En effet, les conditions de fabrication dans certaines boulangeries et surtout de transport ôtent toute envie de consommer le pain. A Bamako, rares sont les boulangeries de la place qui ne pataugent pas dans la saleté. En réalité, malgré la sensibilité du secteur, le recrutement se fait n’importe comment et le plus souvent, les agents du secteur ne reçoivent aucune formation.
Ce qui est encore plus grave, c’est l’incapacité (institutionnelle) de l’Agence nationale de la sécurité des aliments (ANSA) à sanctionner les comportements qui sont de nature à donner les maladies aux consommateurs. Alors, à quoi sert l’ANSA si sa mission se limite uniquement à constater l’infraction, sans pouvoir sanctionner les contrevenants.
À en croire un promoteur de boulangerie qui s’efforce à respecter les règles d’hygiène, ce sont les agents envoyés par la Direction générale du Service d’hygiène qui encourage la ‘’débauche’’.
« Une fois sur place, ces derniers cherchent à voir le patron pour leur enveloppe, sans pour autant se soucier d’autre chose. Un jour, j’ai refusé de les soudoyer, car confiant que les règles d’hygiène étaient respectées. Mais, à ma grande surprise, une convocation m’a été remise et quand je me suis rendu sur place, on m’a fait savoir que je devais payer 150 000 FCFA, car ma boulangerie, selon un rapport déposé par des agents du Service, est sale. J’ai dit que je ne paierai pas un centime. Par la suite, j’ai fini par réaliser que certains agents envoyés sur le terrain, avaient des complices tapis dans les bureaux », a-t-il confié. Et de mentionner que les plus hautes autorités doivent prendre cette affaire très au sérieux afin d’y remédier.
Pour le président de la Fédération des boulangers et pâtissiers du Mali, Mamadou Lamine Haïdara, les boulangers sont également indexés, car ils ne respectent pas les conditions d’hygiènes indiquées. Selon lui, les millions de citoyens méritent la qualité irréprochable de pain produit dans les conditions d’hygiène et le respect des procédures de distribution adéquate, et qu’il est temps de diagnostiquer le secteur pour moderniser la boulangerie malienne.
Face à cette situation dramatique, il appartient donc aux autorités, à toutes les structures et aux associations de défense des droits des consommateurs et ceux qui sont en charge de la sécurité sanitaire des aliments d’assumer leurs responsabilités afin de sauver la santé des Maliens.
Notons que le pain est fait à base de farine, d’eau, de levure et de sel, fermentée et cuite au four. Ainsi il présente une composition nutritionnelle intéressante dans le cadre d’une alimentation équilibrée : source de glucides complexes, de protéines végétales et de fibres.
Aussi, il est d’un grand apport en vitamines (B1, B6 et E) et en minéraux (magnésium, phosphore et potassium).
Le pain est nécessaire notamment au bon fonctionnement du système nerveux et du métabolisme des sucres. Le pain complet contient 2 à 3 fois plus de vitamines B et plus de vitamine E que le pain blanc. On peut lui attribuer le pouvoir de donner à l’homme la force nécessaire pour accomplir un certain effort physique. Le pain, aujourd’hui, est devenu presqu’indispensable dans la majeure partie des foyers. Sauf que cette popularité n’est pas sans conséquence sur la santé, faute de conditions requises dans la fabrication et la distribution du pain.
Seydou K. KONE
Source: Bamakonews