances soient connues par l’opinion nationale et internationale, qu’elles soient aussi intégrées dans l’histoire de notre afin qu’elles puissent servir de leçons pour la génération future. “Ce que nous voulons, c’est l’établissement de la vérité, savoir ce qui s’est passé, comment et qui sont les responsables. Nous voulons aussi que les auteurs soit poursuivis, que l’Etat mette en place un mécanisme de réparation des vies brisées et que des dispositions soient prises pour que de telles violations de droit de l’Homme ne se répètent plus au Mali”, recommande le porte-parole des victimes.
Les atteintes au droit à la liberté dont les treize victimes témoignent ont été commises par des groupes armés, des FAMa et des pouvoirs politiques. Ces violations de droit à la liberté concernaient des cas d’enlèvements, des arrestations arbitraires, de séquestrations, et de détentions arbitraires. Durant ces privations à la liberté, à en croire aux victimes, elles ont subies des tortures physiques et mentales. Elles ont déplorées aussi leurs conditions carcérales. A travers leurs témoignages, les victimes ont fait savoir les angoisses qu’elles vivent quotidiennement à cause des exactions subies lors de la crise de 2012.
Face à la cruauté des faits, les auditeurs se sont fondus en larmes ainsi que plusieurs participants, émotion oblige. On pouvait entendre au fond de la salle des murmures: “On leur doit des excuses…”, “On doit vraiment faire quelque chose pour au moins la réparation des dommages que ces gens ont subi…”, etc.
Les victimes, malgré les exactions subies, ont appelé les Maliens au pardon, à la paix, à la réconciliation et au vivre-ensemble. “A cause de la crise, le Mali n’est plus un pays en voie de développement, mais un pays en disparition. Il est temps qu’on se pardonne, qu’on se donne la main pour surmonter cette phase difficile de l’histoire de notre pays”, recommande une victime.
A cette première audience publique, en plus du ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, et les six commissaires de la CVJR, le représentant spéciale du chef de l’Etat au centre, des cadres des partis politiques et des partenaires du Mali ont pris part.
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