L’Honorable Oumar Mariko, président du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi) était l’invité de l’émission “Politik” d’Africable télévision du dimanche 5 mai 2019. L’entretien de Robert Dissa avec Oumar Mariko a porté, entre autres, sur la vie de Sadi, l’interpellation par Oumar Mariko de l’ex-ministre de la Défense et des Anciens combattants Tiémoko Sangaré suite aux attaques de Dioura et de Guiré, sa visite en Russie, l’accord politique et la question de l’adhésion de Sadi au gouvernement, la question de l’école.
Répondant à la question sur la vie de son parti, la Sadi, surtout l’organisation de son congrès, l’honorable Oumar Mariko a expliqué que c’est la première fois que la Sadi organise un congrès qui a duré deux jours, notamment du 23 au 25 mars 2019 et a réuni 1 243 personnes. Le congrès, à ses dires, est allé au-delà de la date normale à cause des débats sur les Statuts et Règlements qu’il fallait adapter à la vie du parti, les questions d’organisation, de la présence des députés Sadi à l’Assemblée nationale, de l’élection du bureau du parti. Les débats autour de ces questions ont pris beaucoup de temps. L’Assemblée a eu à se prononcer sur chaque candidature aux postes. Sur le retard de la tenue du congrès qui est triennal et qui devait se tenir en 2017, Oumar Mariko l’a justifié par la participation de son parti à différentes élections partielles des députés, notamment à Yorosso et en Commune V. Ces différentes sorties ont joué sur les finances du parti.
Oumar Mariko est revenu sur ses différentes candidatures aux élections présidentielles de 2002, 2007, 2013, 2018. A la question s’il n’est pas temps qu’Oumar Mariko cède la place à d’autres visages du parti, il a répondu que ces candidatures n’ont jamais été un problème de volonté personnelle. En 2002, il a été désigné par Cheick Oumar Sissoko qui était président du parti pour être candidat. “Je ne me suis pas levé pour dire que je vais être candidat du parti ou président de la République”, a-t-il précisé. Il a ajouté qu’aux élections présidentielles de 2007, il a été 3e avant de se retrouver à la 4e place. Pour Oumar Mariko, il n’y a pas eu d’élection en 2018 à cause de la circulation de l’argent et de l’achat des consciences. Il a révélé qu’en 2007, en dehors de l’achat des consciences, Amadou Toumani Touré ne serait pas président de la République.
“Nous nous sommes battus au Mali et partout en Afrique pour qu’il y ait des élections transparentes, pour qu’il n’y ait pas de coup d’Etat, de coup de force. Mais aujourd’hui, dans tous les pays africains, la problématique de la transmission du pouvoir est posée en termes de transparence dans les élections. Malheureusement, nous assistons à des coups d’Etat d’une autre nature dans lesdites démocraties africaines et qui font réfléchir. Je pense personnellement qu’aujourd’hui il n’y a que des insurrections qui paient. Parce que s’il n’y a pas d’insurrection, le peuple ne peut pas exprimer véritablement sa pleine souveraineté dans les différentes élections”, a-t-il souligné.
“Nous avons tiré des enseignements comme quoi le boycott des élections n’est pas productif”
Pourquoi Oumar Mariko a-t-il pris part à l’élection présidentielle de 2018, malgré le fait qu’il était convaincu que cette élection allait être mal organisée et qu’il avait même porté plainte contre son organisation au niveau de la Cédéao? Il répliquera que son parti avait tiré des enseignements du passé, surtout de l’élection présidentielle de 1997. “En 1997, nous n’étions pas un parti politique mais un mouvement. Malgré tout, nous avons assisté à des combats pour exiger la transparence des élections. En 1997, nous avons créé le Collectif des partis politiques de l’opposition à cause de la débâcle électorale que nous avons connue en 1997, suite à un manque de fichier électoral crédible. A partir de cet instant, nous avons boycotté les élections. Et pendant 5 ans, les acteurs politiques ont fait des négociations comme ils savent le faire. Et finalement, nous avons tiré des enseignements comme quoi le boycott des élections n’est pas productif. Il faut aller aux élections pour faire en sorte que les populations se rendentcompte, en réalité et par pédagogie qu’il y a quelque chose qui ne va pas. C’est ce que nous avons fait. Et beaucoup de nos militants, beaucoup de nos sympathisants étaient sûrs que nous allions passer. Et malgré les explications que nous avons données, les gens n’étaient pas convaincus avec ce que nous avons dit. Alors, de ce point de vue, quand les masses n’ont pas adhéré à une cause, il faut aller avec elles. C’est ce que nous avons fait et maintenant tout le monde s’est rendu compte. Si nous n’étions pas partis à cette élection, les gens allaient faire des interprétations. Maintenant, chacun a tiré ses enseignements. Et cette débâche électorale de 1997 instruit aussi le peuple”, s’est-il largement expliqué.
