Après avoir été agressé par les groupes armés et leurs alliés jihadistes et autres narcotrafiquants, notre pays se relève doucement et sort sa tête de l’eau grâce aux efforts de nos autorités et ceux de la communauté internationale. Pour accompagner nos autorités, les initiatives se multiplient et les artistes ne sont pas restés en marge. Les écrivains jouent un rôle de premier plan dans le succès de la réconciliation à travers leurs plumes.
Ce rôle, les artistes ont déjà commencé à le jouer car au moment de l’occupation des trois régions du Nord, ils se sont mis ensemble à chanter la paix dont beaucoup se souviennent encore et qui a fait tache d’huile.
Pour leur emboîter le pas, les écrivains maliens se sont fixé rendez-vous à Ségou, la Cité des Balanzans, du 18 au 21 avril derniers pour un salon dédié à la paix. Loin d’être l’affiche la plus attendue de ce samedi 19 avril 2014, dans la programmation des activités de la soirée culturelle dédié à la paix lors du Salon du livre, le slameur Robert Adama Dissa a émerveillé plus d’un.
Après trois prestations, le « slameur » de Molodo a fait vibrer le public. Robert Adama Dissa, ou encore la voix des femmes du Nord qui ont tant souffert pendant l’occupation de cette partie par les jihadistes, a, dans son style, chanté la paix rien que la paix. En témoignent les deux morceaux sur les violences faites aux femmes.
Loin des discours de haine, Robert Adama Dissa (natif de Niono) a plaidé ainsi en faveur de la cohésion sociale et le renforcement de la fraternité entre les populations du Mali. On comprenait alors l’émotion qui a envahi ce soir les participants, notamment ceux du Mali, qui croient dur comme fer que le Mali reste un peuple indivisible.
Une semaine après cet appel à la paix lors du Salon du livre, le peuple malien doit faire face à la dure réalité de la réconciliation et de la justice. La culture malienne, à travers ses artistes, n’a point baissé les bras.
Des concerts et conférences d’appel à la paix et à l’unité nationale comme le thème « Livre et culture de la paix » du salon de Ségou n’ont jamais manqué pour appuyer les efforts de la réconciliation engagés par les plus hautes autorités de notre pays.
Quand la culture vient au chevet de la paix, elle l’exprime à travers ses œuvres en témoigne la 1re édition du Salon du livre organisée du 19 au 21 avril derniers par les écrivains.
Face aux défis du moment, quel doit être notre principal atout ? Sur ce point, les observateurs sont unanimes sur le rôle déterminant des plumes à travers les récits, les poèmes et autres formes littéraires de dénonciation. Et pour Mahamane Ousmane Maïga, auteur du livre « Nord Mali : Anarchie et terreur », l’écrit reste l’arme la plus fatale pour réconcilier les cœurs et les esprits.
Conciliation et réconciliation pour l’écrivain, les professionnels du livre « poètes, romanciers et slameurs » qui sont les détenteurs de l’histoire et des relations, sont les plus aptes à affronter toute personne (même les dirigeants ou autres catégories de chef) en dénonçant les faits ignobles.
Cependant, explique M. Maïga, il faut un processus pour mettre en cohérence les productions littéraires et genres. Celui-ci, dit-il, implique un certain nombre de principes, de démarches indispensables à la réussite de la mission des autorités et des écrivains.
« Les conflits intercommunautaires du Mali sont dus de l’inattention des politiques aux écrits des artistes. Les politiques doivent laisser les écrivains jouer leur rôle. Les écrivains ne sont pas associés au niveau des débats pour le règlement du conflit malien », affirme M. Maiga.
En clair, explique notre interlocuteur, la diplomatie des plumes souffre au Mali, et pourtant elle demeure un atout de taille pour parvenir à l’unité et à la stabilité dans notre pays. Pour cela, l’auteur compte sur le rôle des artistes, lequel est un atout qui ne doit pas être ignoré.
Dans la plupart des grandes nations (Europe, Afrique…), les aspirations des artistes à la paix ont conduit à développer des techniques de normalisation. L’objectif était d’éviter ou de refréner les violences et les conflits. Cette habitude a donné naissance à une gamme variée de pratiques dissuasives et des modes de prévention des conflits. La violence était canalisée par des structures sociopolitiques spécifiques et des conventions orales ou tacites à caractère juridique ou religieux.
Ce qui fera dire à l’auteur des puits sacrés de Djenné et Tombouctou, Mahamadoune Youssouf Maïga que l’écriture est une image de la réalité en un instant précis dans un contexte donné. « Ignorer ses atouts, c’est s’engager dans une aventure périlleuse », déclare le chercheur. Dans un contexte de réconciliation, la médiation des plumes est, pour notre pays, un atout maître. Là où les politiques peuvent échouer, celle-ci réussit.
Bréhima Sogoba
SOURCE: L’Indicateur du Renouveau