Vendredi dernier, le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga a présenté le Plan d’action du gouvernement (PAG) 2021-2022 devant le Conseil national de Transition. Dans les lignes qui suivent, trois responsables politiques donnent leurs opinions sur le document
Moussa Mara, ancien Premier ministre : «Il est maintenant nécessaire que des actes soient posés rapidement»
« Le Programme d’action du gouvernement pour le reste de la Transition est ambitieux et cela est bien normal, car les défis sont importants. Il se situe dans le sillage du précédent programme en réduisant les objectifs, car le temps imparti est plus réduit. Il cible des résultats qui sont inscrits dans la Charte de la Transition en faisant de la sécurité, les réformes, l’organisation des élections, la gouvernance vertueuse et la stabilité sociale des axes d’intervention majeure. Il est maintenant nécessaire que des actes soient posés rapidement et que les intentions fortement exprimées soient concrétisées rapidement, dès la semaine prochaine si possible. C’est aussi cela qui créera les dynamiques nécessaires au succès dans l’exécution de ce programme ambitieux.
Dans le cas particulier des élections, devant se tenir à la fin du mois de février 2022 conformément aux engagements pris par les autorités et confirmées par le Premier ministre dans son discours, un chronogramme détaillé est indispensable pour que l’ensemble des acteurs politiques, de la société civile et des forces vives accompagnent le gouvernement dans la conduite des tâches vers cet objectif crucial. Le Premier ministre a justement rappelé que le succès de la Transition dépendra de cela, d’où la nécessité de concevoir et partager ce chronogramme le plus tôt possible.»
Niankoro Yeah Samaké, président d’honneur du PACP : «Je suis sceptique SUR la capacité du Premier ministre à mettre en œuvre ce Plan d’action»
«D’abord, je suis fortement impressionné par la célérité avec laquelle le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a pu présenter un document devant le CNT. Contrairement au Premier ministre d’alors qui, presque plus d’une année, n’a pas pu présenter de Plan d’action ou faire la Déclaration de politique du gouvernement. Ceci dit, les propos introductifs nous ouvrent une petite fenêtre qui nous permet d’apercevoir le cap tracé par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga.
à mon avis, le Plan d’action présenté par le Premier ministre est moins audacieux et moins précis. Il aurait pu, certainement, utiliser ce créneau tant attendu par nos compatriotes, pour engager le peuple malien, pour rassurer le peuple malien. Parce qu’aujourd’hui, notre plus grand obstacle est l’incertitude qui plane sur tous les domaines de développement de l’état. Il s’agit notamment de la sécurité, mais aussi des domaines politique, social et économique.
Il est important de noter que la priorité n°1 aujourd’hui doit être la stabilité politique. à cet égard, le Premier ministre aurait dû mettre le premier axe de son Plan d’action sur l’organisation des élections. Mais, à la lecture, cette priorité est confrontée à des obstacles comme le délai temporel lié à la réussite des réformes politiques et institutionnelles. Cela me préoccupe personnellement, malgré la promesse faite que les élections seront organisées dans les délais.
Comment réussir les réformes constitutionnelles, institutionnelles et le retour des réfugiés et des personnes déplacées en moins de huit mois ? Je suis sceptique sur la capacité du Premier ministre de mettre en œuvre ce Plan d’action. Je l’ai toujours dit : il est très aisé d’énumérer des vœux, mais leur réalisation est autre chose. Cependant, je ne puis que soutenir et souhaiter plein succès au Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga pour la mise en œuvre du Plan d’action qu’il vient de soumette au Conseil national de Transition».
Propos recueillis par
Massa SIDIBÉ
Ibrahima N’Diaye, 2è vice-président de l’URD : «L’essentiel se trouve dans le document présenté par le chef du gouvernement»
«Il y a lieu d’abord de féliciter le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga pour le temps si court mis dans la préparation de son plan. En cette période difficile, il faut saluer cette performance qui exprime une volonté d’aller rapidement aux populations à travers le Conseil national de Transition. à mon avis, l’essentiel se trouve dans le document présenté vendredi dernier par le chef du gouvernement. Le premier point a trait au problème de défense et de sécurité qui demeure la priorité des priorités. Suivent ensuite les réformes politiques et institutionnelles, les élections, le climat social, la gouvernance.
Dans la mise en œuvre, les choses peuvent se passer comme prévu ou bien les objectifs fixés ne sont pas atteints contrairement à ce qui a été annoncé. Le plus important, en cette période de crise profonde, c’est de soutenir la Transition, sans esprit partisan, donner le maximum de soi-même pour la réussite de ce processus en cours. On évaluera continuellement et quand le processus arrivera à son terme, nous déciderons. Si les objectifs ne sont pas atteints, donc nous serons devant une prolongation de fait. Qu’est-ce qui pourrait se passer ? La suite logique sera dans un tel cas la nécessité de modifier profondément les équipes dirigeantes. Par contre, si la tendance est bonne au vu des résultats et si des efforts objectivement louables sont reconnus, en ce moment, il faut accepter de prolonger.
Cela devrait intervenir en reconnaissant toutes les fautes et les insuffisances du pouvoir de Transition et en fixant de nouvelles conditions ; entre autres : parfaire l’inclusivité, voire un gouvernement d’union nationale, un programme intérimaire de consensus, un nouveau délai convenu.
Je plaide pour un soutien à ce gouvernement qui doit réussir un défi que plus d’une décennie de gouvernance constitutionnelle n’a pu relever. Une des rares choses à notre portée ici et maintenant est notre faculté de réaliser l’union sacrée derrière notre pays qui appelle sans arrêt tous ses fils à son secours.
Source : L’ESSOR