“Le système, le régime d’IBK, n’est pas à hauteur de souhait par rapport à la défense et à la Sécurité du Mali. Aujourd’hui, l’Etat malien ne contrôle absolument rien sur le territoire malien”
Que reprochait Oumar Mariko à l’ex-ministre de la Défense et des Anciens combattants, Pr. Tiémoko Sangaré, suite aux attaques terroristes de Dioura et de Guiré et qui a pu susciter son interpellation devant les députés ? En réponse à la question, l’Honorable Oumar Mariko a laissé entendre qu’en réalité, c’est le système IBK, le régime en place, qui n’est pas à hauteur de souhait par rapport à la défense et à la sécurité du Mali. Il reprochait au ministre Tiémoko Sangaré le fait que le Mali a une Armée qui n’est pas véritablement une Armée aux normes. Et pour lui, la faute incombe au niveau stratégique de l’Armée, mais surtout aux politiques. Et comme le ministre Tiémoko est le porte-parole du gouvernement, il en prend à la place du régime. Ce qui est tout à fait normal. Oumar Mariko pense que, dans notre crise, le Mali devait avoir une armée construite sur des valeurs, équipée, bien éduquée et bien renseignée. Pour lui, il n’y a rien de tout ça dans l’armée malienne.
“L’armée malienne, malgré tout le budget qui a été voté à l’Assemblée nationale pour elle, nous avons assisté à des situations rocambolesques rôdées. J’ai relevé deux éléments dans cette histoire. Le 1er élément, c’est le problème de matériel. Les questions d’avion que j’ai évoquées.
L’Armée malienne était une armée bien dotée. Grâce à la coopération avec la Russie, le Mali avait une flotte aérienne très respectable dans la sous région, le Mali avait des engins lourds qui le faisaient respecter dans la sous région, des tanks et de T35, des missiles sol-air, des avions de combat, une artillerie respectable. Mais progressivement, avec le concept qui a consisté à dire que la démocratie forte n’a pas besoin d’armée, nous nous sommes retrouvés à démanteler tous ces matériels de l’armée. C’est un démantèlement qui m’a fait mal.
Et la désintégration des missiles sol-air de type soviétique que le Mali a reçu de l’Union soviétique a été faite par des experts français. Ce qui est déjà une très mauvaise image qu’on a donnée à la République du Mali. L’achat des engins et des avions de combat dans lesquels il n’y a pas de pilotes de combat ni d’obus sont des jouets achetés, au moment où des gens sont en train de mourir comme des mouches. Cela me révolte.
La 2e chose qui est aussi révoltante, c’est la base de recrutement dans l’armée. Dans le temps, les recrutements dans l’armée se faisaient à partir des villages jusqu’au niveau national et sans argent et sans considération d’ethnie, de région, de situation sociale. Les recrutements se faisaient normalement. Mais aujourd’hui, les recrutements sont faits sur fonds d’argent. Aujourd’hui, les grades se donnent de façon népotiste. Ce n’est pas seulement l’Armée qui est dans une situation de ce genre”, a-t-il déploré.
Pour Mariko, les problèmes auxquels le Mali est confronté aujourd’hui, c’est la question de l’Armée, la question de l’école, la question de la santé. Des questions centrales. “Aujourd’hui, l’Etat malien ne contrôle absolument rien sur le territoire malien. De Kidal à Mopti et dans la région de Koulikoro, il y a beaucoup de villages dans lesquels il n’y a aucune présence de l’Administration, d’école, de la santé, des services sociaux de base. Avec ces problèmes, je me voyais dans l’obligation d’interpeller le ministre Tiémoko Sangaré pour démontrer au peuple malien ce qui se passe, que le régime a choisi d’abandonner les populations”, a-t-il justifié. Il a ajouté qu’il a eu à interpeller Soumeylou Boubèye Maïga en tant ministre de la Défense et des Anciens combattants sur les mêmes questions. Il a l’habitude de saisir Tiéna Coulibaly. Et pour ça, il a indiqué qu’il est dans son rôle de député d’opposition pour interpeller les ministres. Car, le ministre est payé pour faire du bon travail et lui, en tant que député, est payé pour être les oreilles, les yeux et la bouche du peuple malien. Il a dit qu’il a tellement fréquenté le ministère de la Défense qu’il y était un pestiféré, jusqu’à l’arrivée de Tiémoko Sangaré.
