Depuis plus d’un an, le Ministère de l’Economie et des Finances court derrière l’Association des Travailleurs Compressés du Mali (ATCM) afin qu’elle fournisse la liste nominative des compressés avec le numéro de leurs comptes bancaires pour le paiement de leur argent. En vain.
Lors des paiements effectués en 2003 par le gouvernement au profit des travailleurs compressés après plusieurs procès,il y a eu une moins perçue portant sur un montant de 2 478 789 344 de FCFA. La correction de cette erreur a abouti à la mise en place d’une commission au niveau du département en charge des finances avec un protocole d’accord pour le paiement de ce montant.
En août 2016, le ministre de l’économie et des finances a envoyé une correspondance au Président de l’ATCM dans laquelle il a fait part de sa totale disponibilité à apurer les 2 478 789 344 de FCFA. Dans la même lettre, le ministre a informé l’association de sa décision de payer directement aux compressés ou leurs ayant-droits. Pour faciliter cette procédure, le chef du département de l’économie et des finances a demandé à l’association de lui faire parvenir la liste nominative de tous les compressés avec le numéro de leurs comptes bancaires. Cette correspondance n’a jamais été répondue. En décembre 2016, le ministre de l’économie et des finances est revenu à la charge et a saisi cette fois-ci le cabinet d’avocat Berthé et Koné, défendant la cause des travailleurs compressés. Selon des sources crédibles, l’ATCM souhaite que les 2,4 milliards soient versés à son avocat ou à un notaire.
Il nous revient que certains compressés ne partagent pas les conditions posées par leur association et souhaitent que l’argent tombe directement dans leurs comptes individuels sans intermédiaire. Pour conforter le département en charge de l’économie dans sa démarche, les travailleurs de la Sogemork ont déposé la liste des compressés, y compris ceux décédés. Ces travailleurs ne peuvent pas entrer en possession de leurs dus par la faute de l’ATCM. Car le ministère de l’économie et des finances veut procéder au paiement de tous les compressés en même temps.
Pourquoi l’ATCM ne veut pas que le gouvernement paye directement les compressés ou leurs ayant-droits ? Pourquoi l’association souhaite que les 2,4 milliards soient versés à son avocat ou à un notaire ? En attendant la réponse à ces questions, il n’est pas exagéré de dire que le seul blocage au paiement de l’argent des compressés vient de l’ATCM qui défend leurs intérêts.
Il faut rappeler que les compressés et les partants volontaires sont les victimes du programme d’ajustement structurel mis en place dans les années 1980 par le gouvernement sous l’injonction du Fonds Monétaire International (FMI). Ce programme consistait à inciter les agents de la fonction publique à aller à la retraite (partant volontaires) et les sociétés et entreprises d’Etat à licencier une partie de leur personnel (compressés).
C. Doumbia
Source: Le Challenger