Depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays, nous assistons à la poussée spectaculaire des écoles privées et cela dans tous les domaines de l’enseignement. Si au départ, la création de ces écoles était considérée comme salvatrice, car contribuant au développement de l’éducation, aujourd’hui, la plupart de ces écoles, surtout au niveau de l’enseignement secondaire, sont décriées, à cause des pratiques qui s’y opèrent. Ces écoles n’ont plus pour vocation de former les enfants futurs bâtisseurs de ce pays, mais elles sont plus tôt devenues des entreprises commerciales.
Aujourd’hui, les écoles privées, particulièrement au niveau de l’enseignement secondaire général, technique et professionnel, poussent comme des champignons. Ces écoles privées, dont le nombre atteint des dizaines de centaines, sont 20 fois plus nombreuses que les établissements publics. Ainsi, actuellement à Bamako, il est n’est pas étonnant de s’apercevoir de la présence d’un ou de deux lycées privés dans chaque rue. Toutes choses qui sont salutaires si ces établissements étaient utilisés à bon escient, c’est-à-dire réellement utilisées pour la formation des élèves. Malheureusement, ces écoles privées mixtes sont devenues des centres commerciaux où les élèves, qui sont les marchandises précieuses sont des intouchables et partant des rois. Ces écoles, qui ne sont pas à 100% privées abritent les élèves de l’Etat et quelques privés, donc des établissements privés « mixtes ». Ceux qui sont des privés paient leurs frais de formation, tandis que ceux envoyés par l’Etat (les plus nombreux), sont pris en charge par celui-ci qui paie aux promoteurs les frais scolaires pour chaque élève étatique. Finalement la recherche effrénée de l’argent a pris le dessus sur la vocation première qui est la formation. Au lieu que ces établissements soient des lieux d’apprentissage, ils sont devenus des centres commerciaux et la formation cède la place au mercantilisme.
Dans l’intention d’avoir toujours le magasin de stock rempli, les élèves sont ménagés, dorlotés et bercés. Tous leurs comportements sont tolérés et ne sont pas du tout sanctionnés, quelque soit la faute. Toutes choses qui font que la plupart de ces établissements sont gangrénés par l’indiscipline caractérisée des élèves, les retards, les chômages chroniques, le laisser- aller, … et la baisse de niveau. Mieux, ils passent aux classes supérieures quelque soit la moyenne. Les surveillants et les professeurs sont sommés de ne pas faire de rigueur et de supporter les caprices des élèves. Le constat amer est que les élèves fuient les quelques écoles où réside la rigueur et la discipline pour aller vers d’autres plus laxistes. Cette situation crée, au début de chaque année scolaire, un puissant mouvement de transhumance des élèves entre les lycées privées de Bamako.
Pire, ce comportement de certains promoteurs privés et des élèves font que les niveaux chutent de plus en plus. Et la formation de ces enfants, qui sont les futurs cadres de demain, est fortement hypothéquée.
Il est urgent que l’état ait un œil regardant sur le fonctionnement des écoles privées « mixtes » qui abritent aussi bien les élèves étatiques que ceux privés. Sinon, à ce rythme caractérisé par le laisser- aller total, on se demande quel type d’homme l’école malienne va produire.
Moussa Diarra