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Pourparlers intermaliens à Alger : LA DELEGATION GOUVERNEMENTALE EXPOSE SES RESERVES ET EXPLICITE SES CONTRE-PROPOSITIONS

La méthode adoptée par la médiation consiste à rencontrer les différentes parties séparément avant de les réunir autour d’une table

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Pour la première journée des négociations, la médiation internationale conduite par la diplomatie algérienne a choisi de rencontrer les parties une à une. La confrontation directe suivra ensuite pour permettre à la médiation d’effectuer une synthèse et trouver les justes équilibres.
Hier, la délégation gouvernementale conduite par le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, et son homologue de la Réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed, a été reçue par les médiateurs à huis clos. Le gouvernement a présenté son mémorandum, un document épais de plusieurs dizaines de pages qui répertorie point par point les dispositions du projet de pré-accord qui ne rencontrent pas son assentiment. Le document fait aussi des propositions de solutions. Des arguments juridiques – souvent puisés dans notre loi fondamentale – sous-tendent chaque point de réserve.
Le ministre Zahabi Ould Sidi Mohamed a indiqué après la rencontre que les arguments mis en avant sont d’une pertinence implacable. La qualité du document présenté est incontestable, juge-t-il avant de certifier que la médiation en était convaincue. Les points d’achoppement sont de plusieurs ordres. Juste deux exemples. Le premier porte sur la décentralisation du recrutement dans la Fonction publique territoriale qui accorde 50% des effectifs aux ressortissants des régions du Nord. Le mémorandum relève que cette mesure est contraire au principe de l’égal accès des citoyens à la fonction publique. De plus, la sous-administration à laquelle les régions du Nord sont confrontées depuis l’accession de notre pays à l’indépendance est liée moins à l’insuffisance des effectifs de fonctionnaires qu’aux conditions générales de travail qui sont, en réalité, peu attrayantes mêmes pour les ressortissants du Septentrion.
Quelle est donc la solution ? Le gouvernement suggère l’institution d’une prime de zone incitative pour l’ensemble des fonctionnaires et agents et des collectivités déployés dans ces régions. Deuxième exemple : l’amélioration de la représentation des populations du Nord à l’Assemblée nationale. En gros, le projet de pré-accord propose que le ratio député/habitants par circonscription qui est actuellement de 1/60.000 habitants soit ramené à 1/30.000 pour les régions du Nord. Cette mesure pose des difficultés techniques majeures. D’abord, il jure avec le principe d’égalité consacré par notre Constitution et le souci de renforcement de l’unité nationale, conteste le mémorandum. Sans oublier qu’elle est source de tensions dans le pays. Le gouvernement propose à ce sujet une réorganisation administrative du territoire avec la création de nouvelles circonscriptions.

NECESSAIRES COMPROMIS. Ces deux exemples confirment donc la qualité de la réaction de l’équipe gouvernementale. Et prouve à suffisance qu’elle est suffisamment outillée pour défendre les intérêts de la nation face aux velléités de natures diverses.
Le ministre de la Réconciliation nationale s’est félicité du fait que les négociations ont repris « sans aucun préalable » et que toutes les parties sont d’accord pour signer un accord de paix. La délégation gouvernementale est forte, a-t-il assuré, d’un mandat de décision. Après la restitution des rounds précédents et les directives du chef de l’Etat, tous les ingrédients sont là, constate le ministre Zahabi en estimant que « les compromis » sont nécessaires pour arriver à une entente définitive. « Toutes les remarques des forces vives de la nation ont été incorporées dans le document présenté à la médiation », assure Zahabi Ould Sidi Mohamed.
Le ministre de la Réconciliation nationale précise que la délégation reste intraitable sur tous les aspects du pré-accord qui sont de nature à insinuer une division du pays ou un sentiment d’inégalité des citoyens. « Ce sont des questions qui méritent une compréhension de la part de la médiation », juge-t-il mettant en garde contre « un accord tronqué, à la va-vite». Heureusement, poursuit Zahabi Ould Sidi Mohamed, la médiation était « satisfaite » de la réponse du gouvernement présentée « sans passion et conformément à notre constitution ». Il précise, par ailleurs, que « les compromis sont inévitables » au cours d’une négociation. Mais jamais de « compromissions ».
Quid de la justice après tant de crimes commis ? Sur la question, Zahabi Ould Sidi Mohamed précise que le document soumis à leur appréciation, ne parle pas d’impunité. « Toutes les parties sont unanimes qu’il faut la justice pour la réconciliation », ajoute le négociateur qui estime que les droits de l’homme ne peuvent être occultés dans les négociations.

Envoyé spécial
A. M. CISSE

source : L Essor

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