Le Mali se réveille lentement, mais sûrement, après avoir frôlé le chaos à cause de cette crise qui a ébranlé l’unité nationale, le processus démocratique et même la République dans ses fondements territorial et institutionnel. Malgré les zones de turbulence, l’espoir est toujours de mise. A condition que toutes les forces vives de la nation restent soudées face aux défis qui ne sont pas ceux du seul régime, mais de toute la nation. Hélas, en décidant de braver l’Etat d’urgence et d’organiser une marche le 21 mai, l’opposition politique étale au grand jour son insouciance par rapport aux intérêts de la République, de la nation. Est-elle vraiment soucieuse du retour de la stabilité dans notre pays ? Rien n’est moins sûr d’autant plus que le contexte actuel du pays n’est pas du tout favorable à une marche.
Depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale (15 mai et 20 juin 2016 à Bamako), le peuple malien nourrit de l’espoir d’un retour progressif à la stabilité. Et cela d’autant plus que la communauté internationale et le gouvernement focalisent tous leurs efforts sur la mise en œuvre de cet Accord issu du processus d’Alger.
Raison de plus pour tout bon citoyen de mettre le Mali au dessus de sa seule personne, de sa seule chapelle ou alliance politique. Malheureusement, c’est dans ce contexte difficile pour le Mali que les partis politiques de l’opposition projettent une grande manifestation, le 21 mai prochain.
Après un premier report de la date du 23 avril dernier, en raison de l’état de santé du président Ibrahim Boubacar Kéita, les partis politiques de l’opposition ont donc décidé de battre le pavé ce samedi 21 mai 2016. L’objectif étant de dénoncer «la mauvaise gestion des affaires publiques» par le régime en place et la mise en place des autorités intérimaires prévues par l’Accord issu du processus d’Alger.
C’est vrai que le droit à la manifestation est reconnu par la Constitution de la République du Mali, mais le contexte dans lequel les partis politiques de l’opposition comptent manifester le 21 mai prochain, suscite des interrogations au sein de l’opinion nationale et internationale.
«L’opposition malienne n’a jamais rien fait pour que le pays aille bien .Au contraire, elle multiplie les actions pour freiner le travail qui est fait par le gouvernement. Cette opposition a pris part à la signature de l’Accord de paix. Maintenant qu’on veut mettre cet accord en application pour qu’on aille à la paix cette même opposition se plaint. C’est vraiment du n’importe quoi», déclare un magistrat.
Un avis partagé par un professeur à la retraite pour qui, «l’opposition doit savoir que la situation actuelle de notre pays exige un sursaut national, c’est-à-dire à mettre le Mali au-dessus de nos considérations et intérêts personnels. L’heure n’est pas à la tenue d’une marche, mais à l’union sacrée au tour du Mali, notre bien commun, menacé de partition».
Les cadres de l’opposition n’ont-ils pas le souci du retour de la stabilité dans le pays où nourrissent-ils l’intention de faire échec à l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger à tout prix ? Une chose est sûre, l’opinion nationale conçoit mal la portée d’une telle initiative pendant que le peuple malien et la communauté internationale s’activent à la mise en œuvre de l’Accord de paix devant concrétiser le retour de la stabilité au nord du pays.
Une marche peu soucieuse face au contexte actuel
Dans leurs agissements, les cadres des partis politiques de l’opposition semblent donner l’impression de vouloir faire échouer à tout prix l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, signé entre le gouvernement et les groupes armés, sous l’égide de la communauté internationale, les 15 mai et 20 juin 2015 à Bamako.
Un accord unanimement salué par la communauté internationale. Le gouvernement pour sa part a reconnu que l’Accord n’est pas parfait, mais, que dans un processus de dialogue, les parties sont toutes dans l’obligation de faire des concessions.
En annonçant leur retrait du cadre de concertation des présidents des partis politiques-Ministère de l’Administration, les membres politiques de l’opposition avaient déjà prouvé qu’ils sont désormais animés des desseins inavoués pour bloquer à tout prix l’organisation des élections communales, régionales et du District de Bamako.
En tous cas, les agissements des membres des partis politiques de l’opposition démontrent à suffisance qu’ils ne se soucient pas du Mali mais plutôt de leur intérêt personnel.
Leur attitude n’est pas de nature à réconcilier le peuple malien, dont le dépit ne cesse de croître, envers sa classe politique !
A Touré
Source : Le Matin