S. T a donné naissance à une fillette de son défunt mari. Elle en voulait tellement plus qu’elle s’est retrouvée dans un pétrin
C’est une histoire qui vient de se dérouler il y a quelques jours à la maternité du Centre de santé de référence (CSREF) de la Commune VI du District de Bamako. D’une consultation médicale ordinaire à un vol de nouveau-né, il y a qu’un seul pas. Et celle que nous désignons par ses initiales S.T, une trentenaire, l’a allègrement franchi sans autre forme de procès. Après avoir commis cet acte indigne,
S. T entendait vivre avec ce butin d’un autre genre, laissant les vrais géniteurs du nouveau-né de sexe masculin dans l’angoisse et la tourmente. Elle avait certai
nement oublié qu’une fois saisis, les policiers donnent peu de chance à ce genre d’individu pour vivre tranquillement avec l’enfant d’autrui.
De sources proches du commissariat de police du 7è arrondissement, S. T est la troisième épouse de son défunt mari. Elle avait donné à son époux une fillette aujourd’hui âgée de six ans. Comme le mari est décédé sans qu’elle lui donne un héritier, S. T a mûri et exécuté ce plan. Histoire de bénéficier de l’héritage du défunt à travers un enfant de sexe masculin. Très probablement, ST ignorait les conséquences pénales de son acte, même si elle savait que le fait de voler l’enfant d’autrui n’est pas une
bonne chose.
C’était le 2 mars dernier aux environs de 11 heures. « Y » la future victime, avait quitté son Baguinéda natal, à une vingtaine de km au sud-est de Bamako. Elle a rejoint le Centre de santé de référence de la Commune VI pour des soins. Cette bonne mère y avait accouché quelques semaines plus tôt par césarienne. Elle était venue rencontrer sa sage-femme pour les traitements post-accouchement. Lorsqu’elle est arrivée ce jour-là, « Y » a trouvé une longue file d’attente devant la salle où elle devait être accueillie par la praticienne pour ses soins. Inutile de dire que cette file d’attente était composée à plus de 90% de femmes avec des nourrissons, soit au dos, soit sur l’épaule, chacune attendant d’être autorisée à franchir la porte de la salle. C’est ainsi qu’elle a été obligée de se positionner dans le rang en attendant son tour.
Dans la foulée, S. T la future voleuse d’enfant (apparemment enceinte), s’est approchée d’elle. Avec cette apparence de femme prête à accoucher dans un futur proche, personne dans la foule ne pouvait imaginer un comportement de voleuse d’enfant. Elle avait pu tromper la vigilance de tout le monde sur place. Ils pensaient tous qu’elle était là aussi pour bénéficier des services d’une sage-femme.
C’est comme cela qu’elle s’est approchée de sa future victime, avec son nourrisson au bras et visiblement fatiguée suite à son opération chirurgicale. En future voleuse, elle engagea directement une causerie avec la nouvelle mère. Elle s’adressa à cette dernière par des mots tendres et encourageants. Elle lui donna l’impression de compatir à sa douleur. Au même moment, elle en profita pour toucher au nourrisson avec des gestes tendres et aimants. En réalité, il n’en était rien. Cette façon de faire était un stratagème pour elle de s’emparer de l’enfant d’autrui. Et, elle y parviendra sans grande difficulté. Il est arrivé un moment où S. T a compris que sa victime est déjà sous son emprise. Elle engagea la deuxième partie de son plan. C’est comme cela qu’elle a proposé à la mère du nourrisson de lui débarrasser d’une partie de sa charge en prenant et en gardant l’enfant. C’était, selon elle, juste le temps que Y ne termine avec sa consultation médicale. Dans une situation du genre, rares sont les femmes qui comprennent les vraies intentions de la voleuse. C’est ce qui est arrivé à cette mère qui accepta de céder son garçonnet entre les mains de cette inconnue qui le convoitait sur place depuis des minutes sans rien laisser paraitre.
