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ORTM : JOURNEE DE GREVE

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Il régnait hier un calme inhabituel dans la grande cour de Bozola tandis que radio et télé tournaient au rythme du service minimum

L’Office de radiotélévision du Mali (ORTM) observe depuis hier une grève de 48 heures. Il était 9 heures du matin quand notre équipe de reportage a débarqué sur les lieux. Impossible pour quiconque de pénétrer dans la grande cour de la maison-mère à Bozola habituellement bourdonnante d’activités et aujourd’hui presque silencieuse. Les syndicalistes veillent à ce que le mot d’ordre soit respecté et assurent vouloir éviter tout attroupement dans la cour pendant les deux jours que va durer le débrayage. Les usagers qui n’étaient pas au courant de la suspension de travail à l’ORTM sont priés, poliment, de revenir plus tard. De la porte, on aperçoit quelques agents qui assurent le service minimum.
Barakou Maïga, un membre du comité syndical, explique comment ils se sont organisés pour assurer le service minimum. Seul le directeur et son secrétaire particulier sont autorisés à venir travailler. Au niveau de la radio comme de la télévision, une équipe de reportage est disponible. Chaque équipe est composée d’un journaliste, d’un chauffeur et d’un sonier.
Les auditeurs de la radio ont droit à un flash d’information de 3 minutes à 7h, 13h et 20h. Pour la télévision, un bulletin d’informations de 5 minutes est diffusé à 13h et 20h. Les deux antennes (radio et télévision) fermeront à 22 heures. Hormis ces brèves séquences d’informations, les téléspectateurs verront défiler des images du Mali et écouteront la chorale. Les auditeurs, eux, se contenteront de musique.
Le syndicat se dit déterminer à obtenir la satisfaction totale de ses revendications. Barakou Maïga indique, à cet effet, que si rien ne progresse, le syndicat entamera très prochainement une grève, cette fois-ci de 72 heures.

DES DOLEANCES EN 7 POINTS. Le mouvement fait suite à des doléances en 7 points. En premier lieu, il s’agit de l’abrogation des lois portant sur la restructuration de l’ORTM, récemment adoptées par l’Assemblée nationale, et l’adoption d’une loi instituant la redevance audiovisuelle.
Parmi les revendications, il faut aussi citer le retour de la régie publicitaire à l’ORTM, l’harmonisation du statut des entités à créer dans le cadre de la restructuration. Le syndicat demande aussi la relecture de la loi 87-102 et son adoption, le démarrage des travaux des grands projets telle que la construction de la tour de l’ORTM. Le dernier point de revendication concerne l’indemnisation des agents de l’Office pour les préjudices subis lors du coup d’État de mars 2012.
La décision d’aller en grève a été confirmée après 72 heures de négociations entre le comité syndical et le gouvernement. Selon les syndicalistes, les discussions ont achoppé sur 2 points de désaccord : l’abrogation des lois portant sur la restructuration de l’ORTM et l’harmonisation du statut des entités à créer dans le cadre de cette restructuration.
Le secrétaire général du comité syndical, Abdrahamane Hinfa Touré, présente ces deux revendications comme essentielles pour les travailleurs.
Au ministère de l’Économie numérique, de l’Information et de la Communication, l’on soutient qu’en réalité il n’y a qu’un point de désaccord. Le conseiller technique Etienne Coulibaly explique ainsi que les deux points, portant sur l’abrogation des lois portant sur la restructuration de l’ORTM récemment adoptées et l’harmonisation du statut des entités à créer dans le cadre de cette restructuration sont liés. La demande du comité syndical de l’ORTM, selon notre interlocuteur, n’est malheureusement pas réalisable. Ce changement, dit-il, est le prix à payer par notre pays dans la mise en œuvre du processus du changement vers le numérique.
En effet, le point de départ de ce problème est la transition vers le numérique enclenché dans notre pays depuis 2006. « C’est un processus incontournable. Nous n’avons pas d’autre choix que d’aller vers cette option où tous les pays qui sont dans le même processus sont passés », explique Etienne Coulibaly. Il indique que l’ORTM a participé à tous les travaux avant l’adoption de ces textes par l’Assemblée nationale. A cet effet, le département a adressé une lettre à l’ORTM en avril 2013.

TROIS SCENARII DE REFORME. Il s’agissait pour le récepteur de définir le statut juridique de chacune des entités et les liens fonctionnels entre les deux entités. La lettre demandait à l’ORTM de voir quelle sera la dotation initiale de chacune des entités au niveau national, régional et local ? Etienne Coulibaly déplore que jusqu’à ce jour le ministère n’a reçu aucune réponse à cette correspondance. Cependant, le comité mis en place pour le processus a continué à travailler sans problème.
C’est dans cette concertation que le document sur la stratégie nationale de la radiodiffusion analogique vers le numérique a été élaboré. Ce document souligne notre interlocuteur a été adopté par le Conseil des ministres en octobre 2014. Il proposait trois scénarii de reforme.
Le premier proposait de créer trois établissements publics chargés de l’édition radiophonique (EPA), l’édition télévisuelle (EPA) et l’opération de diffusion (EPIC). La seconde proposition portait sur la création de deux établissements publics à savoir l’édition radio et télé (EPA) et l’opération de diffusion (EPIC). Le troisième scénario était d’ériger l’ORTM en société d’État. Le gouvernement avait opté pour la deuxième proposition. Mais, explique Etienne Coulibaly, le département s’est heurté au problème du financement. En effet, le défi majeur posé au projet de transition numérique est le financement qui relève du ministère. Cette difficulté  d’assurer le financement par l’État a eu des répercussions sur le traitement des dossiers au plan institutionnel.
Le choix de l’EPA pour l’ORTM est donc dicté par la prédominance de la mission de service public confiée à la structure. Cela n’exclut pas, souligne Etienne Coulibaly, une évolution vers le statut d’EPIC dès lors que les conditions seront réunies comme par exemple l’institution de la redevance radio-TV, déjà prévue dans l’acte constitutif de l’ORTM.
S’agissant de la SMDTD, seul le statut de société peut permettre à l’opérateur de diffusion de lever des fonds auprès des institutions financières au plan national et international, pour faire face aux besoins énormes et immédiats de financement. Or l’EPIC, malgré sa vocation industrielle et commerciale, ne dispose pas d’une telle capacité, note le spécialiste. Il a aussi expliqué que pour le cas spécifique du personnel, les emplois et les acquis sont préservés.
Etienne Coulibaly qui joue la carte de l’apaisement demande au syndicat de l’ORTM de savoir raison garder afin que de ne pas perturber une transition vers le numérique qui a déjà pris du temps.

M. A. TRAORE

 

source : Essor

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