Il a ajouté que l’une de ses préoccupations est la présence des armées étrangères au Mali avec un effectif impressionnant. Il s’est interrogé sur la collaboration de ces armées étrangères avec l’armée malienne. “Parce que, avec tout ce qu’elles ont comme effectifs, comme matériels, comme moyens à leur disposition, s’il y a une étroite collaboration entre ces différentes armées pour lutter contre le terrorisme, l’armée malienne ne devrait jamais être surprise. Cette collaboration n’existe pas. Chaque armée opère dans sa zone et les populations ne sont protégées par personne, ni par l’armée malienne encore moins par les armées de la Minusma, de Barkhane.
Et pire que ça, on transporte le G5 Sahel à Badalabougou, en plein cœur de Bamako. Alors, c’est pour attirer en fait les djihadistes sur la capitale. C’est pour cette raison que cette résolution que je vais présenter à l’Assemblée nationale, c’est pour non seulement demander que le G5 Sahel ne soit pas à Bamako, mais aussi demander de prendre une résolution pour expliquer la présence des bases militaires étrangères sur le territoire malien. Cela doit être discuté par l’Assemblée nationale. Si ce n’est pas le cas, on enfreint notre souveraineté. Et c’est le régime qui enfreint notre souveraineté. J’ai proposé cette résolution.
Je ne sais pas si les députés vont me suivre car c’est une question de majorité. Et nous ne sommes que 5 députés à l’Assemblée nationale du côté de Sadi. J’espère que les autres collègues vont accepter cette résolution pour laquelle ils ont le loisir de pouvoir apporter des modifications au texte que je proposerai”, a-t-il déclaré.
“Les stratégies en cours aujourd’hui ne permettront jamais de reconstruire une armée nationale”
Comment Mariko voit-il l’organisation de l’Armée malienne dans ses relations avec les autres armées sur le sol malien ? Car il avait déclaré que lors de son voyage en Russie, du 22 au 25 avril 2019, qu’il y a 4 armées au Mali dont l’Armée du Mali et 3 autres armées d’occupation de faite au Mali. Dans sa réponse, l’Honorable député a déclaré que la question de l’armée malienne n’est pas l’armée. Pour lui, la question c’est le pouvoir d’Etat. “Si on règle la question du pouvoir d’Etat, on règlera le problème du Mali. Si j’avais été élu, en un an je finis avec l’existence de toutes ces armées sur le territoire national, la question de la sécurité ou je rends les clés du Palais. Je suis sur cette base. C’est pour dire simplement que ce n’est pas l’armée en tant qu’élément isolé. C’est une question de vision. Ma vision aujourd’hui, c’est qu’il faut reconstruire l’armée nationale. Et les stratégies en cours aujourd’hui ne permettront jamais de reconstruire une armée nationale. Parce que la Minusma a la même potion : pacification, interposition, désarmement, réintégration, intégration. Ce n’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui. Il s’agit aujourd’hui de mettre fin à la guerre fratricide au Mali par le dialogue politique qui suppose des gens auxquels les uns et les autres ont confiance. Donc, c’est le fait politique qui est prédominant sur les autres questions nationales. Et une fois que cette question est résolue, un des éléments de la résolution de cette question, c’est la construction d’une nouvelle armée nationale qui prend en compte les réalités actuelles. Et les réalités actuelles, c’est que le pays est traversé par des armées. Même les milices sont des armées. Et toutes ces armées sont des Maliens qui sont arrivés à prendre des armes dans des circonstances bien déterminées. Et le politique doit juguler cela. Et nous devons passer à une autre phase : la construction d’une armée nationale par notre propre vision. Cette armée va être le creuset de l’unité nationale et qui va garantir l’intégrité de notre territoire. Cette armée sera une armée conçue par les enfants du Mali, sans considération régionale, ethnique, sans aucune considération d’aucune sorte. Cette armée sera constituée de Maliens décidés à mettre fin à ces guerres et engagés à reconstruire leur pays à un rythme très accéléré. Mais cela demande une vision politique. Le problème du Mali ne peut pas être résolu par le simple fait de l’armée.
