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MUNICIPALES DU 20 NOVEMBRE : Les billets de banque ont parlé

Pour les élections municipales de cette année 2016, les achats de conscience et la fraude ont certainement fait la différence. L’administration doit diligenter les enquêtes nécessaires.

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Les élections municipales du 20 novembre se sont déroulées dans un contexte particulier avec l’adoption d’une loi électorale qui interdisait aux partis politiques de confectionner des t-shirts, des casques, de pagnes ou autres gadgets et des les distribuer. Ceci avait été estimé comme une forme de corruption ou d’incitation des électeurs à voter pour tel ou tel candidats.
Si en général, cette mesure a été respectée par la plupart des formations politiques en lice et leurs candidats, loin s’en faut pour ce qui est de donner des espèces sonnantes et trébuchantes contre des voix.
Certaines communes rurales comme urbaines n’ont pas fini de parler d’elles à cause de la multiplication d’achats de conscience des électeurs qui y a eu lieu.
Confrontés à un problème de mobilisation d’électeurs et surtout à les faire porter leurs choix sur leurs personnes, des candidats aux élections communales ont fini à recourir à l’achat des consciences des électeurs comme cela ne s’est jamais produit dans une élection au Mali.
La pratique était simple. Il suffisait pour un électeur de se présenter à la caisse (un sac rempli de billets de banque tenue par une personne de main du candidat) avec une carte Nina après avoir voté pour le candidat désigné ou le groupement de partis.
Un autre manège consistait à louer des Sotramas et venir chercher à un endroit donné (généralement le domicile du chef de tontine ou de l’association) les électeurs ou électrices. Ces genres de corruptions ou d’achats de conscience se sont surtout multipliés avec des organisations de femmes. Les billets de banque sont distribués soit avant la montée dans l’autobus qui les transporte vers les bureaux de vote ; soit après l’accomplissement du vote. Une dame s’est faite le devoir de ramasser les cartes d’électeurs des femmes. Interrogée, elle a laissé entendre qu’elle travaille au compte d’un maire.
Dans ce marché de dupes (Dieu seul est Témoin du vote dans l’isoloir) fonctionnel depuis le lancement de la campagne électorale, certaines organisations ou associations de femmes s’en sont sorties avec des équipements pour réaliser des activités sociétales que sont, entre autres, les mariages et baptêmes. Pour s’assurer des voix des électeurs, certains émissaires des candidats avaient ciblé des tontines ou associations de femmes.
Aux termes de la rencontre, des promesses sont faites aux associations par le candidat. La concrétisation de ces promesses est liée à l’élection du candidat, mais avant de prendre congé pour le jour J de l’élection, le candidat ou son émissaire remettait une enveloppe à l’association. Le montant qui se trouve dans l’enveloppe est intégralement versé dans la caisse de l’association ou l’organisation. Si la somme était importante, alors des « prix de transport » pour le retour à leur domicile étaient donnés à certaines femmes.
Beaucoup de jeunes et de femmes ont, de cette façon, abandonné leurs partis au profit du « plus offrant ». Les achats de conscience ont même permis à de candidats ou partis d’opérer de votes multiples dans divers bureaux de vote.
Pour des cas de fraude, des jeunes ont été appréhendés par les forces de l’ordre à Sirakoro-Meguetana avec des bulletins « prévôté ». A Kalaban, beaucoup exigent l’ouverture d’une enquête judiciaire sur le cas de corruption aux municipales du 20 novembre. Ces cas ne sont pas isolés et l’on peut dire que ce genre de corruption s’est généralisé sur l’ensemble des circonscriptions. « Les bonnes vieilles habitudes ne trahissent jamais », dit un sage.
L’achat de conscience généralisée a marqué le scrutin. Le pouvoir de l’argent a détourné les électeurs de leurs convictions.
Amadou Sidibé
Denis Koné

 

 

Source: lesechos

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