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Pr. Younouss Hamèye Dicko, président du RDS « les populations du Nord dans leur grande majorité, ne savent même pas ce que signifie AZAWAD et d’où ça sort »

Les débats sur l’Azawad continuent de défrayer la chronique. C’est à ce titre que nous avons tendu notre micro à deux anciens ministres et éminentes personnalités politiques, le Pr. Younouss Hamèye Dicko, porte parole de la Mouvance présidentielle et Mme Sy Kadiatou Sow, pour recueillir leurs points de vue sur la question.

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Que pensez-vous du fait qu’il y ait plusieurs définitions de l’Azawad?

Pr. Younouss Hamèye Dicko : Il n’y a même pas de définition. Pour qu’il y ait plusieurs définitions, il faut qu’il y ait une raison de définir. L’AZAWAD, c’est un coin qui existe dans la République du Mali, qui peut fournir des pâturages, ça peut plaire à tout le monde. Nous ne connaissons pas un AZAWAD qui a une signification politique, qui a eu un passé politique, un passé militaire, un passé administratif. Nous ne connaissons pas cet AZAWAD là.

Nous connaissons l’AZAWAD comme un endroit physique, géographique ou de transhumance sur des terres, les années où il y a de l’herbe, ou c’est la sécheresse, quand il n’y a pas d’herbe. Sous cette forme, on le connait. Mais un AZAWAD imaginé, forgé, pas même par des Maliens authentiques qui ont séjourné dans le pays, mais des gens qui sont partis à l’étranger et qui sont revenus avec des armes et des idées.

Donc, ne trouvant aucun nom significatif à leur ambition, ils lui ont collé AZAWAD de façon autoritaire. En tout cas, les populations du Nord dans leur grande majorité, ne savent même pas ce que signifie AZAWAD et d’où ça sort. Ces populations là, qu’elles soient songhoi, peules, touarègues ou arabes, leur écrasante majorité n’accepte pas qu’on leur colle le mot AZAWAD et surtout qu’on tente de le détacher de leur pays qui est le Mali. Le Mali là, tel qu’il est, ce n’est même pas le Mali des Mandingues. C’est simplement un nom historique, célèbre, qu’on s’est donné.

Sinon, le Mali tel qu’il est là, la plus grande partie du Mali d’aujourd’hui, c’est l’empire songhoi, elle appartenait à l’empire songhoi, puis, à l’empire peul du Macina. Donc, voilà les entités qui ont régné sur cette zone. Le Mali, le Songhoi, l’empire peul du Macina, etc. Il y a eu des royaumes. Donc, nous pensons que l’AZAWAD ne devait pas empoisonner la vie des Maliens, mais l’écrasante majorité des Maliens a rejeté jusqu’au nom de l’AZAWAD et ça, ce n’est pas seulement les Songhois et les Peuls du Nord, les Touarègues, eux-mêmes, leur écrasante majorité, refusent l’Azawad et de se faire appartenir à l’AZAWAD par la force. Les Arabes, dans leur écrasante majorité n’ont rien à faire avec l’AZAWAD.

Maintenant, pour pouvoir vivre, il faut y inclure le fleuve Niger et le Gourma. Donc, les débats ont eu lieu, parce que c’est la démocratie. Mais après, c’est la même voix qui parle de l’AZAWAD, ce n’est pas deux. Ce sont les gens de la CMA qui crient à l’AZAWAD. Ça, c’est une seule voix, ils n’en ont pas conscience. Ils sont revenus mille à parler comme ça, mais ce n’est qu’une voix parmi toutes les autres. Donc, nous, on pense que les débats étaient très démocratiques. Je félicite personnellement les jeunes de l’AZAWAD, qui ont eu le courage d’exprimer leur idée. Personne ne s’y est opposé, mais les autres aussi, sont venus exprimer leurs idées, ce qu’ils pensent de l’AZAWAD. Je pense que la démocratie l’a emporté, le peuple l’a emporté, la nation malienne l’a emporté et le Mali, tout court, dans son périmètre dessiné sur la carte l’a emporté.

Mme Sy Kadiatou Sow, Adema-Association

Les gens disent que, s’il s’agit, juste, pour les uns, de reconnaitre une réalité considérée comme historique, culturelle, etc. ils sont dans une zone, ils appellent ça AZAWAD. Si tous les Maliens acceptent qu’on fasse référence, au Bélédougou, au Wassoulou, au Djitoumou, etc. en ce moment là, il n’y a pas de problème. On n’acceptera pas qu’on mette en avant un territoire donné, surtout que la limitation géographique de ce territoire, pose problème. Le professeur Ali Nouhoum Diallo venait de dire, que, si ça se limitait à ce que ça représente géographiquement et c’est une réalité historique et géographique qui est là, oui ! Mais vouloir étendre l’AZAWAD à l’AZAWAK, ou à l’Adrar, ou à d’autres localités du Mali, qui ne sont pas historiquement de l’AZAWAD, on peut dire qu’on n’est pas d’accord avec ça.

Il ne faut pas mettre en avant ce concept de l’AZAWAD, pour pouvoir avoir une autonomie, une indépendance et considérer qu’eux, ils peuvent avoir leur autonomie et les autres régions du Mali vont continuer à vivre sous un régime différent de leur régime, à eux, parce que c’est ça le problème, le système de gouvernance qu’ils veulent, pour leur localité, ceux qui réclament l’AZAWAD, en réalité, c’est ça. Avoir une gestion autonome de leur région. Dans ce cas là, réfléchissons pour voir si on est en état de rendre autonome toutes les régions. On sera dans quel système ?

Est-ce un système fédéral, confédéral, c’est un débat qu’il va falloir faire, mais il ne faut pas particulariser aucune région. Soit, on est dans un Etat unitaire, laïc, démocratique, soit, on va vers une autre formule. Pour le moment, tant qu’on reste dans ça, Il n’est pas question de faire de l’AZAWAD, une région qui a une forme de gestion différente des autres régions du Mali.

Propos recueillis
par Baba Dembélé

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