Les transferts d’argent entre les pays de la zone UEMOA et la France sont suspendus depuis plusieurs jours. Les directions nationales de la BCEAO du Mali de la Côte d’Ivoire, et du Sénégal ont adressé fin février des injonctions à Orange Finances Mobiles de ces trois pays pour mettre fin, sans délai, aux opérations de transfert international d’argent qui sont selon les banques centrales, hors du champ des activités qu’elles ont été autorisées à effectuer.
Une mission de la BCEAO a constaté que «Orange Finances Mobiles Mali, comme Orange Money Côte d’Ivoire et Orange Finances Mobiles Sénégal, propose au public des services de transfert de fonds entre les pays de l’UEMOA et l’extérieur ». Une pratique contraire aux règlements de l’UEMOA.
À Orange Mali on confirme la suspension des opérations notamment vers la France « depuis une semaine après une décision de la BCEAO pour défaut de droit à exercer ce type de transaction. Les transferts au sein de la zone UEMOA sont, en revanche, maintenus, car effectués en franc CFA.
L’injonction de la BCEAO explique notamment les messages d’erreurs adressés aux usagers qui essayent des transferts d’argent via Orange Money depuis la France vers le Mali. L’opérateur français plaide pour une solution à l’amiable avec la Banque centrale.
Une réunion s’est tenue à Dakar le 9 mars dernier, en présence de Thierry Millet, le directeur des services financiers mobiles du groupe Orange. Ce dernier a souhaité qu’une solution amiable soit trouvée avec la BCEAO.
Selon certains économistes cette suspension pourrait s’expliquer par le non respect des accords convenus entre la BCEAO et la société Orange. En revanche, ils estiment que l’arrêt des transferts en dehors de l’espace UEMOA engendrera des pertes pour l’opérateur Orange dont le chiffres d’affaires pour son service Orange Money a été estimé à plus de 17 milliards en 2016.
Dr. Madou Cissé, Professeur d’économie à la Faculté des sciences économiques et de gestion, joint par Sékou Gadjigo
« L’offre de monnaie est principalement contrôlée et effectuée par la Banque Centrale. Si la banque centrale permet à une autre entité commerciale d’émettre de la monnaie électronique, c’est comme si elle donne prérogative à cette institution de jouer une partie de ses prérogatives, c’est le premier problème à la base. La monnaie électronique vu son enseignement est un problème pour les pays comme le notre car nous savons pas comment ce système fonctionne de bout en bout. La situation ne pouvait pas continuer comme cela. Et ça, c’est du point de vue de l’économie.
Pour l’aspect manque à gagner, dans les chiffres d’Orange, on voit que sur un chiffre d’affaires de 293 milliards réalisés par Orange 2016, le service Orange Money n’a réalisé que 17 milliards sur cette somme. Ce qui fait à peu près 6,7 milliards. C’est le cas du Mali. Donc, c’est orange qui a beaucoup à perdre pour le moment et non pas les populations».
À Kayes, la population se plaint de la suspension des opérations d’orange Money vers la France. Elle demande une solution rapide pour faciliter le transfert monétaire à ses proches expatriés.
Écoutons cet habitant de Kayes au micro de notre correspondant Ismael Keita
« Je suis Sarakolé. J’ai mon papa en France. Il m’envoie souvent de l’argent pour le chantier et les problèmes de la famille. Je vois maintenant que le service Orange Money est suspendu. Ça ne va pas, tout est bloqué chez nous. On peut plus retirer de l’argent. Nos chantiers sont arrêtés à cause du transfert d’argent. »
Combien on devrait vous envoyer ?
« Souvent, mon papa m’envoie 3 millions voir 4 millions dès fois pour le chantier et résoudre les problèmes familiaux ».
Source: studiotamani