Soucieuse du retour rapide du climat de paix d’antan et du vivre ensemble entre les Communautés Dogons et Peulhs dans la Région de Mopti, l’Association pour le Développement du Cercle de Bandiagara (ADB) joue sa partition.
A travers une soirée culturelle que l’Association a organisé, le week-end dernier, à la Maison des Jeunes de Bamako pour magnifier toutes les cultures du Cercle dont l’accent a été mis sur celles des communautés Dogon et Peulh aujourd’hui en conflit intercommunautaire.
Il est 20 heures, ce samedi 20 avril 2019, dans les enceintes de la Maison des jeunes de Bamako. Là, la commission spécialisée accueille les premiers arrivants pour célébrer le Pays Dogon, à travers le Cercle de Bandiagara. Abritant des soirées culturelles pour certains, des rencontres personnelles pour d’autres, la Maison des jeunes a toujours eu son petit monde grouillant. Le petit commerce y est installé de jour comme de nuit et les visiteurs se bousculent au portillon. A notre arrivée sur les lieux pour participer à la soirée culturelle organisée par l’association du cercle de Bandiagara, des hôtesses nous ont accueilli et nous ont facilité l’installation. Des clichés des photographes, mêlés à des salutations amicales, animaient la cour plongée dans une ambiance chaleureuse. Déjà, la marraine, Mme Dramé Lala Diallo est installée. Elle est arrivée, accompagnée d’une forte délégation, composée de ses parents Peulhs et leurs griots. Des artistes locaux Dogons sont sur la scène, des chansons et des pas de danse attiraient l’attention en attendant l’arrivée complète des invités. Des jeunes, hommes et femmes et personnes âgées arrivent en grand nombre pour ne pas se faire raconter l’évènement. Il faut noter que la soirée a réussi son pari visant à célébrer toutes les ethnies du Cercle reparties sur 21 communes rurales. Il s’agissait, à travers cette soirée, de trouver les voies et moyens pour recoudre le tissu social impacté par les conflits interethniques et consolider l’héritage de vivre ensemble entre toutes les communautés du Cercle.
Minutieusement préparée par les membres de l’association, la soirée a enregistré la participation des hautes personnalitéscomme l’Honorable Ag Assaleh ; le Président de la jeunesse Ginna Dogon, Dramane Yalcouyé ; le Président de la jeunesse Tabital Pulaaku, Amadou Dicko ; des Représentants des associations des communautés Bozo, des Forgerons, d’IRE Ganda, de Forum du Mandé, de Bellah, etc.
Ainsi, pour agrémenter la soirée, il y a eu une série de prestations artistiques et culturelles offertes par la Communauté Peulhs, la troupe folklorique KOROBA avec Amadou Tapily, Moussa Guiré et Harouna Kassogué.
Dogons et Peulhs sont complémentaires
Dans son discours, le Président de la jeunesse ADB, Seydou Bocar Yalcouyé, a regretté le conflit entre Dogons et Peulhs qui ont toujours vécu ensemble. «Dogons et Peulhs sont complémentaires ; car, en chaque Dogon, il y a un Peulh et vice-versa », reconnait-il, avant d’inviter à la mise en place des mécanismes traditionnels de règlement de conflits. Pour la sortie de cette crise dans le Centre, on passe par la dissolution de toutes les milices dans la Région, le renforcement des FAMA et l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités des différents massacres.
« Non au conflit. Il n’y a pas de conflit entre Dogons et Peulhs, nous voulons un combat pour la paix et le vivre ensemble », renchérit un autre intervenant.
Revenant d’une mission à Mopti dans le cadre de la paix, le parrain de l’ADB, Amadou Kassambara, se dit content et les messages sur la paix, la cohésion sociale et l’entente, véhiculés habituellement ont été entendus. «Il y aura la paix dans sous peu de temps dans la Région de Mopti », a-t-il rassuré tout en affirmant que telle est la promesse tenue par un Ministre avec qui il était en mission dans la Région.
Pour la marraine, Mme Dramé Lala Diallo, il n’y a pas de conflit entre Dogons et Peulhs, mais il y a des ennemis qui les opposent. « Les Dogons parlent la langue peulh parce qu’ils aiment les peulhs. Pardonnons-nous. Si nous nous réunissons pour en parler, ce conflit va finir », estime-t-elle.
De son côté, l’Honorable Ag Assaleh soulignera que la présente soirée est d’une importance capitale pour rapprocher les deux communautés. Il a même proposé la création d’une Association Peulh et Dogon ajoutant qu’ « Il y a un effritement de notre société. Pas possible qu’on s’entretue ; car, si on s’entretue notre pays va disparaitre».
En somme, créée par le Récépissé n°0413/MAT-DNAT du 22 mai 1990, l’Association pour le Développement du Cercle de Bandiagara regroupe des personnes physiques et/ou morales désireuses de contribuer au développement intégral des 21 Communes rurales du cercle. L’association a son siège à Bamako,au quartier de Medina-Coura, en Commune II.
Ousmane MORBA
Source: L’Observatoire