Les chauffeurs de gros porteurs ont observé, hier mardi, un mouvement d’humeur au niveau du rond-point de la tour d’Afrique perturbant sérieusement la circulation pendant une demi-journée. Un mouvement qui n’a pas été sans conséquence sur les usagers.
Du carrefour de Faladié à la tour d’Afrique, aucune voiture à part les gros porteurs ne circulait, hier mardi. Des barricades posées au nez et à la barbe des policiers empêchaient les automobilistes, les motocyclistes de vaquer normalement à leurs occupations. Si les premières images de blocage partagées sur les réseaux prétendaient à une grève, un tour sur les lieux a permis à notre équipe de reportage de toucher du doigt les motivations réelles de cette manifestation du Syndicat National des Conducteurs Routiers (SYNACOR). Au pied du monument, un jeune homme, chapeau « Cabral » vissé sur la tête, les muscles saillants dans un body moulant, transpirant à grosses gouttes sous un soleil de plomb, indique aux usagers les voies de contournements. Il vocifère sur ceux qui s’entêtent à vouloir passer outre. Dans cette tâche, il est aidé par d’autres jeunes. Interrogé sur les motifs de cette manifestation, il nous conduit vers celui qui, selon lui, a le droit de répondre aux questions des journalistes. «Ici, à chacun son rôle», dit-il en nous indiquant de l’index, Moussa Bakayoko, l’Administrateur du SYNACOR. Selon ce dernier, il ne s’agit pas d’une grève, mais plutôt d’un mouvement d’humeur de 24 heures suite à ce qu’il appelle une «bavure policière». «Hier, vers 22 heures (Lundi Ndlr), les chauffeurs ont été victimes d’un harcèlement. Un apprenti a été agressé par un policier», nous a-t-il confié. Mais dans quelles conditions cela est intervenu? « En fait, le policier a arrêté le camion pour les contrôles de routine. Il a voulu savoir où était la vignette. Le chauffeur lui a indiqué l’emplacement. Il a demandé le cahier. C’est là que les échauffourées ont commencé. Le policier a sorti son gaz lacrymogène et a aspergé l’apprenti avec, jure-t-il la main sur le cœur. Appelé à la rescousse, arrivé sur place, il a été informé que l’apprenti a été envoyé à l’Hôpital. Après les premiers soins, il a été envoyé à l’IOTA où il se trouve actuellement». Le choix de la tour de l’Afrique s’explique, selon lui, par le fait que c’est l’endroit où s’est déroulée la scène. En tout cas, nombreux usagers se sont plaints de cette situation qui a durement perturbé la circulation pendant une bonne partie de la journée. Ce chauffeur de Taxi rencontré en train de chercher péniblement à se frayer un chemin fulmine sa colère. « Depuis quinze minutes, je cherche à sortir de ce bourbier. Je suis arrivé jusqu’au pied du monument et c’est là qu’ils m’ont demandé de rebrousser chemin. L’arrière du véhicule est bloqué par une longue file. Or, moi, je dois faire obligatoirement recette. Cette situation va négativement influencer sur ma journée». Les nombreux motocyclistes qui klaxonnent dans tous les sens se frayent des chemins de fortunes non sans lancer des jurons à ces chauffeurs qui les empêchent de circuler. «Ils auraient pu avertir les gens ; ça aurait évité que nous venions nous empêtrer ici», lance un automobiliste au bord de la crise des nerfs. Assis à l’ombre d’un arbre et regardant d’un air détaché toute cette scène, un vieux chauffeur de taxi donne des conseils dans le sens que policiers et chauffeurs doivent travailler en parfaite harmonie pour le bien de tous. Car, dit-il, qu’ils veuillent ou pas, ils sont obligés de travailler ensemble. Alors mieux vaut que cela se fasse dans de bonnes conditions.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT