Je n’aime pas parler de Poulo parce que c’est une affaire de famille et, évoquer le sujet, sous cet angle, au Mali d’aujourd’hui, vous rend vulnérable, affaiblit ou renforce. Mais je tiens à féliciter un homme humble mais dont le charisme et la grande personnalité suscitent crainte et jalousie chez ses détracteurs. Mais, le destin de cet homme, ce n’est pas la politique qui l’a écrit. C’est Dieu et le travail. Il a compris et cru, comme tout chef d’entreprise, que pour réussir dans la vie, il faut prendre des risques et c’est ce qu’il fit.
D’abord, jeune Professeur diplômé de l’ENSUP (Histoire-Géo, 1997), il décida de quitter le lycée Fily Dabo Sissoko et Bamako pour celui de Sikasso, Didier de Monclos. Au même moment, des gens mouraient pour rester à Bamako. Ensuite, après quelques années de service, en tant que prof, agent de l’Etat malien, en service dans le plus gros/grand lycée du Mali, il décide d’en démissionner pour un saut vers l’inconnue : le Lycée Privé Amion Guindo de Sikasso est né. L’on est en 2001.
Etablissement éponyme du paternel, originaire de Bamba (Koro) et très connu dans tout le Pays dogon, le lycée Amion Guindo s’impose comme le plus important établissement privé d’enseignement secondaire qui reçoit les élèves de l’Etat malien…mais pas que… En effet, il fait dans la charité et récupère les déscolarisés précoces et non orientés voire ceux qui n’ont aucun espoir de voir le bout du tunnel par l’école.
Beaucoup sur ce réseau pourront en témoigner
Il sera tout naturellement récompensé par les Sikassois pour sa générosité : Président du Stade Malien de Sikasso et surtout par deux fois, député de la circonscription (Indépendant lors des partielles de 2006 puis sous les couleurs du RPM qu’il avait rejoint après son élection. Il quittera ce parti en 2007 pour lancer sa propre formation, la CODEM).
En 2011, 9 partis politiques sous l’appellation générique d’une coalition appelée Partis unis pour la République (PUR) le préfèrent à un certain…Moussa Mara et Me Mamadou Lamine Gakou pour les représenter à la présidentielle avortée de 2012. Il me confiait à l’époque, à l’Hippodrome (il n’avait jamais cherché à construire sa vie à Bamako, il logeait encore chez son grand-frère Adama Amion Guindo, oui…malgré ses deux mandats et ses deux écoles privées, l’autre étant un établissement technique professionnel)…alors que les grands partis comme le PDES et le RPM le démarchaient pour une alliance préélectorale en vue de la présidentielle, qu’il n’accepterait pas de faire l’erreur de s’allier ou de fusionner avec les partis dits grands qui finiront par vous diviser et vous isoler. Je lui demande alors : “pourquoi ne te présentes-tu pas à Bandiagara puisqu’à Sikasso, c’est compliqué depuis la nomination de David Sagara comme ministre délégué par ATT ?” Il me répond : “Amadou, tu sais que si je me présentais à Bandiagara, je gagnerais haut la main et ce, même contre un candidat comme ATT (alors président du Mali), qui vient aussi de Bandiagara ? Mais je préfère laisser la chance aux autres membres du Bureau, qui sont là-bas, de se faire élire. Je dois beaucoup à Sikasso et même si c’est dur, je prendrai le risque de m’y représenter s’il le faudrait”, m’a-t-il juré. Ce qu’il fera en 2013, mais l’aventure s’arrêtera là.
À Bandiagara pendant ce temps, le candidat de son parti, Bocari dit Mobo Sagara (colistier de celui du RPM, Yalèma Tembély) l’emporte très facilement dès le premier tour. Est-il besoin de rappeler qu’à la présidentielle de 2013, il avait terminé 4è alors qu’on ne donnait pas cher de sa peau ? Il a été le vrai faiseur de rois en choisissant le candidat du RPM au second tour. Ce qui explique sa constante présence dans le gouvernement depuis son arrivée !
Aux communales de 2016, son parti gagne la majorité des sièges dans les trois grands cercles du Pays dogon dont les mairies de Bankass (Moulaye Guindo, réélu) et de Bandiagara (Housseyni Saye, réelu). La liste CODEM de Koro avait été disqualifiée. Mais le parti est la première force du groupe parlementaire APM à Bagadadji.
Ministre des Sports, ses décisions sont contestées par les partisans de l’équipe dirigeante de la Femafoot et par certains pour les raisons qui leur sont propres, mais le temps lui a donné raison : chassez le CONOR, il revient au galop…Il savait, en tant qu’ancien membre de la Femafoot, que pour gérer le sport malien, le foot en particulier, il fallait une thérapie de choc. Il a réussi le même exploit à la fédération malienne des sports équestres.
Et maintenant, à l’Education ?
C’est un département à problèmes et moi-même, enseignant de formation/en formation et en activité, je ne lui ferai nullement cadeau. Notre condition d’enseignant du fondamental et du secondaire est des plus précaires et misérables qui soit dans l’espace UEMOA (je vais préciser, proportionnellement à l’économie du Mali et celle des voisins). Il faut qu’on nous respecte et, on a besoin de lui, administrateur scolaire, chef d’entreprise, gestionnaire et pédagogue. On sait qu’il ne rentrera pas dans les classes pour dispenser des cours, mais son leadership va pouvoir faire fléchir les positions à la table des négociations où les patrons sont les Collectivités (heureusement gérées par Ag Erlaf himself, enseignant de formation et prédécesseur de Poulo au poste et qui connaît les dossiers brûlants du département : statut du personnel enseignant et dossier des subventions des établissements du privé (AEPAM) et la fonction publique de Tanty Chocoby, Raky Talla (ancienne chargée de mission à l’éducation sous Bocar Moussa Diarra).
Ce qui me plaît dans la nomination de Poulo, c’est qu’il est un pur produit de l’école malienne. Il n’est pas complexé par les gros diplômes et les gros diplômés de l’extérieur ou de l’intérieur, imbus de leur personnalité, nuls dans la motivation des ressources humaines et incapables de proposer du concret (je sais que je rentre déjà dans cette catégorie, mais quand on veut dire la vérité, il ne faut pas s’épargner non plus. Un Docteur, un ingénieur, un titulaire de DEA, un Professeur (titre), ça a peur de prendre des risques, ça réfléchit trop et la gestion n’en a cure). Donc, Poulo, On t’attend à la tâche !
Par ALY Enéba Guindo
Le Reporter