Certaines catégories de personnes doivent soit s’abstenir, soit se prémunir d’un avis médical
Le Ramadan, neuvième mois de l’année musulmane, a été décrété, selon les érudits, par le Clément et Miséricordieux Allah deux ans après l’Hégire pour étendre encore sa clémence et sa grâce sur les fidèles, mais aussi absoudre leurs péchés. C’est un mois béni qui consacre le jeûne (une privation volontaire de nourriture et d’eau pendant la journée) comme une obligation exigée de tout musulman sain. Le jeûne durant le mois de Ramadan est le quatrième pilier de l’Islam, après la dévotion, la profession de foi et la zakat (le pèlerinage est le cinquième). C’est au cours du mois de Ramadan que la tradition musulmane a fixé la transmission du Saint Coran au prophète Mahomet (PSL) par l’ange Gabriel.
Souleymane Traoré, iman de la mosquée Diané de Missira, explique que le Tout puissant Miséricordieux Allah a fait du jeûne une obligation pour tous les fidèles musulmans. Pour lui, quiconque refuse de jeûner sans raison connaîtra le châtiment de Dieu. Mais l’érudit prête aussi au jeûne des vertus thérapeutiques, parce qu’il permet, selon lui, d’être en bonne santé et d’avoir l’esprit ouvert.
Qui doit observer le jeûne ? L’imam Souleymane Traoré précise quelques conditions requises. Il faut être musulman pratiquant, être un adulte en bonne santé, jouir de ses facultés mentales. En dehors de ces critères, il est déconseillé aux voyageurs et femmes qui voient leurs menstrues d’être à jeun.
L’iman rappelle aussi que le prophète Mahomet (PSL) a donné la signification des différentes décades du mois de Ramadan. Pour ceux qui observent le jeûne, les dix premiers jours sont destinés à recevoir la clémence de Dieu. La deuxième décade est vouée à la recherche du pardon divin accordé aux fidèles. Enfin la dernière décade permet de s’ouvrir les portes du paradis par les actions de charité et de dévotion. Cette période intègre la Nuit du destin ou « laylatul qadr», moment très attendu des jeûneurs. Selon la tradition coranique, c’est au cours de cette nuit que le Saint Livre a été révélé au prophète Mahomet (PSL). Il est recommandé aux fidèles musulmans de multiplier les initiatives et les actions de charité pendant la Nuit du destin, mais aussi d’exprimer encore plus solidarité à l’égard des plus nécessiteux.
UNE CONTRE-INDICATION ABSOLUE. Au-delà de l’obligation de la religion, les médecins expliquent que le jeûne ne convient pas à tous. Ainsi jeûner est déconseillé aux diabétiques, aux patients hypertendus, aux femmes enceintes, mais surtout aux grands malades. Cependant le Dr Seydou Sory Traoré, praticien au Centre de lutte contre le diabète, rappelle à ceux qui sont sains que le jeûne permet de purifier le corps d’un individu. La privation acceptée pendant 14 heures dans la journée permet de rétablir certains équilibres dans l’organisme et de se trouver en meilleure santé. En effet, les aliments – consommés à doses parfois excessives – contiennent des glucoses (sucres), des lipides (graisses) qui sont fréquemment à l’origine de maladies parfois chroniques. Pour les personnes atteintes d’hypercholestérolémie, c’est-à-dire ayant un taux excessif de cholestérol dans le sang, le jeûne peut être un facteur de réduction de ce taux, mais aussi de régulation de l’organisme.
Pour les personnes affectées par la gonarthrose ou l’arthrose, (des douleurs chroniques du genou), jeûner amène une réduction de la surcharge pondérale qui est très souvent à l’origine de ces douleurs. Par contre, pour certaines maladies, le jeûne est vraiment contre-indiqué. Ces pathologies énumérées par le Dr Seydou Sory Traoré sont, entre autres, l’ulcère gastroduodénal et les autres tumeurs de l’estomac. Tous les gastroentérologues vous diront que le jeûne aggrave les maladies ulcéreuses. Mais les médecins admettent aussi que les personnes souffrant de simples gastrites peuvent après avoir pris un conseil médical observer l’obligation religieuse. Mais si ces sujets à jeun éprouvent des malaises, ils doivent sans hésiter rompre.
Pour les diabétiques, le jeûne est une contre-indication absolue. Dans certaines situations, le médecin peut autoriser le jeûne pour un malade diabétique. Celui-ci doit avoir un diabète équilibré pendant au moins les trois mois précédant le mois de carême. Il ne doit avoir non plus aucune pathologie associée à son diabète. A titre d’exemple, il ne doit souffrir ni d’hypercholestérolémie, ni d’hypertension artérielle (HTA), affection qui forme très souvent avec le diabète un couple redoutable. Le traitement de ces pathologies associées au diabète, nécessite en effet que ceux qui en souffrent prennent des médicaments à des intervalles réguliers. Les mêmes précautions valent pour les maladies chroniques.
Le praticien du Centre de lutte contre le diabète indique le jeûne est aussi déconseillé pour les asthmatiques, les drépanocytaires, notamment ceux atteints de la forme grave (SS) et qui ont besoin de s’hydrater constamment. Les personnes atteintes d’une insuffisance cardiaque gauche ou globale et celles qui ont été frappées par un accident vasculaire cérébral (AVC) avec comme conséquence une hémiplégie, ainsi que les insuffisants rénaux chroniques courent tous de graves risques à jeûner.
Les personnes âgées, surtout à partir de 70 ans, ne doivent prendre aucun risque lorsqu’elles sont des complications pathologiques. Les aînés sont très fragiles et ils se déshydratent facilement. Le spécialiste qui se veut on ne peut plus catégorique conseille à toutes les personnes atteintes d’une quelconque pathologie de prendre un avis médical avant d’observer le jeûne.
Baya TRAORÉ