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Premier production de coton en Afrique en 2022: Le Mali dégringole et se place 3ème après le Bénin et le Burkina Faso

Le ministre Modibo Keïta rattrapé par le temps !Le Mali n’est plus le premier pays africain producteur de coton, et cela à cause des choix inopérants de certains responsables, dont le ministre du Développement, Modibo Kéita. Aucune sanction n’est pour le moment tombée, voilà les autorités prévoient de porter la production de coton graine à 780 000 tonnes au cours de la prochaine campagne de 2023/2024 pour que notre pays puisse retrouver sa place de premier producteur africain devant le Bénin.

L’annonce intervient quelques jours après la 15ème réunion du bilan annuel du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA), qui s’est tenue, du 12 au 14 avril dernier à Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire.Le Bénin arrive en effet sur la première marche du podium avec une récolte de 587 656 tonnes de coton graines au terme de la campagne 2022/2023. Suivi par le Burkina Faso qui se positionne à la deuxième place avec 411 969 tonnes. Et le Mali qui arrive en 3è position avec un bilan de 390 000 tonnes. Le comble, c’est que les responsables en charge de ce secteur, au lieu d’être sanctionnés et de faire leur mea-culpa, trouvent des arguments bidon pour se défendre ! En effet, selon la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT), cette dégringolade du Mali, premier producteur africain de coton il y a un an, avec un record de production de 777 000 tonnes, est attribuable à deux (02) principaux facteurs:En premier lieu, les attaques de jassides (insectes parasites du coton qui provoquent un jaunissement des feuilles) qui ont ravagé les champs dans les principaux pays producteurs de la zone CFA en dehors du Bénin et du Cameroun. À cela s’ajouterait l’embargo de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui a considérablement limité l’accès des producteurs aux intrants agricoles importés qui sont restés pour la plupart bloqués dans les ports d’Abidjan et de Dakar dont dépend le Mali. «Notre ambition pour la campagne cotonnière de 2023/2024 se fonde sur des dispositions prises conjointement avec l’exécutif pour assurer un approvisionnement correct des producteurs en engrais ainsi qu’en produits anti-jassides…», semble-t-on exulter à la CMDT.Aucun regret donc, après qu’on a amené le Président de la Transition a célébré la fête du coton, il juste un an à Koutiala. «Le Mali retrouve sa place de leader sur le continent à travers une production record de plus de 760 000 tonnes au titre de la campagne 2021-2022», avait indiqué le Colonel Assimi Goïta, attribuant cette prouesse au maintien de la subvention des intrants agricoles, à l’augmentation du prix du coton-graine qui est passé de 250 à 280 francs CFA (0,42 dollar- 0,47 dollar), entre autres.Le Président Goïta saluait alors les cotonculteurs pour avoir donné l’exemple à tout le Mali, malgré des difficultés : mauvais prix du kilogramme de coton et la cherté des intrants. Des problèmes qui ont pu être résolus, selon lui, grâce au gouvernement et aux opérateurs économiques.Au Président Assimi donne un sens et un contenu à sa conviction selon laquelle «le Mali kura devra signifier réaliser des grandes choses pour le bonheur des Maliens» en sanctionnant les responsables à la base de la dégringolade du Mali en seulement un an, car tous les arguments développés aujourd’hui pour justifier l’injustifiable avaient été balayés de revers de main par le ministre du Développement Rural, Modibo Keïta et le Président Directeur Général (PDG) de la Compagnie Malienne pour la Développement des Textiles (CMDT), Dr Nago Dembélé. On se souvient en effet de l’affaire de la rupture de l’approvisionnement d’engrais subventionnés, suite à laquelle les paysans et les fournisseurs tenaient le ministre du Développement Rural responsable de cette situation.Pour rappel, en 2022, le gouvernement du Mali a subventionné les