L’ancien dictateur, arrivé au pouvoir en 2008 à la faveur d’un coup d’Etat militaire puis contraint à l’exil au Burkina Faso, sera jugé avec dix autres accusés.
L’ancien dictateur Moussa Dadis Camara est rentré en Guinée pour répondre devant un tribunal, avec dix autres accusés, de sa responsabilité présumée dans le massacre du 28 septembre 2009 dans un stade de Conakry, selon Pépé Antoine Lamah, un de ses avocats. « Mon client […] est arrivé dans la nuit de samedi à dimanche à Conakry pour répondre à sa convocation liée au procès du 28 septembre », a-t-il déclaré dimanche 25 septembre à un correspondant de l’AFP. Il est « en lieu sûr pour raisons de sécurité » et reçoit quelques amis, a-t-il ajouté.
Le capitaine Camara, arrivé au pouvoir en 2008 à la faveur d’un coup d’Etat militaire, fait partie des onze anciens responsables appelés à comparaître mercredi pour les exactions commises le 28 septembre 2009 à l’intérieur et aux abords du stade du 28-Septembre. Des soldats, des policiers et des miliciens avaient fait couler un bain de sang lors du rassemblement de sympathisants de l’opposition réunis pour démontrer pacifiquement leur force et dissuader M. Camara de se présenter à la présidentielle de janvier 2010.
Ce jour-là et les suivants, 156 personnes ont été tuées, des milliers d’autres ont été blessées et au moins 109 femmes ont été violées, dit le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU, publié trois mois après les faits. Les chiffres réels sont probablement plus élevés.
« Laver son honneur »
En décembre 2009, l’aide de camp du capitaine Camara, Aboubacar Sidiki Diakité alias « Toumba », chef de la garde présidentielle, lui avait tiré dessus. Présent en personne au stade et lui aussi mis en cause au procès de mercredi, il a accusé M. Camara d’avoir commandité le massacre. M. Camara avait finalement été contraint à l’exil au Burkina Faso. Des proches s’exprimant sous le couvert de l’anonymat ont confirmé qu’il était rentré pour « laver son honneur » devant les juges.
L’une des préoccupations des associations de victimes est la présence au procès de tous les accusés. Ces derniers ont eu l’interdiction de quitter le territoire. Certains sont en détention depuis des années. De son côté, le collectif d’avocats défendant quatre des accusés a rapporté samedi dans un communiqué que leurs clients avaient été convoqués au tribunal la veille du procès. Ils disent redouter leur placement en détention avant le procès. Le collectif « n’hésitera pas à boycotter ce procès si les accusés libres subissent, à l’entame de ce procès, une détention arbitraire », prévient-il.
Source: Le Monde avec AFP