Moussa Sinko Coulibaly serait-il un électron libre dans sa logique d’une alternance à Koulouba ? En dépit d’incarner la période où Kati faisait la pluie et le beau temps, le démissionnaire de l’armée, selon toute évidence, affiché de la neutralité : il n’est ni de la majorité présidentielle ni de l’opposition. Quoi qu’il en soit, dans sa bataille de conquérir le Malien lambda en vue de la présidentielle 2018, il est loin d’avoir séduit une voix de taille, en l’occurrence l’ex porte-étendard de la plateforme « An Te A Bana », Mohamed Youssouf Bathily.
Fraîchement désigné «Homme de l’Année» par un quotidien de la place, nous avons approché l’intéressé à son quartier général de la Maison des Jeunes de Bamako. Le célèbre chroniqueur nous a confié qu’il est très difficile d’accorder la confiance absolue à Moussa Sinko Coulibaly, l’ex-compagnon d’Amadou Aya Sanogo et non moins tête pensante du CNRDRE. Et pour cause, on n’a aucun élément matériel permettant de penser qu’il ne serait pas dans un deal qui ne serait pas bien exécuté et qu’il serait sorti pour se lancer dans une logique de vengeance. Aujourd’hui, explique-t-il, il incarne le doute cartésien. Pour soutenir sa thèse, Rasbath s’appuie sur la perplexité que lui imposent les motivations de la démission du Général.
Pour qu’il se rapproche de ce dernier, le fils de l’ex-ministre Bathily lui aurait même demandé de prouver au préalable, par une attitude et des actes plus convaincants, son penchant pour le changement, à l’instar d’un certain Maki Sall du Sénégal en 2012.
En effet, explique l’idole de la rue, Maki Sall après avoir été ministre de l’intérieur avant d’être Premier ministre et d’organiser l’élection présidentielle de 2004, a démissionné du gouvernement de Wade. L’opposition l’a pris pour comptable du bilan de ce dernier et, quoiqu’elle le trouve plus dans une logique de vengeance que de rupture, a été obligé de faire recours à lui lorsqu’il était question de discuter de la fiabilité du fichier électoral. D’autant qu’elle ne pouvait pas trouver un meilleur spécialiste que Maki Sall dans le domaine pour discuter avec le régime Wade.
Comme Maki Sall au Sénégal, Moussa Sinko a été au Mali un acteur très central pendant la transition, dans l’élaboration du fichier électoral, dans l’organisation des élections générales de 2013 ainsi que dans la proclamation des résultats, rappelle Rasta. Et d’ajouter qu’il est le mieux placé pour savoir comment les 900.000 cartes NINA fictives décelées par le Vérificateur général se sont retrouvées dans le circuit électoral. Ce n’est pas tout. Le célèbre chroniqueur rappelle par la même occasion l’épisode où Moussa Sinko s’est fendu d’une proclamation provisoire en déclarant IBK possible gagnant de la présidentielle 2013 dès le premier tour avant de s’interroger si sa réduction au gouvernement n’en était pas la récompense.
Au nombre des questions qu’inspire à Rasbath la démission de Moussa Sinko Coulibaly figure aussi une proximité avec le régime qui ferait qu’il assez pour lui faire peur. Donnant son point de vue sur cette démission qu’il juge aussi audacieuse que surprenante, il a laissé entendre que Moussa Sinko est un Général stratège pour avoir été formé à l’école de guerre de Saint-Cyr et qu’un Général honnête et compétent se pose tant de questions avant de se lancer dans une bataille. Sa démission ne doit intervenir qu’après d’énorme études et évaluations, de ses propres atouts et faiblesses et ceux de adversaires surtout potentiels, de ses chances d’avoir ses objectifs et de tous obstacles qu’il pourra croiser sur son chemin. Et d’affirmer que Moussa Sinko s’est posé toutes ces questions et trouvé une réponse à chacune d’entre elles pour oser démissionner afin de briguer la magistrature suprême.
Et pour terminer, Rasbath signale au nouvel homme politique que lui comme ses fidèles attendent de lui qu’il contribue auprès de la société civile et de la classe politique qui aspirent à une élection saine et transparente à l’obtention d’un fichier électoral fiable.
Amidou Keita
Source: Le Témoin