La position actuelle de la Minusma ne pourra jamais résoudre la question militaire au Mali. Etant donné que le pouvoir actuel suit la communauté internationale, je crois qu’on a encore, hélas, des jours sombres qui nous attendent”, a-t-il affirmé.
Sur sa visite en Russie, Dr Mariko a précisé qu’il avait été invité par le ministre russe de la Défense en tant qu’expert sur les questions de défense. Il a dit que la réaction des Maliens par rapport à cette visite l’a agréablement interpellé. Ce qui veut dire que les Maliens attendent fortement une coopération militaire du Mali avec d’autres pays outre les pays classiques avec lesquels le Mali est lié. D’après lui, la Russie est un pays classique avec lequel le Mali a eu son décollage en termes d’armement.
L’Honorable Oumar Mariko n’est-il pas en train de promouvoir un partenariat militaire Mali-Russie au détriment du partenariat militaire que le Mali a avec la France, la Minusma et autres ? La réaction d’Oumar Mariko a été claire : “On ne peut pas exclure les partenariats militaires et vouloir être un homme d’Etat. Cela n’est pas possible”. Mais, a-t-il insisté, il y a des partenaires et des partenariats. “Le Mali a signé un accord de défense avec la France que j’ai contesté parce que c’est un accord qui écorche notre indépendance et notre souveraineté. Et avec cet accord, ils sont en train de construire une base militaire sur notre territoire.
Et je ne suis pas d’accord avec l’installation de cette base militaire chez nous tant que cela n’est pas connue et débattue au sein de la représentation nationale, l’Assemblée nationale au moins. C’est le minimum qu’on puisse faire. Je suis pour un partenariat avec la Russie qui n’exclut pas les autres partenariats. Mais il faut reconnaître une chose, sur le plan international aujourd’hui, la Russie se trouve être du côté du camp de la paix. La Russie se bat aujourd’hui pour ses intérêts évidemment, mais dans le respect de l’indépendance et de la souveraineté de l’autre. Par contre, la France, à la tête de l’Otan, a déclaré une guerre à la Libye sur du mensonge contre Kadhafi qui a taxé d’avoir bombardé son peuple à Bengazi. Suite à cela, la France a ouvert la boîte à Pandores.
Elle a non seulement ouvert la boîte à Pandores, elle a permis que des Maliens aillent sur les Champs Elysées pour proclamer l’indépendance d’une partie d’un territoire inscrit au système des Nations unies. Je trouve ça comme une atteinte grave à l’indépendance et à la souveraineté de notre pays. Maintenant, elle a injecté ces personnes sur le territoire malien pour exiger la partition de notre territoire. A partir de cet instant, une coopération avec un tel pays peut être regardée avec beaucoup de minutie. Parce qu’elle n’a pas respecté notre indépendance. Et cette action n’a pas été fraternelle de la part de la France. Et mieux, quand on écoute les discours de Le Drian et d’Alain Juppé, c’est attentatoire à notre dignité, à notre personnalité. De ce point de vue, ce n’est pas la France en tant que telle. Ceux qui représentent la France aujourd’hui sont des dangers pour les pays comme les nôtres. Donc, de ce point de vue, nous ne pouvons pas transiger là-dessus”, a-t-il exprimé. A ses dires, son combat pour un partenariat du Mali avec la Russie n’exclut aucun pays. Il s’agit, pour lui, de rétablir un fait historique avec la Russie qui a donné beaucoup au Mali et dont la plupart des militaires qui maîtrisent les engins soviétiques et qui ont été formés par la Russie sont nostalgiques. Ils sont soit à la retraite soit au bord de la retraite. “Le Mali a eu, avant la France, des missiles qui peuvent attraper n’importe quel avion espion non désiré sur le territoire malien. Le Mali avait des obus, des chars qui pouvaient raser des hectares en quelques secondes.