Et dans la foulée, la sage-femme fit entrer la mère de l’enfant. Rassurée que son nourrisson est en de bonnes mains, Y fit irruption dans la salle laissant son nouveau-né avec cette dernière. Tout est allé vite. Une fois qu’elle a franchi la porte de la salle, la fausse bienfaitrice qui n’attendait que çà, a subitement disparu avec le garçonnet. Sur place dans la cour du CSCOM, personne n’a rien soupçonné.
Quelques instants plus tard, la mère du garçonnet est sortie de la salle des soins. Elle jette un coup d’œil à gauche, puis à droite pour reprendre sa progéniture avec cette parfaite inconnue. C’est en ce moment qu’elle a compris qu’elle a commis une erreur gravissime. Cette dernière était déjà loin du centre de santé. Et tout d’un coup, il a juste fallu que la mère du nouveau-né raconte les faits à une seule personne, pour que la nouvelle se répande comme une trainée de poudre dans tout le secteur du quartier. Et en quelques minutes seulement.
Plus le temps passe, plus le champ du bouche à oreille s’élargit. C’est comme cela que les policiers du commissariat du 7è arrondissement en seront informés. Le commissaire principal Alfousseyni Ag Souleymane a pris le dossier en main dans les heures qui ont suivi. à son tour, l’officier de police a pris contact avec toutes les mairies et centres secondaires d’état civil de la Commune VI. Les agents de ces structures ont été sommés de signaler aux policiers, toute présence suspecte de citoyens qui se présenterait pour établir un quelconque acte de naissance.
Cette alerte policière ne tardera pas à apporter ses fruits. Car, dès le lendemain, celle que nous désignons par S, s’est présentée au centre secondaire d’état civile de Magnambougou, quartier populaire de la même Commune. à l’agent municipal, elle dit avoir besoin d’un acte de naissance pour un enfant de sexe masculin. Pour bénéficier d’un tel service, comme tout autre citoyen ordinaire, S est obligée de fournir des détails sur la date de naissance de l’enfant bénéficiaire et tout ce qui s’en suit. Et les agents municipaux disposaient déjà de ces détails. Ils n’ont eu qu’à faire un lien entre les informations policières à propos de ce nouveau-né, et celles que S venait de leur fournir pour obtenir le document du garçonnet. Tout cela s’est passé sans que la jeune fille ne comprenne rien de ce qui est en train de se tramer à son insu.
Entre-temps, les agents municipaux ont remonté l’information aux policiers. Sans perdre de temps, le Capitaine Ibrahima Diallo, le chef de l’unité de recherche dudit commissariat s’est présenté au centre secondaire pour interpeller l’indélicate à son grand étonnement. Elle est directement conduite dans les locaux des limiers pour y être entendue. Coincée durant des heures, elle a lâché le morceau en avouant avoir travaillé pour S. T, une amie à elle, afin d’obtenir un acte de naissance pour un nouveau-né. De fil en aiguille, les policiers ont fouillé jusqu’à localiser le domicile de la suspecte numéro un, à Sirakoro Méguétana, un quartier de la périphérie sud de la capitale.
Mais curieusement, il se trouve qu’après avoir commis son acte, elle avait détalé pour se retrouver à Sikasso où elle était allée présenter l’enfant volé à ses beaux parents. Mais avant de partir pour la Cité du Tata, elle avait chargé sa complice de la confection du document de l’enfant. Malheureusement, la collaboration entre les policiers du 7è arrondissement du District de Bamako et ceux de Sikasso a eu raison des deux complices. Les policiers sont parvenus à établir que la voleuse avait passé tout son temps à donner l’impression à ses proches qu’elle était enceinte alors qu’il n’en
était rien.
Les deux complices ont été mises à la disposition du procureur du Tribunal de grande instance de la Commune VI du District de Bamako. Quant au nouveau-né, il a été remis à ses parents biologiques après des analyses médicales.
Yaya DIAKITé
Source : L’ESSOR