A Bamako, des immeubles poussent comme des champignons tout au long des berges, voire dans le lit du fleuve Niger. Les autorités évoquent des insuffisances de la loi.
« Il faut débourser entre 5OO millions et plus d’un milliard F FCFA pour s’offrir un lopin de terre dans cette zone », confie Modibo Camara, chargé des questions domaniales au Gouvernorat du district de Bamako.
Selon lui, ces constructions au bord du fleuve Niger sont illégales. « Les auteurs de ces constructions profitent des failles de la loi. Sinon aucun texte en vigueur n’autorise à occuper les servitudes du fleuve», ajoute-t-il.
L’expert du Gouvernorat confie qu’il y a un projet d’aménagement du lit du fleuve en perspective pour rétrécir le lit et le rendre plus profond et plus navigable. Ce projet, dit-il, envisage l’aménagement des berges par des immeubles pour rendre la ville de Bamako attrayante.
Sur l’identité des occupants, il cite les complexes hôteliers pour des raisons d’esthétiques et des particuliers nantis pour des questions de standings de vie. « Ce sont des footballeurs professionnels, des opérateurs économiques, des avocats et même un Premier ministre, les occupants de ces somptueuses villas», avoue l’orateur.
Pourtant, le Code domanial et foncier et le décret n°05-113 P-RM du 9 mars 2005 fixant les règles spécifiques applicables aux différentes catégories de servitudes en matière d’urbanisme au Mali stipulent à son article 11 :« les riverains des cours d’eau navigables et flottables sont assujettis au respect d’une servitude de 25m de part et d’autre des rives. Et 1Om de servitudes pour les riverains des cours d’eau non flottables et non navigables ».
Modibo Camara se confesse et affirme: « Ces gens bénéficient de dérogations d’esthétiques. Il y a aussi des complaisances légitimes qui ne sont pas légales. J’avoue qu’il n’y a pas de textes en la matière ».
Le Directeur marketing et commercial d’un palace sur le Niger, ayant requis l’anonymat, explique que la proximité avec le fleuve procure un micro climat assez agréable dont leurs clients raffolent. Sur le respect de la servitude des berges, il reste muet comme une carpe.
Pour sûr, les hôtels luxueux et les maisons de particulier poussent comme des champignons et semblent avoir de beaux jours devant eux tant que la loi présentera des failles.
Harber MAIGA
Source: Azalaï-Express