Le Mali avait des avions pilotés par des Maliens qui survolaient tous les vendredis matin le territoire malien. Cela faisait la fierté de la nation malienne. On ne peut pas tourner le dos à ce pays qui a donné ces facilités. De toute façon, notre pays a besoin de diversité dans la coopération, diversité dans le partenariat.
La Russie est un manque pour le Mali. Et chaque partenariat se doit de respecter le Mali, de respecter son indépendance, de respecter les Maliens et de venir en coopération avec les Maliens plutôt qu’en donneur de leçon”, a-t-il prôné.
“Ibrahim Boubacar Kéïta est le chef suprême de l’Armée. Il est donc responsable de la déliquescence actuelle de l’Armée nationale. La lutte contre la corruption. Il est le chef suprême du Conseil supérieur de la magistrature. Donc, il est responsable politique et moral du fait que la corruption continue de plus belle, que les détournements de deniers publics continuent de plus bel”
Se prononçant sur l’accord politique et la formation du gouvernement dont le parti Sadi n’est pas signataire, Oumar Mariko a indiqué qu’ils ont créé un mouvement dit “Coalition des forces patriotiques (Cofop)” comme un mouvement de contestation du fait que les élections se sont mal passées. C’est aussi un mouvement qui conteste la prolongation du mandat des députés. Elle est une force qui rend responsable le régime actuel qu’ils considèrent comme illégitime et illégal. Il a expliqué que c’est suite à des soulèvements populaires que le régime a fait partir le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et a nommé un nouveau Premier ministre. Pour eux à Sadi, cela est un non évènement. Ce qui est un événement, a-t-il ajouté, c’est l’éveil de conscience populaire qui a exacerbé les contradictions au sein du sommet de l’Etat et qui a fait que le président Ibrahim Boubacar Kéïta s’est débarrassé de son Premier ministre.
“Encore que, pour nous, c’était une occasion qu’Ibrahim Boubacar Kéita avait pour pouvoir se réconcilier avec son peuple en se soumettant à la volonté populaire. C’est aussi simple que ça. C’était d’appeler les différentes forces politiques, d’échanger avec elles et de choisir dans l’opposition un Premier ministre. Et en ce moment là, le débat pouvait se faire sur ce qu’on va faire comme mission. Ou encore, il vient de choisir un Premier ministre et mettre sur place un gouvernement. Ce gouvernement pouvait être simplement son gouvernement à lui. Cela n’est pas un problème. Mais là et seulement là, ils devraient organiser des assises car dans l’accord ils ont dit qu’ils vont organiser des assises. Ils pouvaient organiser ces assises sans les autres, sans nous. C’est une revendication politique à nous.
Et en ce moment là, les résolutions qui vont sortir de ces assises allaient nous engager pour appliquer une mission. Parce que la mission qu’Ibrahim Boubacar Kéita, en tant que président de la République, a donnée à son gouvernement pendant son premier mandat a échoué. Les priorités qu’il a dégagées ont échoué. Il s’agit d’abord de la sécurité. On n’en parle plus. Tous les Maliens savent qu’aujourd’hui il y a eu une aggravation de la situation sécuritaire en République du Mali. Ibrahim Boubacar Kéita est le chef suprême de l’Armée. Il est donc responsable de la déliquescence actuelle de l’Armée nationale.
La lutte contre la corruption, il est le chef suprême du Conseil supérieur de la magistrature. Donc, il est responsable politique et moral du fait que la corruption continue de plus belle, que les détournements de deniers publics continuent jusqu’à ce que les magistrats, sous son nez et sa barbe, dénoncent son ministre des Finances comme étant quelqu’un qui aurait fait des fuites financières assez importantes”, a dénoncé Mariko. Pour lui, Ibrahim Boubacar Kéïta, tirant des enseignements de son échec, aurait dû écouter les populations pour pouvoir voir avec elles ce qui devrait être fait. “S’il ne fait pas de cette manière-là, à la Sadi, rien d’extraordinaire n’a changé pour que nous puissions renoncer à notre combat pour pouvoir rentrer dans un gouvernement dans le but de je ne sais pas quoi faire…”, a-t-il souligné.
