Depuis déjà une semaine, toute la ville de Fana vibre de joie et de peur suite à la présence désormais d’un poste de police. Ce poste qui relève de la Direction régionale de Koulikoro et du commissariat de Dioïla se situerait dans le cadre de l’initiative de la police de proximité. Cette installation est différemment appréciée par la population.
L’insécurité exige un certain changement de comportement en renforçant davantage la sécurité. Pour ce faire, il importe de rapprocher les agents de sécurité aux citoyens. C’est dans ce cadre que se situe l’instauration du poste de sécurité de Fana. Aux dires du lieutenant Ag Assaleck, officier délégué au poste de Fana confortablement installé dans son bureau au siège de son poste dans un local gracieusement offert par un opérateur économique en attendant que l’État construise un poste, « Ce poste peut se situer dans le cadre de l’initiative de la police de proximité ». Poursuivant ses explications, il indique que leur mission principale vise la sécurisation des personnes et de leurs biens. Dans le cadre de la pleine réussite de leur mission, dit-il, ses éléments organisent chaque soir des patrouilles de 1 h du matin à 4 h dans tous les quartiers de Fana. M. Assaleck rassure que ce poste vient en appui à la garde nationale ainsi qu’à la gendarmerie dans leur mission de sécurisation. Quant à savoir si cette installation s’effectue suite aux différents cas d’assassinat qui surviennent à Fana, l’Officier délégué nous confie que ça entre juste dans le cadre de la sécurisation des citoyens. « Nous ne sommes pas des ennemis de la population comme le pense beaucoup, au contraire elle est notre collaboratrice. Nous avons besoin d’elle pour l’atteinte de nos objectifs. Que la population de Fana se rassure qu’en dénonçant des cas d’insécurité, l’anonymat est requis à notre niveau », indique à notre micro le lieutenant Assaleck.
De leur côté, le chef de village de Fana, Adama Traoré, et ses conseillers apprécient largement cette initiative qui contribuera, à leurs dires, à mieux sécuriser la ville de Fana et notamment à réguler la circulation des engins dans de nuit comme de jour. Dans cette ville, disent-ils, les citoyens roulent anarchiquement.
Cependant, tous émettent des réserves et recommandent. « Pour la pleine réussite de leur mission, il importe que ces gens nous considèrent aussi en humains. Nous avons des principes tout comme eux, alors il faudrait qu’on se respecte. Cela favorisera notre collaboration », recommande le chef de village. C’est dans ce cadre que Yaya Traoré, conseiller du chef de village, précise qu’ils ont fait savoir à la délégation de Koulikoro ainsi que de Dioila leur disponibilité à les accompagner dans leurs missions tout en les aidant à sensibiliser les populations afin que celles -ci puisse se défaire des préjugés sur la police. À l’en croire, dans les jours à venir, le commissariat de Dioïla doit les contacter pour l’organisation d’une journée de sensibilisation visant à expliquer les missions de ce nouveau poste de Police. En effet, beaucoup de jeunes de Fana n’ont pas apprécié cette installation qui, à leurs yeux, ne vise qu’à les racketter. Chose que confirme cet autre conseiller pour montrer la nécessité de la sensibilisation. Selon Bourama Sanogo, s’il veille sur leur collaboration avec la population de cette ville, ils rentreront en possession de plusieurs informations en ce qui concerne la sécurité . « Fana n’est plus une petite ville. Elle est assez grande maintenant. Nous avons grandement besoin de ce poste», ajoute-t-il.
Bakari Bakayoko, également conseiller, est beaucoup plus diplomate : « Fana est une ville cosmopolite ». Il précise que dans cette ville, on y retrouve plusieurs nationalités, plusieurs activités s’y mènent, les cultures sont diverses. C’est une ville assez stratégique, indique-t-il avant d’ajouter : « Il serait mieux de connaitre cette population avant toute investigation. » Cependant, il lance un appel à la police : « Que la police ne fasse pas de cette délocalisation un moyen pour s’enrichir ». Car, dit-il, ici, la population vit déjà avec des habitudes auxquelles elle se trouve rattacher et celles-ci, nous ne pouvons pas les changer du jour au lendemain. Il importe de mieux le comprendre.
Tout compte fait, toutes ces recommandations ont déjà été discutées entre le lieutenant Assaleck et le chef de village lors de sa visite au cours de laquelle Assaleck dit avoir compris qu’on avait des préjugés sur eux déjà. Mais l’institution villageoise leur a promis son aide.
Nous espérons alors qu’avec ce nouveau poste, les assassinats à répétition, les vols, les enquêtes sur les cas précédents avanceront plus vite. Les travaux de ce commissariat commenceront au cours de cette semaine, nous indiqué le chef de poste.
Envoyé spécial à Fana Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays