IBK a démissionné. Après l’euphorie suscitée, les cris de joie et d’espoir, il faudrait bien faire face aux dangers. Le Mali fait face à des difficultés, c’est connu, et ce changement vient en rajouter.
Le mardi dernier, l’histoire du Mali s’est jouée en quelques instants. Des militaires, des officiers supérieurs, ont réussi en plein jour, à prendre le pouvoir et à pousser à la démission le président de la République. Personne ne fera la fine bouche. Il s’agit d’un changement anticonstitutionnel du régime. Le Président IBK, dans sa déclaration a même précisé que c’est contraint et forcé qu’il démissionne.
Il y a ceux qui ont salué, pleins d’espoirs et voyant en cela une sortie de crise, et il y a d’autres, terrés chez eux, qui pensent que nous entrons dans une période d’incertitude. D’ailleurs, les officiers supérieurs qui ont pris le pouvoir doivent le savoir, aucun cadeau ne leur sera fait : par principe, toute la communauté internationale va suspendre ses relations, geler les virements.
Un “Comité pour le salut du peuple” a pris le pouvoir. Ce changement ne va pas faire disparaître, comme par un coup de baguette magique, les problèmes du Mali. Au contraire, il va les exacerber. La classe politique malienne n’a jamais pu s’inscrire dans la défense des principes, dans des combats qui ne leur “rapporte” pas personnellement.
Les jours à venir vont être difficiles. Les Maliens se souviennent d’un autre coup d’Etat militaire, le CNRDRE, qui, contre toutes ses promesses, avait juste réussi à approfondir la crise. Il est évident que les égos ont trop joué, que personne, parmi ceux qui nous ont emmené dans cette situation, n’avaient pensé à l’irruption d’un “troisième larron” sur la scène. Mais, tous portent la responsabilité de ce qui est arrivé, qui n’est pourtant pas la solution.
Aucun démocrate ne peut saluer un coup d’Etat. Il reste juste à souhaiter que le sacrifice soit à la hauteur des attentes, que le “Comité pour le salut du peuple” ne nous entraine dans des aventures sans lendemain, qu’encore, pour une fois de plus, les espoirs ne soient déçus.
Il est d’ailleurs curieux de constater qu’à ce jour, on n’a pas encore entendu la classe politique s’exprimer. En dehors d’un communiqué du Parena, condamnant “avec la dernière énergie ce coup d’Etat, exige la libération du président de la République, du Premier ministre et de tous les détenus politiques, exige le rétablissement de l’ordre constitutionnel“, les autres semblent observer.
Les jours à venir seront difficiles. Le Comité doit faire ses preuves et convaincre les Maliens de sa bonne foi.
Alexis Kalambry
Source: Mali Tribune