Mariée seulement à l’âge de 12 ans, Salimata Koné contracte une fistule suite à un accouchement difficile. La jeune dame a été interviewée par JSTM dans le cadre d’un reportage au service des maladies infectieuses de CHU Point G. Peu de temps après notre rencontre, le 13 février 2019, Salimata a perdu son combat contre cette maladie qui continue de faire beaucoup de victimes dans notre pays. [Hommage…]
-Un texte de Hadjiratou Maïga/jstm.org-
Un dur combat. Un mariage forcé, un accouchement coûteux, une césarienne subie, malgré tout cela l’enfant était déjà mort-né. Rencontrée à l’occasion de la journée internationale des mutilations génitales féminines/Excision (MGF/E) 2018 au service des maladies infectieuses, Salimata Koné raconte d’un ton triste: «on m’a forcée à me marier. Depuis ce jour, je ne fais que rencontrer des difficultés dans ma vie».
Originaire du village de Gouana, localité située dans la commune rurale de Kalabancoro, Salimata a été forcée à se marier par son beau-père. Ce dernier a comploté son mariage pour se procurer la dote. Cela, expliquait la jeune dame, sans que sa mère ne soit au courant. Sous la pression de la belle-famille la maman finir par céder. Un an après le mariage, Salimata tombe enceinte. Le jour de l’accouchement, elle s’en souvient encore comme si c’était hier. «J’ai fait une semaine pour pouvoir mettre mon enfant au monde. Mais à l’époque, dans le village où j’étais mariée, il n’y avait pas de centre de santé. Il n’y avait que des guérisseuses traditionnelles. Vu les difficultés de l’accouchement, mes parents ont décidé de m’évacuer au Csref de la commune V. De là-bas, j’ai subi une césarienne mais l’enfant était déjà mort».
A la suite de cet accouchement difficile, Sali, comme l’appelle ses proches, contracte une fistule obstétricale. «Je n’arrivais plus à contenir mes urines. Les médecins m’ont expliqué que c’était une des conséquences de l’excision», explique-t-elle les larmes aux yeux. Au fil du temps, Sali subit cinq opérations chirurgicales: trois au CHU Point G et deux à l’hôpital Gabriel Touré. Cela grâce à l’appui d’ONG œuvrant dans la lutte contre les mutilations génitales féminines et excision.
Suite à des complications, l’état de santé de Sali se détériorait. Les six derniers mois étaient très difficiles pour elle. A la diarrhée aigüe s’étaient ajoutés des vomissements. C’est ainsi qu’elle a été transférée du centre « OASIS » des fistuleuses du CHU Point G, un endroit dont elle a trouvé refuge depuis un certain moment, au service des maladies infectieuses. La trentenaire se posait maintes questions sur sa santé. « Je ne sais pas à quand cela va s’arrêter …».
«Salimata Koné était une vraie battante», témoigne Mme Touré Assétou Touré, militante des droits de l’homme au sein l’ONG SINI-SANUMAN au mali. Abandonnée par son mari, ajoute Mme Touré, sali était connue par les ONG locales et internationales. Elle était une femme courageuse. Nous l’avons connu en 2013, notre ONG l’a aidée dans certaines prises en charge. Jusqu’au bout, elle n’a jamais perdu espoir et manifestait le désir de raconter son histoire à ses enfants. «Je ne la voyais pas partir maintenant, car elle s’est battue pendant 12 ans pour rester en vie», témoigne Mme Touré.
@Hadjiratou_Maïga
JSTM