La situation sécuritaire se dégrade dans le Nord du pays, notamment dans la région de Kidal, où Anéfis est occupé par la force depuis le 17 août par la Plateforme, suite à des combats contre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Cette donne a poussé les hommes d’Alghabass Ag Intallah, Président de la CMA, à s’emparer d’Aguel-hoc, contre toute attente. Des renforts, nous a-t-on dit, seraient venus de l’extérieur, en l’occurrence de la Lybie.
Entre-temps, les discussions au sein du Comité de suivi de l’Accord d’Alger (CSA) se focalisent autour du retrait de la Plateforme d’Anefis. La médiation a, en effet, présenté un plan de sortie de crise qui comprend sept points:
1) cessation de toutes les formes d’hostilité;
2) condamnation ferme des violations de l’Accord intervenues en août;
3) rétablissement de la situation antérieure et retour immédiat et sans condition des parties concernées aux positions qu’elles occupaient avant le 20 juin 2015 ;
4) mise en place, dans les meilleurs délais possibles, des mécanismes prévus par l’Accord, en présence des parties, notamment la CTS (Commission technique de sécurité) ;
5) prise en charge par ce mécanisme des modalités de mise en œuvre des dispositions du présent plan;
6) en attendant, la MINUSMA prendra toutes les mesures nécessaires, notamment celle liées à la protection des populations, en vue d’assurer le strict respect des dispositions du présent plan;
7) poursuite de la mise en œuvre des mesures de confiance, à travers la libération des personnes détenues depuis les évènements d’Anéfis.
Ce plan a reçu l’onction de Bamako, mais la Plateforme reste réservée sur les points 3 et 6, à analyser de près sa Déclaration, consécutive au plan proposé par la médiation. Le paragraphe 2 de celle-ci (voir ci-dessous) est ainsi libellé: «elle informe la médiation internationale, l’opinion nationale et internationale de son accord de principe de se retirer d’Anefis. Toutefois, elle estime nécessaire, pour des raisons de sécurité des populations, de voir les FAMA, accompagnées des forces internationales, s’y déployer sans délai».
Or, la médiation prône, au point 3 de son plan, le retour aux positions que les parties occupaient avant le 20 juin 2015. Cela signifie clairement que c’est bien la CMA qui reviendra à Anefis, contrairement à l’information véhiculée par des médias étrangers, qui ressassent que ce sont les Casques bleus qui occuperont Anéfis. Cela serait plus juste et équitable.
Le piège se situe au niveau point 6 du fameux plan, dans lequel la MINUSMA entend «prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations». Elle ne pourra le faire qu’à travers une présence effective à Anefis. Elle y serait alors avec la CMA, et non les FAMA, comme souhaité par la Plateforme. Dans ce cas, quelle serait l’attitude de celle-ci?
Des sérieuses menaces pèsent aujourd’hui sur elle. En effet, le mardi 25 août, l’Algérie et les autres membres de la médiation n’ont pas manqué de presser la Plateforme de quitter Anéfis.
Le plus virulent des intervenants au Palais de la culture a été le Colonel-major, Abou Tirka, Conseiller spécial du Président du Niger, Président de la Haute autorité pour la paix et Touareg bon teint de son état. Il a proféré, nous a-t-on également dit, de sérieuses menaces, y compris le recours à la force, pour déloger la Plateforme d’Anefis.
La MINUSMA doit tenir un seul langage, et donc clarifier sa position. Les Casques bleus seront-ils seuls à Anefis, ou y seront-ils avec la CMA?
La Minusma ne peut pas vouloir assurer la sécurité des populations à Anefis et demander en même temps le retour aux positions qu’occupaient les combattants le 20 juin. C’est un double langage qui mérite de très amples éclaircissements. A suivre.
Chahana Takiou
source : 22septembre