Dimanche 21 février, les électeurs nigériens sont conviés aux urnes pour choisir un nouveau président de la République et les 171 députés qui doivent animer la vie du futur parlement.
Les Nigériens sont habitués à cet exercice pour l’avoir effectué plusieurs fois depuis 1993, mais cette fois-ci le contexte dans lequel ils vont exercer leur droit civique est particulier.
La menace terroriste
Le pays est confronté depuis février 2015 à des menaces sécuritaires liées notamment aux attaques terroristes de la secte Boko Haram qui sévit principalement dans la région de Diffa, dans l’extrême sud-est du pays.
Le dispositif sécuritaire et la vigilance au niveau des bureaux de vote de la région le jour du scrutin ont dû être renforcés pour déjouer d’éventuelles attaques meurtrières de la secte.
Climat électoral tendu
La campagne électorale en cours est révélatrice du malaise profond qui mine les rapports entre le camp présidentiel et l’opposition.
Les partis d’opposition regroupés au sein du Front patriotique et républicain (FPR) ont refusé de signer le code de bonne conduite initié par le National democratic Institut (NDI), laissant clairement savoir leur volonté de contester des élections dites “truquées” au profit du président sortant, Issoufou Mahamadou, candidat à sa propre succession pour un deuxième mandat légal de cinq ans.
L’opposition a mis en place un nouveau cadre dénommé Coalition pour l’alternance 2016 (COPA) dont le but est de faire obstacle à une réélection du président sortant Issoufou Mahamadou.
De son côté, le chef de l’Etat promet à ses militants de réaliser “l’inédit” en passant dès le premier tour des présidentielles.
Aucun candidat n’est pas parvenu à réussir une telle prouesse dans une compétition électorale depuis que le Niger a renoué avec des élections pluralistes en 2013.
Course au fauteuil présidentiel
Parmi ses quinze adversaires figure notamment Seyni Oumarou, candidat du Mouvement national pour la société de développement (MNSD Nassara), qui a été le challenger du président Issoufou au deuxième tour des présidentielles de 2011.
Hama Amadou, candidat du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (Moden Lumana Fa), est quant à lui arrivé troisième. Son soutien aura permis au président Issoufou de remporter la victoire finale.
On compte aussi Mahamane Ousmane, premier président nigérien démocratiquement élu en 1993 et président du parlement nigérien sous la 5e République, qui se présente sous la bannière du parti Hankuri.
Amadou Boubacar Cissé de l’UDR Tabatt, ancien ministre d’Etat du régime en place, entend également avoir son mot à dire à l’occasion de l’élection présidentielle.
La formation politique du président sortant (le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme “PNDS Tarayya”) a connu des défections massives liées notamment à l’exclusion d’un grand mobilisateur de l’électorat, Ibrahim Yacouba, qui a cru devoir créer sa propre formation politique pour s’engager dans la compétition présidentielle.
Sur la quarantaine de partis soutenant la candidature du président sortant, seule sa propre formation politique dispose d’un poids électoral réel, les autres n’ayant pas pu démontrer une quelconque capacité de mobilisation des électeurs par le passé.
Enjeux économiques essentiels
Le Niger, troisième pays producteur d’uranium au monde, est aussi considéré par certains experts comme le pays le plus pauvre de la planète. Mais en dépit des potentialités économiques dont il dispose, le Niger arrive en dernière position dans l’Indice de développement humain (IDH) du PNUD depuis cinq ans.
Le Niger est aussi producteur d’or depuis 2004, mais les populations ne bénéficient pas encore des retombées du précieux métal.
Ces sujets économiques essentiels ne sont malheureusement pas abordés par les candidats durant la campagne électorale en cours.