L’orpaillage occupe une part importante de l’exploitation minière, qui est la deuxième ressource d’exportation du Mali. Mais la mauvaise organisation du secteur constitue un enjeu majeur. Outre son impact sur l’économie et la société, les acteurs attirent l’attention sur des conséquences « irréversibles », contre lesquelles il faut vite agir.
L’orpaillage occupe environ 2 millions de personnes et constitue une grande opportunité d’emplois pour les jeunes dans ses zones. Mais, pour en bénéficier et réduire ses conséquences néfastes, il faut « savoir l’organiser et en profiter au mieux », suggère Djibril Diallo, géologue, Président de l’Association pour la promotion et la valorisation des ressources minières (APVRM-Mali Dugukolo nafa)
Selon lui, la production avoisine les 20 tonnes par an. Un manque à gagner énorme, encore mal cerné à cause notamment de l’inexistence de statistiques fiables et surtout d’un caractère informel qui empêche l’État d’avoir un contrôle et un encadrement efficaces du secteur. Une organisation qui permettrait aux populations locales de mieux bénéficier des retombées de l’activité.
Sécuriser l’activité
L’État a entrepris depuis quelques années la fermeture des sites d’orpaillage entre juin et septembre pour permettre aux jeunes de se consacrer aux activités agricoles et minimiser les risques sécuritaires. « Le Mali est un pays à vocation agro-sylvo-pastorale. Il faut essayer de développer d’autres secteurs et former les jeunes », ajoute le Président de l’APVRM-Mali. La mécanique, la menuiserie et d’autres secteurs d’activité sont à ce titre indiqués pour réorienter ces jeunes.
Aly Diarra est membre du Groupement des professionnels des mines, créé en 2000 et constitué de plusieurs acteurs, dont ceux intervenant dans la sous-traitance.
Il estime que pour lever l’une des contraintes majeures de l’orpaillage, il faut formaliser le secteur, « passer par un système d’organisation et recentrer l’activité au niveau du ministère ». En effet, c’est le transfert de l’activité aux collectivités sans un accompagnement technique qui cause des dommages. Il faut, par exemple créer une cellule transversale de gestion.
En dehors du secteur agricole, l’activité impacte fortement l’économie. Une étude de 2021 révèle que plus de 140 tonnes d’or ont été reçues à Dubaï en provenance du Mali, alors que la même année le pays n’enregistrait officiellement que 22 tonnes, cite M. Diarra. « L’État perd des sommes colossales ».
Sur le plan social, il faut noter la dépravation des mœurs. La prostitution, l’alcool industriel, la drogue, des conséquences devenues banales. Et « souvent irréversibles », alerte M. Diarra.
Journal du Mali