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Pape Diouf : Un destin singulier

Le dirigeant franco-sénégalais est décédé mardi à Dakar, victime du Covid-19

 

Journaliste sportif, agent de joueurs, puis président de l’OM et candidat à la mairie de Marseille. Pape Diouf disparu, mardi, des suites du Covid-19, a eu 1000 vies. Et un destin singulier. Atypique. Rien ne semblait prédestiner ce lettré, viscéralement attaché à ses racines africaines, à devenir, au mitan des années 2000, le premier et seul président noir à la tête d’un grand club européen. «C’est un constat pénible, à l’image de la société européenne et, surtout, française, qui exclut les minorités ethniques», avait-il alors déploré, avec son franc-parler coutumier, dans les colonnes du magazine Jeune Afrique..
Né à Abéché au Tchad en 1951, il passe toute son enfance au Sénégal. À 18 ans, il arrive à Marseille, avec comme recommandation paternelle d’embrasser une carrière de militaire. Esprit libre, il n’entend pas céder à cette injonction et souhaite conduire son chemin à sa guise. Il commence, alors, par suivre des études politiques à Aix-en-Provence. Il exerce parallèlement des petits boulots afin de boucler des fins de mois difficiles. Il décide, ensuite, de cesser ses études pour rejoindre… La Poste.
Il y côtoie un collègue de travail qui va lui ouvrir les portes du journal communiste « La Marseillaise » où il signe ses premiers articles. Il se fait rapidement remarquer par sa plume alerte et parfois acérée. D’abord embauché en qualité de pigiste, il va, vite, rendre compte au quotidien, de l’actualité tumultueuse de l’OM. Douze ans plus tard, en 1987, il vient étoffer les équipes rédactionnelles de quotidien national sportif Le Sport, lancé par Xavier Couture. Mais l’aventure tourne court car le titre dépose le bilan.
Il choisit de mettre à profit ses relations dans le monde du football et un entregent certain pour devenir un agent de joueurs reconnu. Il s’occupe des intérêts de l’ancien gardien de but Camerounais Joseph-Antoine Bell, avant de présider notamment aux intérêts de Basile Boli, Marcel Desailly, Samir Nasri, Grégory Coupet ou encore Didier Drogba, à la tête de sa société Mondial Promotion.
En mai 2004, il abandonne cette activité pour répondre favorablement aux propositions de Marseille d’abord en qualité de manager général, puis de président en 2005. Sa connaissance du milieu et des hommes, son intransigeance sur bien des dossiers vont amener de la stabilité à un club souvent présenté comme ingérable. Sous sa présidence, l’OM redevient une valeur sûre de la Ligue 1 (5e en 2005-2006, puis 2e en 2006-2007, 3e en 2007-2008, et 2e en 2008-2009), en accédant très régulièrement à la Ligue des champions. Le club se hisse, aussi, à deux reprises, pour autant d’échecs, en finale de la Coupe de France contre Paris en 2006, puis Sochaux un an plus tard. Au passage, il contribue à assainir les comptes du club et sa réputation…
En raison de divergences de vues avec le président du conseil de surveillance, Vincent Labrune, Robert Louis-Dreyfus décide de se séparer de Pape Diouf le 17 juin 2009. Trois ans plus tard (2012), le dirigeant franco-sénégalais sera nommé chevalier de la Légion d’honneur par le président François Hollande.

Source : L’ESSOR

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