Invitée de la dernière émission hebdomadaire ‘’Action Gouvernementale’’ diffusée, tous les dimanches, sur la télévision nationale, la ministre de la Fonction Publique n’a pas convaincu. C’est un euphémisme. Car, après le passage de la ministre, un constat général se dégage: Diarra Racky Talla s’est mélangé les pinceaux. Seule. Pis, on est même tenté de dire qu’elle divaguait, vu la gravité de certains de ses propos.
L’administration publique malienne est malade, même Saint Jude, reconnu par l’Eglise comme ‘’le défenseur des causes perdues’’ ne trouverait à en redire. Minés pas des maux qui ont pour nom entre autres : la corruption, la gabegie, la lourdeur, l’absentéisme, le favoritisme, le népotisme…. Pour s’en souvenir, l’affaire dite de la suspension du droit de vote de notre pays à l’ONU trotte encore dans la tête des Maliens. Mais pour la ministre du Travail, de la Fonction Publique et de la Reforme de l’Etat, Chargée des Relations avec les institutions, il existe zéro corruption dans le service public. C’est à croire qu’il existe au Mali différentes dimensions du service public. Celle des usagers et celle des autorités.
Qu’à cela ne tienne, interrogée sur l’inadéquation entre le nombre de demandeurs d’emplois et le nombre d’emplois à pourvoir, notre ministre du Travail affirme: « la fonction publique n’est pas pourvoyeuse d’emplois ». Avant d’ajouter, pour se convaincre, sans doute : «Ce n’est pas son rôle. Elle ne recrute que les agents dont elle a besoin pour son fonctionnement». Troublé par ces explications, le Canard se procure un dictionnaire, histoire de voir si le mot ‘’pourvoyeur’’ n’avait pas un sens figuré. Après un coup d’œil rapide dans Le Larousse nous trouvons le mot (pourvoyeur/ pourvoyeuse : qui fournit quelque chose). Pas de sens figuré. De quoi parle la ministre de la Fonction Publique alors, quand on sait qu’en France dont nous copions le modèle administratif, on affirme que « la fonction publique reste la principale pourvoyeuse d’emplois avec plus de 4 millions d’agents». Autrement, aucune entreprise ne recrute pour le plaisir de recruter.
Mais là où nous sommes restés perplexes, sans doute pas autant que nos deux confrères de l’ORTM, c’est lorsque la ministre du Travail et de la Fonction Publique assimile les lettrés du N’ko à des analphabètes. En effet, interrogée sur les efforts qui sont en train d’être faits par l’Etat pour corriger la lourdeur administrative et les tracasseries dont sont victimes les usagers, Diarra Racky Talla affirme qu’il existe, désormais, un site web pour expliquer les démarches administratives.
Ce qui est normal. Mais quand le journaliste lui fait remarquer que la plupart de nos populations, analphabètes ne sauront que faire de ce site.
La ministre de la Fonction Publique indique que le site est en cours de traduction dans les langues nationales. Intrigué, le journaliste relance sa question craignant de ne pas être compris. Peine perdue, Diarra Racky Talla accrochée à son stylo tel un marabout à son chapelet récidive.
Au terme de l’interview la ministre du Travail, de la Fonction Publique et de la Reforme de l’Etat, Chargée des Relations avec les institutions n’a pas convaincu. Ils sont nombreux, ces Maliens qui se posent la question: « Mais, diantre comment a-t-elle pu devenir ministre ? ».
Mamadou TOGOLA
Source: Le Canard Déchainé