“Que le Premier ministre soit ministre de l’Economie et des Finances, il y a un problème d’orthodoxie financière et un problème institutionnel”
Sur la formation du gouvernement, il a dénoncé le fait que le Premier ministre soit ministre de l’Economie et des Finances. A son entendement, il y a un problème d’orthodoxie financière et un problème institutionnel. “Le Premier ministre devient ministre de l’Economie et des Finances. Donc, à ce titre, il est le premier et le 40e des ministres. Parce qu’en tant que ministre de l’Economie et des Finances, il a le même portefeuille que n’importe quel ministre dans le gouvernement et il est Premier ministre. Ensuite, de par sa position de Premier ministre, il est ordonnateur des dépenses et en même temps il exécute les dépenses. Cela n’est pas catholique. Nous avons vu des présidents de la République (cas de Modibo Kéita et de Moussa Traoré) ministre de la Défense et de la Sécurité. Mais prendre l’argent du pays en tant que ministre de l’Economie et des Finances et ordonner en tant que Premier ministre, je crois que les autres ministres auront du pain sur la planche “, a-t-il ironisé.
“Au Mali, il y a deux types d’enseignement : l’enseignement pour les pauvres et l’enseignement pour les riches”
Sur sa perception sur l’école malienne, l’Honorable Oumar Mariko pense qu’il faut sauver l’école malienne en revoyant son système, au lieu de sauver l’année scolaire. Il a reconnu que les conditions de vie des enseignants sont catastrophiques et qu’au Mali il y a deux types d’enseignements : l’enseignement pour les pauvres et l’enseignement pour les riches. Et l’enseignement pour les riches est à deux niveaux.
“L’enseignement pour les pauvres, ce sont les écoles communautaires dans lesquelles les enseignants sont payés par le troc. Et la qualité de l’enseignement laisse à désirer. Tout cela découle en réalité de la vision que le régime a par rapport à l’école. L’enseignement pour les riches, ce sont les écoles publiques où il y a des fonctionnaires avec différents traitements et les écoles privées qui sont devenues des pompes à sous pour les différents promoteurs qui sont au sein du pouvoir.
Donc, le système de l’éducation du Mali est dans un pouvoir des affairistes. Dans un pays de spéculation où l’économie réelle est liquidée, le paysannat est liquidé, les ouvriers sont liquidés, dans un pays de cette nature, il n’y a pas de salut pour ce système éducatif. Et pour ce système éducatif, c’est comme si on demandait à un coq de supporter les charges d’un âne. Le sauvetage de l’école malienne passe par la remise en question du politique”, a-t-il proposé.
“L’Aeem n’appartient plus aux élèves et étudiants du Mali. L’Aeem appartient aux gens du pouvoir”
Sur sa vision sur l’Association des élèves et étudiants du Mali (Aeem), Oumar Mariko, en tant que père fondateur, répondra que cette association n’appartient plus aux élèves et étudiants du Mali. Pour lui, l’Aeem appartient aux gens du pouvoir. Et le débat à l’école a été liquidé par les gens du pouvoir. Comme argument, il avancera que les comités Aeem sont mis en place dans les salons des ministres, des députés et au niveau des services de renseignement.
“C’est le régime qui a fait mainmise sur l’Aeem dans les écoles. Comment comprendre que les élèves et étudiants, dans un campus universitaire, détiennent des armes blanches et des armes à feu ?
Comment comprendre que les élèves et étudiants, dans un campus universitaire, craquent des millions Fcfa sortis des caisses de l’Etat à gérer ? Cela ne responsabilise pas les élèves et étudiants.
Le régime est responsable de la question. C’est le régime qui entretient les loubards. Cela a commencé depuis que le régime a refusé d’appliquer les revendications du mouvement étudiant. Dieu seul sait que les élèves et étudiants ont beaucoup de problèmes. Les régimes ont caporalisé les directions des écoles, ils ont tué la démocratie dans les écoles et en même temps, ils ont mis la violence dans les écoles. Ils ont fait taire les élèves et étudiants dans les écoles. Et comme les parents ne s’occupent de l’école aujourd’hui, on a cette situation. Il est très simple d’accuser l’Aeem.
L’Aeem a été créée pour être le syndicat des élèves et étudiants du Mali pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux. Depuis longtemps, l’Aeem n’avait pas été mêlée à des situations comme ça”, a-t-il raconté. Pour Oumar Mariko, il sera difficile de sauver l’année scolaire.
Réalisé par Siaka DOUMBIA
Source: Aujourd’hui-Mali