Depuis plusieurs mois, les Maliens font face à une crise de cartes d’identité nationale sans précédent. Bien que la situation ait été dénoncée dans la presse et sur les réseaux sociaux, rien n’a changé. À cause de ce document administratif, les populations bravent l’insécurité en se rendant très tôt dans les commissariats de police ou les postes de gendarmerie. Mais malheureusement, très souvent, les demandeurs de cartes d’identité retournent à la maison bredouillent. Cette situation est à l’origine de beaucoup de préjudices endurés par de nombreux citoyens à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Après des mois de calvaire endurés par la population, le ministère de la Sécurité et de la protection sociale est enfin sorti de son silence à travers un communiqué. Cette réaction du ministère n’est-elle pas le médecin après la mort ?
Depuis des mois, à Bamako comme à l’intérieur du pays, la carte d’identité nationale est quasiment introuvable dans certains commissariats de police. En plus de sa rareté, obtenir cette pièce est devenue un véritable business. Pendant tout ce temps, les autorités sont restées impassibles face au cri de cœur des populations.
Comme on le dit le plus souvent, mieux vaut tard que jamais. Elles viennent d’accorder une oreille attentive aux sollicitations de la population. Espérons que ce réveil tardif du ministère de la Sécurité et de la protection civile puisse mettre fin au calvaire enduré par les populations depuis plusieurs mois.
En effet, dans un communiqué en date du 1er novembre 2022, le ministère de la Sécurité et de la protection civile s’est prononcé sur la question de la carte d’identité qui est devenue une vraie préoccupation ces derniers temps. Le département a informé l’opinion publique nationale que la Carte nationale d’identité est délivrée par la Police nationale, la Gendarmerie nationale et l’administration territoriale (Préfets cl Sous-Préfets).
« Il nous a été donné de constater que certaines unités font de la rétention sur la carte, créant ainsi la pénurie et la surenchère sur le prix de cession de cette pièce. Le Ministre de la Sécurité et de la Protection civile rappelle que le prix de la Carte nationale d’identité est de mille sept cents (1 700) francs CFA, dont mille ( 1 000) francs CFA pour la carte, un timbre de cinq cents (500) francs CFA et un timbre de deux cents (200) francs CFA. Il ne saurait être toléré que cette carte d’identité soit cédée à un prix excédant ce montant », a précisé le ministre dans son communiqué.
Par ailleurs, le ministère de tutelle a invité la population à dénoncer devant les autorités compétentes, les auteurs de ces cas de spéculation autour de la Carte nationale d’identité pour en augmenter le prix.
«Tout agent, qui se rendrait coupable de telles pratiques, s’exposerait à des sanctions très graves », a mis en garde le ministère.
En lisant entre les lignes de ce communiqué, l’on se rend compte qu’il n’y a pas de pénurie de cartes d’identité. Mais, plutôt que certaines unités font de la rétention sur la carte pour faire la surenchère sur le prix de cession. Si cette version des autorités est fondée, des sanctions exemplaires doivent être prises contre ceux qui s’adonnent à cette sale besogne.
Ces derniers temps, certains citoyens se sont vus obligés de débourser des sommes colossales pour se procurer la carte d’identité. Cela s’explique par le fait que le citoyen ne peut pas s’en passer de ce document. La carte d’identité est exigée pour l’établissement de beaucoup d’actes et de pièces d’état civil et est demandée lors des contrôles de routine de la police.
En tout cas, les autorités sont interpellées à tirer cette affaire de carte d’identité au clair. Des citoyens ont mis leur vie en danger pour l’obtention de ce document et beaucoup ont vu leurs voyages ou autres affaires annulées pour faute de carte d’identité. Si gouverner c’est prévoir, les autorités doivent tout faire pour mettre les citoyens à l’abri de ces genres de situations qui sont de nature à créer la frustration.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin