La police nationale joue un rôle important dans la sécurisation des personnes et des biens. Au regard des missions dévolues à la police nationale, l’Etat doit tout mettre en œuvre enfin que cette structure, si importante, garde toute son unité, sa cohésion et, surtout, sa noblesse. Malheureusement, ces dernières années, rien ne va plus au sein de cette police nationale. Le mal a gangrené la structure au point qu’elle est devenue un souci majeur pour les autorités de la République et pour les populations.
Siméon Keita, secrétaire général SPN
Jeudi dernier, le Secrétaire général du ministère de la Sécurité Intérieure, et de la Protection Civile devait rencontrer les membres du syndicat dénommé Mouvement pour le Renouveau de la Police que dirige le fonctionnaire de police, Jean Antoine Samaké. Le clan de l’adjudant- Chef, Siméon Keita, présentement en formation spéciale à l’école nationale de police ayant reçu les échos de cette rencontre, décide de s’y opposer. A bord d’un pick-up, ses éléments foncent tout droit vers le département de tutelle où se tenait la rencontre. Ils forcent l’entrée principale et tentent de déloger, par force, les membres du Mouvement pour le Renouveau de la Police qui tenaient leur réunion. Le tout, sous le nez et la barbe du général de police Ibréhima Diallo, Secrétaire général du Département. Comble de tout, ils saccagent le véhicule qui a transporté l’autre groupe stationné dans la cour du ministère. Aussitôt après, Siméon Keita et ses lieutenants font irruption dans la salle et font savoir au Ségal qu’en dehors de leur syndicat, qu’il ne doit recevoir aucun autre groupe. Ferme et très courageux, ce dernier rétorque et les demande de sortir de la salle de réunion. Les membres du Mouvement pour le Renouveau regagnent le camp du GMS afin de tenir une assemblée d’information de ses militants. Là également, le clan Siméon Kéita interviendra pour les en empêcher. Et ce qui devait arriver, arriva : Une altercation entre les deux groupes.
Les éléments de Siméon, qui détiennent les clés du magasin d’armes, décident de s’en servir. Après avoir ouvert le magasin et de s’être emparés des armes, ils commencèrent à tirer sur tout ce qui bouge. C’est le sauve qui peut au GMS et dans le quartier populaire de N’Tomikorobugou. La nuit du jeudi au vendredi sera longue dans ce quartier qui n’en est pas à son premier cas. L’agent Modibo Diabaté, en faction devant la porte du GMS, invité par les membres du Clan Siméon à les suivre à leur siége, refuse d’obtempérer. Il sera entraîné dans la pénombre et battu copieusement par sept autres policiers. Il sera transporté à l’hôpital, pour des soins. La hiérarchie informée de ce qui se passe, observe un silence radio. C’est alors que le Ségal Ibrehima Diallo qui ne pouvait supporter une telle humiliation, une telle irresponsabilité, décide d’agir.
Le chef du gouvernement, mis au parfum, saisi, à son tour, le président de la République par intérim. Puis, se rend à Kati. Aux environs de 3 heures, une force d’intervention constituée par des militaires, des gardes et des gendarmes, rentre et prend position dans le GMS, avec pour mission de désarmer les détenteurs de fusils, et de sécuriser le camp. Au cours de cette opération, un militaire trouvera la mort. C’est le sergent- chef de police, Mamadou Y Diarra, membre du clan Siméon qui serait le principal responsable de ce meurtre. Il sera arrêté. Siméon Keita et Drissa Samaké, ont, quant à eux, pris la direction du camp de Kati afin d’y trouver refuge. Ils seront arrêtés sous les pieds de leur soi-disant mentor. Plusieurs d’entre eux, ont pris la fuite. Des perquisitions aux différents domiciles des camarades de Siméon, ont permis de découvrir des armes de guerre et de matériel de communication. Selon des sources concordantes, c’est tout un arsenal de guerre qui a été trouvé chez le sergent- chef, Siriman Fané et le Major Hamidou Togola. D’importantes armes et autres produits auraient été découverts à l’intérieur du siège du syndicat de police (tendance Siméon). Seize fonctionnaires de police sont, présentement, aux arrêts sur instruction du Premier Ministre Diango Sissoko, dont nous saluons, ici, le courage et le sens élevé de la responsabilité.
L’adjudant- chef, Siméon Keita, un ancien agent de la division- comptabilité de la SONATAM, radié par le DG de l’époque, Idrissa Maïga dit Métiou, arrive à la police sans enquête de moralité. Il prend le train du coup d’Etat du 22 mars dernier en marche et sème la terreur au sein de sa propre corporation. Les séquestrations de journalistes, de directeurs de publication, des commissaires de police et autres se font sous le regard impuissant de son ministre. La chaîne de commandement a été détruite à la police. Ici, les subalternes dirigent tout, se distribuent des grades, envoient leurs compagnons dans la clandestinité forcée (cas de Tidiane Coulibaly proposé à la radiation par le puissant patron du syndicat de la SPN).
Nécessité de nettoyer en profondeur
Dans tous les cas, la situation a mal tourné car, en plus des coups de feu tirés, certains ont engagé des pugilats devant le contingent de l’armée sénégalaise, logé dans les structures. Ce n’est, pourtant, pas, la première fois que les policiers se livrent à un tel spectacle. Devant l’incompréhension et l’indignation des habitants du quartier. Il s’agit d’une impunité qui traduit l’anarchie qui règne au sein de la police nationale. « Jamais un sans deux » dit l’adage. En effet, l’incident du jeudi dernier est survenu après celui survenu à l’issue de la nomination de certains policiers à des grades supérieurs, consécutivement, au coup d’Etat du 22 mars 2012. Les mécontents du clan Siméon Keita, en cette circonstance, avaient séquestré et battu leurs supérieurs du SYNACOMPOL. Là- aussi, il y eut des coups de feu.
Somme toute, le malaise qui s’est emparé, ces derniers temps, de la police nationale, est profond et inquiétant. Il s’agit d’une impunité qui s’instaure dans la tradition et qu’il faille, à tout prix, enrayer. Il y va de la crédibilité de la police nationale et, partant, de l’image même du pays. Avant qu’il ne soit trop tard, il est urgent que les autorités actuelles, prennent des mesures pour restructurer la police nationale. Une nouvelle hiérarchie doit être opérationnelle le plus vite possible pour redorer le blason de cette police, hier, admirée dans la sous région à cause de son professionnalisme et son intégrité. Cette reforme est impérieuse aujourd’hui, même si elle doit consister, dans un premier temps, en la nomination d’un chef qui puisse restaurer la chaîne de commandement ; mettre fin aux comportements humiliants des fonctionnaires de police ; et, restaurer l’autorité et la discipline au sein de la police, sans lesquelles rien d’efficace ne peut être effectué pour l’équilibre de notre société.
Tiémoko Traoré