Les Nigérians se sont réveillés avec un mélange de déception et de colère samedi matin après l’annonce surprise dans la nuit par la Commission électorale nationale (INEC) du report de la présidentielle, à quelques heures de l’ouverture du scrutin.
A Port-Harcourt, dans le sud-est du pays, des électeurs qui n’avaient pas encore appris la nouvelle se sont présentés devant des bureaux de vote qui auraient du ouvrir à 08H00 locales (07H00 GMT).
« Je suis en colère (…) Pourquoi n’ont-ils pas annoncé ce retard plus tôt? Pourquoi faire cette annonce en pleine nuit? », a déclaré à l’AFP Chidi Nwakuna, un homme d’affaires de 51 ans persuadé qu’il s’agit d’une manoeuvre du gouvernement « pour truquer les élections ».
Beloved Ojike, un ouvrier de 25 ans, a fait part d’une « déception énorme, pas seulement pour les Nigérians mais aussi pour la communauté internationale (…) L’INEC a créé le désordre en faisant ça. C’est une honte ».
Même colère, même suspicions à Warri, dans le sud pétrolier du pays, où un électeur, Oyi Adamezie, dénonçait « un complot pour tricher »: « sinon comment expliquer le report d’élections prévues depuis un an avec le temps nécessaire pour tout préparer? »
Paul Emurotu, comme des dizaines de milliers de ses compatriotes, avait fait le voyage depuis la capitale économique Lagos, pour pouvoir voter dans sa région natale le Delta. « C’est démoralisant », a-t-il lâché.
« Nous ne sommes pas contents (…) L’INEC avait dit que tout était prêt. Comment peuvent-ils dire maintenant qu’ils ne peuvent pas conduire les éléctions à cause de problèmes logistiques? » a affirmé Abba Hassan Shehu, 22 ans, à Daura, dans le nord du pays. « Ils nous prennent pour des idiots ».
Le scrutin pour la présidentielle et les législatives a été repoussé au 23 février, l’INEC arguant in extremis de problèmes logistiques après une réunion d’urgence dans la nuit de vendredi à samedi.
Dans le quartier d’Ikoyi à Lagos, Austin Onwusoanya un agent ad hoc de l’INEC a raconté avoir attendu en vain toute la journée du vendredi un matériel électoral qui n’est jamais arrivé.
« Nous avions été formés pour aider à la tenue du scrutin, nous étions prêts (…) aucun équipement n’a été livré » au siège local de l’INEC, a-t-il témoigné.
Les journalistes de l’AFP ont constaté des problèmes similaires dans de nombreuses villes du pays ces derniers jours.
Les deux principaux partis du pays, le Congrès des Progressistes (APC, au pouvoir), et le Parti Populaire Démocratique (PDP, opposition) ont tous deux condamné ce report, se rejetant mutuellement la responsabilité.
AFP