intrants agricoles. Pour cela, un budget de 17 milliards de Francs CFA avait été alloué au Ministère du Développement rural pour l’achat des engrais et une partie pour l’achat de semences de maïs hybride. Mais malgré cette volonté des plus hautes autorités, les engrais ont mis du temps à être mis en place, et les prix pour le plus souvent hors de portée des paysans. Les paysans dans beaucoup de localités du pays ont en effet été en manque d’engrais. Pour cela, le ministre Keïta avait voulu noyer le poisson dans l’eau, arguant que le choix des fournisseurs avait été fait dans les normes, mais les prix fixés par le gouvernement n’ont pas été du goût des fournisseurs traditionnels.Ceux-ci ayant, selon lui, posé des exigences comme l’apurement des arriérés de subvention au titre des campagnes agricoles de 2019, 2020 et 2021; le payement au comptant de la subvention 2022 sans cautions techniques; la cession du sac de 50kg fixé à au moins 55 000 FCFA. Le ministre avait ajouté que face à ces exigences, son département avait été contraint de collaborer avec les acteurs qui ont manifesté un intérêt à accompagner l’État malgré les contraintes du pays. Mais que ces derniers ont été confrontés à un problème d’accompagnement au niveau des banques, les empêchant ainsi de pouvoir honorer intégralement leur engagement.Faux, avait répliqué le Président du Collectif des fournisseurs d’intrants agricoles du Mali (CFIAM), Youssouf Coulibaly. «Nous avons suivi avec un grand étonnement, l’intervention du ministre lors du journal télévisé. Le ministre a fait quatre (04) affirmations justifiant le disfonctionnement connu dans l’approvisionnement en engrais cette année. Il a affirmé que les fournisseurs ont exigé un prix de vente de 55 000 FCFA par sac d’engrais. Il a affirmé que les fournisseurs ont manifesté un désintérêt sur la quantité subventionnée. Il a également affirmé que les fournisseurs ont exigé la régularisation des arriérés de paiement.Il a aussi affirmé que les fournisseurs ont exigé d’être payés en cash pour les approvisionnements de la nouvelle campagne. Je voudrais rétablir les faits. Ce que le ministre a affirmé ne correspond pas à ce que nous avons vécu sur le terrain dans le cadre des approvisionnements de cette année», avait indiqué Youssouf Coulibaly.Pour lui, les fournisseurs n’avaient manifesté aucun désintérêt. «Habituellement, en termes de volume, la quantité subventionnée en engrais minéraux porte sur environs 90% des volumes d’intrants distribués aux producteurs. Cette année (Ndlr: 2022), le ministre a converti les engrais minéraux en engrais organiques, soit 91% dédiés à la fertilisation organique, et seulement 9% aux engrais minéraux.Comment s’étonner que les fournisseurs, habituellement travaillant sur les engrais minéraux constituent des stocks importants d’engrais alors qu’en face, il n’y a que 9% de volumes exprimés contrairement aux autres années. S’il y a désintérêt, je peux affirmer que ce désintérêt est venu plutôt dans un premier temps du Ministère.Mieux encore, l’homme avait tenu à préciser: «L’approvisionnement de la filière coton étant le seul marché structuré adossé à des contrats, donc, ceux qui sont adjudicateurs au niveau de la filière coton, en passant commandes, commandent le volume adjugé dans le cadre de ce marché, mais aussi avec un surplus pour approvisionner les autres marchés. Si les fournisseurs historiques sont mal servis à ce niveau, ça impacte logiquement sur les autres approvisionnements…». Voilà en réalité ce qui s’est passé et comment le Mali a perdu sa première place. Les responsables de ce fiasco sont là, et ils ne sont aucunement pas inquiétés !Aujourd’hui, il urge d’instaurer un régime de sanction au sein du Gouvernement contre ces ministres qui se sont montrés inefficaces dans la gestion des missions à eux confiées. Et Dieu seul sait combien ils sont nombreux dans le Gouvernement Choguel Kokalla Maïga !

Par Moussa DIARRA

L’express de Bamako

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