Dans son rapport 2017 sur le développement, la Banque mondiale plaide pour une révision radicale de la manière dont les pays en développement et les organisations internationales de développement envisagent la gouvernance, une réforme jugée indispensable pour résoudre les défis de la sécurité, de la croissance et de l’équité.
Le Rapport sur le développement dans le monde, édition 2017 intitulé «la gouvernance et la loi » s’intéresse aux enjeux de la répartition inégale du pouvoir dans une société donnée et à ses effets néfastes sur l’efficacité des politiques. Pour ce rapport de la Banque mondiale, les asymétries de pouvoir peuvent, entre autres, expliquer l’échec fréquent de la lutte contre la corruption malgré la mise en place de lois et d’organismes dédiés exemplaires.
Lorsque les politiques et les moyens techniques mis en œuvre échouent à produire les résultats souhaités, la faute en est généralement attribuée aux institutions, note le rapport. Le document souligne cependant que les pays et les bailleurs de fonds doivent avoir une vision plus large de l’amélioration de la gouvernance pour garantir le succès des politiques.
«Alors que la demande de services efficaces, d’infrastructures de qualité et d’institutions équitables ne cesse de croître, et que les gouvernements ne disposent que de ressources limitées, celles-ci doivent être utilisées d’une manière aussi rationnelle et transparente que possible, souligne dans le document M. Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale.
Cela implique de tirer parti de l’expertise du secteur privé, de travailler étroitement avec la société civile et d’intensifier les efforts de lutte contre la corruption. Car, sans une meilleure gouvernance, il serait difficile de parvenir à réaliser les objectifs consistant à mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée.
Le rapport identifie trois ingrédients au cœur de l’efficacité des politiques. Il s’agit de l’engagement, la coordination et la coopération. Pour que ces trois fonctions produisent les résultats escomptés, les institutions doivent renforcer l’engagement vis-à-vis de la poursuite des politiques, même lorsque les circonstances évoluent.
Il appartient aussi aux autorités d’améliorer la coordination afin de faire évoluer les attentes des acteurs et susciter des actions souhaitables sur le plan social.
Enfin, les autorités doivent encourager la coopération à travers des politiques efficaces aidant à la promouvoir tout en limitant les comportements opportunistes, comme l’évasion fiscale, souvent par le biais de mécanismes crédibles de récompense ou de sanction.
En outre, selon le rapport, une répartition inégale du pouvoir peut conduire à l’exclusion de groupes ou d’individus, qui seront privés des avantages et des gains de l’engagement politique. Or, un changement véritable est possible, grâce à l’engagement et l’interaction des citoyens, à travers des coalitions visant à modifier les incitations des décideurs, des élites, les décideurs acceptant de restreindre leur propre pouvoir ; et de la communauté internationale, qui peut peser de manière indirecte sur le pouvoir relatif des réformateurs nationaux.
Sur la base de recherches et de consultations approfondies menées depuis deux ans dans de nombreux pays, le rapport propose des principes pour orienter la réforme et faire évoluer les dynamiques de la gouvernance au service d’un développement équitable.
Enfin, le rapport fait valoir que de bonnes politiques sont souvent difficiles à mettre en place et à appliquer parce que certains groupes sociaux tirant avantage du statu quo sont assez puissants pour s’opposer aux réformes nécessaires pour rompre l’équilibre politique.
Dieudonné Tembely
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