Depuis sa nomination à la tête de l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN), Abdourahmane Oumarou Touré, a pris à bras le corps la protection et le sauvegarde du fleuve Niger. Suite à sa perspicacité et à ses démarches, il est sur le point de signer avec les Néerlandais un protocole d’accord d’un montant de plus 45 milliards de FCFA pour la réhabilitation du fleuve Niger. Mais le hic est que la signature de cet important accord est bloquée par la lenteur administrative. Curieusement, c’est la partie Néerlandaise qui débourse les fonds qui est la plus pressée. Bénéficiaire du projet, la partie malienne traine les pieds.
Mais qui a intérêt à bloquer la signature de ce protocole d’accord ? Telle est la principale question qui taraude les esprits. Suite au blocage, les travaux de réhabilitation du fleuve Niger tardent à démarrer.
Et il ressort de la visite de terrain de trois jours du Directeur général de l’ABFN, Abdourahmane Oumarou Touré, que c’est le fleuve Niger qui paye ce report car menacé de disparition au grand dam des populations.
L’exécution de ce projet permettra de mettre fin à l’agression dont le fleuve Niger fait l’objet. Le Niger, qui s’étend sur plus de 4200 km, est de nos jours menacé, non seulement, par l’ensablement mais aussi par la pollution. C’est ce qui explique que l’eau et le poisson se font rares dans le lit du cours d’eau.
Liée à la survie du fleuve, la pêche est, de moins en moins, pratiquée. Quid des activités de maraîchage et de cultures irriguées qui tournent au ralenti. Des raisons suffisantes qui ont motivé le gouvernement à signer un protocole d’accord avec une entreprise néerlandaise, BIG Machinery !
Dotée d’équipements de dernière génération et d’une expertise unique dans ce domaine, cette entreprise a préalablement mené des études de faisabilité estimées à 15 milliards CFA.
En plus, elle dispose d’un mandat en bonne et due forme pour mener à bien ce projet jugé porteur. Il y a le fait que le dossier a été approuvé, conjointement, par les ministères des Finances, des Investissements et de l’Assainissement. Le tout devrait être couronné par la signature du protocole d’accord et la cérémonie de lancement des travaux.
Officieusement, le retard accusé par la signature du protocole d’accord et lancement des travaux sont liés au laxisme de la «haute bureaucratie». Certains intervenants indexent l’actuel ministre des Investissements. M. Koniba Sidibé, qui aurait remis en cause l’approbation de son prédécesseur Me Gaoussou Diarra, oubliant du coup que l’Etat est une continuité.
La première phase du projet concerne le dragage du lit du fleuve. Il s’effectue de la frontière guinéenne au Mali sur une distance de 200 km. Il s’agit, dans cette première phase, de débarrasser le fleuve Niger des matières polluantes qui peuplent son lit.
Il s’agira aussi de lui donner une profondeur de 6 mètres afin d’augmenter la capacité d’absorption du fleuve. Et du coup éviter à nos populations des inondations récurrentes, surtout en période d’hivernage, avec son cortège de morts, de blessés ainsi que de cultures inondées et dévastées.
Selon les études menées par l’entreprise néerlandaise, 900 millions de m3 de déchets devraient être extraits du lit du fleuve. Aussi, le projet prévoit l’aménagement des zones rocheuses.
Déjà identifiées, ces zones seront aménagées en zones de pisciculture afin de permettre aux poissons de se reproduire relançant ainsi la pêche et ses activités connexes dans notre pays.
Dans le domaine de la promotion de l’emploi, ce projet offre 500 emplois permanents. A l’issue de la première phase du projet, la navigabilité du fleuve Niger sera rétablie. En provenance de Tombouctou, Gao ou de la Guinée-Conakry, les bateaux pourront se rendre à Bamako.
S’y ajoute la revente du gravier et du sable, issus du dragage, aux entreprises des BTP. Si le voyage de sable d’un camion de 7 tonnes est vendu à 80.000 CFA, il sera vendu, par le projet à moitié prix (40.000 CFA) voire moins.
Disposant d’une réputation mondiale, l’entreprise néerlandaise dispose de toute la technologie nécessaire pour mener à bien ce projet. Entre autres, du matériel de dernière génération, dont des pelleteuses amphibies coûtant chacune 2 milliards CFA. Mais aussi, des Caterpillar capables de rouler dans l’eau.
La seconde phase du projet est la concrétisation des activités nées de la première phase. Elle se traduira par l’installation de stations permettant, non seulement de purifier les eaux usées avant de les déverser dans le fleuve, mais aussi la mise en place de turbines produisant de l’électricité.
Selon les études menées par l’entreprise néerlandaise, la ville de Bamako produit, elle seule, plus de 300.000 m3 d’eaux usées par an. Des eaux déversées, directement, dans le fleuve Niger sans traitement, au préalable.
La commercialisation, dans les régions du sud, du sable du désert est un autre avantage de ce projet. Pour ce faire, l’entreprise néerlandaise dispose de près de 200 camions. Sans compter la régénérescence de l’écosystème tout au long du fleuve Niger.
Sans compte la transformation des plantes aquatiques recueillies dans le fleuve Niger en compost pour les maraîchers et autres paysans.
Ce qui pourrait amoindrir leurs factures en intrants agricoles chimiques. Comme on le voit, ce projet suscite beaucoup d’espoir au sein des populations.
Mais, le retard accusé par la signature du projet et le lancement des travaux, semble tempérer l’ardeur du partenaire néerlandais ainsi que des banques qui se sont engagées à ses côtés pour mener ce projet à bon port !
Aliou Touré
Source : Le Matin