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Motion de censure contre le gouvernement Modibo: l’opposition a mordu la poussière

Ça y est ! Le Premier ministre Modibo Keita et son équipe doivent continuer leur mission. L’examen et le vote, hier mercredi 21 décembre, contre l’exécutif par les députés de l’opposition (VRD et ADP/Maliba-SADI) ont tourné au désavantage de cette dernière. Après 5 h 30 mn débats sanctionnés par un vote à bulletin secret, la motion de l’opposition a été rejetée par une majorité écrasante des 145 députés de l’Assemblée nationale (112 contre et 33 pour), sur les 145 députés. Donc, pour la deuxième fois du premier mandat du président IBK l’opposition n’est pas parvenue à s’adjuger l’assentiment des 2/3 des députés indispensables pour renverser le gouvernement.

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Après l’ouverture de la plénière par le président de l’Assemblée nationale, c’est Mody N’DIAYE apparemment sûr de lui-même, qui a lu la motion de censure déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale par le groupe VRD (Vigilance, républicaine et démocratique). Cette motion a été signée par 18 députés des groupes parlementaires VRD et ADP-Maliba-SADI. L’honorable Mody N’DIAYE a justifié que la motion de censure contre le gouvernement Modibo KEITA s’inscrit dans la logique des articles 78 et 80 de la Constitution de notre pays, en vigueur ainsi qu’à l’article 96 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.

Les raisons d’une motion
Les motifs évoqués par l’opposition pour cette motion de censure sont : Consentement du gouvernement à autoriser l’Union européenne à refouler les Maliens de l’extérieur ; son incapacité à assurer la sécurité dans le pays, notamment en accusant un retard injustifié pour la préparation et l’adoption d’une Loi d’orientation sur la sécurité, au demeurant en ne dotant pas conséquemment les forces de sécurité pour leur permettre de faire face au péril sécuritaire et enfin l’incapacité du gouvernement à organiser des élections communales crédibles et sur toute l’étendue du territoire national.
Dans les débats, les députés de l’opposition sont revenus sur des questions dont des réponses avaient été déjà données par les membres du gouvernement lors de l’interpellation du 20 décembre à l’hémicycle, surtout en ce qui concerne la question de l’immigration.
L’honorable Alkaidy TOURE du groupe VRD a jugé le bilan de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation négatif avant de déplorer l’absence notoire de l’État au nord du pays où les actes de banditisme se multiplient au quotidien, tout comme ‘’dans le centre qui échappe progressivement au contrôle du gouvernement’’. Une situation qui, à son avis, est en train de donner place au communautarisme qui ne cesse de gagner du terrain. En effet, a-t-il déploré, c’est les hommes politiques qui constituent la cible de ces bandits sans foi.

Population acculée par l’insécurité
Aussi, les populations sont-elles fréquemment spoliées de leurs biens. Selon le député interpellateur, les groupes armés prolifèrent et s’affrontent dans plusieurs parties du pays inaccessibles aux forces armées et de sécurité. Face à ces drames, les Maliens sont humiliés, frappés par la souffrance, désespèrent de jour en jour. Des situations, dit-il, qui font que les partenaires s’interrogent sur la capacité de nos dirigeants, rendant l’avenir incertain.
« Plusieurs morts civils et militaires depuis la signature de l’Accord, la paix est introuvable et les Maliens ont peur. Les interrogations sur l’avenir du pays, son unité, son intégrité, sa forme républicaine se heurtent au silence et à l’inaction du gouvernement », a-t-il déploré.
S’agissant de l’organisation des élections communales du 20 novembre, il a soutenu : « Des irrégularités ont entaché le processus électoral et aucune mesure n’a été prise pour corriger le dysfonctionnement signalé. Les conséquences prévisibles de cette incurie sont multiples…», s’est acharné l’honorable TOURE.
Pour leur côté, les députés de la majorité présidentielle ont balayé d’un revers de la main l’ensemble des accusations en égrenant des chapelés de réalisations du gouvernement Modibo Keita sous le leadership du président IBK. Toute chose qui fonde l’immense espoir de ce peuple à ce gouvernement qui s’est manifesté lors des dernières élections communales où le parti majoritaire a raflé de nombreuses mairies sur l’ensemble du territoire national.
Selon plusieurs députés intervenant à la tribune, après l’interpellation du 20 décembre, cette motion n’avait plus sa raison d’être. En tout cas, les députés interpellateurs devraient faire économie des questions liées à l’accord de réadmission, largement débattue par des ministres au sein même de l’Hémicycle, il y a seulement un jour.

L’opposition désarmée
En réaction aux accusations de l’opposition contre son gouvernement, le premier ministre Modibo Keita, visiblement très à l’aise par les préoccupations soulevées par les députés de l’opposition, n’a pas eu de difficulté à convaincre son auditoire.
Il a commencé à faire de réserves sur certaines expressions employées par les députés interpellateurs, comme « le peuple du Mali est humilié », « le gouvernement s’enveloppe dans l’incurie ». Selon le chef de l’exécutif, contrairement à ce que les députés de l’opposition veulent faire croire aux Maliens, son gouvernement n’est pas insouciant, indifférent de la souffrance du peuple.
« Le peuple du Mali n’est pas à terre. Le peuple du Mali est fièrement debout, en atteste le visage que je vois ici ; la forte conviction qui se dégage de votre Assemblée, vous qui êtes les représentants du peuple, êtes-vous humiliés ? (Non répond la salle). Je n’en dirai pas davantage », a martelé le Premier ministre Modibo Keita.
Le Premier ministre a déclaré que son gouvernement avoue plutôt son incapacité à mentir, mais affirme sa volonté et sa capacité à démentir.
Pour le chef du gouvernement, l’honneur du Mali dépendra de l’énergie des Maliens à refuser et à éviter la compromission.
À propos de la migration, il a indiqué que ce phénomène est un élément culturel très important de notre pays. Selon lui, le gouvernement, dans sa philosophie, a toujours considéré que la migration légale est un moyen de financement de notre économie, de cohésion sociale et de solidarité. Il a fièrement affirmé que le gouvernement du Mali appuie de toutes ses forces cette forme de migration. Par contre, il a fait savoir que c’est la migration irrégulière, clandestine qui est en cause. Donc, il faudrait d’abord s’attaquer aux causes de cette migration irrégulière, a indiqué le PM.

Philosophie gouvernementale
« Nous sommes de plus en plus fascinés par les effets, nous négligeons les causes. S’attaquer aux causes de la migration irrégulière, c’est créer des projets de développement ; c’est améliorer notre gouvernance ; c’est penser à la libre et juste répartition des richesses de ce pays ; c’est également assurer une formation conséquente. Voilà ce que nous devons faire. Mais avec l’accompagnement de nos partenaires que les migrants maliens ont servi de la plus belle manière. Par rapport à la migration irrégulière, nous respectons la souveraineté des États. Si d’aventure, le gouvernement ne parvient pas à régulariser la situation des Maliens, il leur demande avec insistance, qu’ils puissent regagner la terre natale dans la dignité, conformément aux principes internationaux » , a soutenu Modibo Keita.
À son avis, pour faire face au phénomène, le Mali doit être un et ne doit pas présenter un visage fissuré, comme c’est le cas aujourd’hui.
Concernant le volet sécuritaire de la motion, le Premier ministre a répondu que le document de programmation de la sécurité, tant réclamé par l’opposition, a été bel et bien élaboré et examiné par un conseil de cabinet, le 25 novembre dernier avec comme coût, plus de 500 milliards de FCFA.
En plus, il a apporté plus d’éclairages en énumérant certaines réalisations et acquisitions au compte de nos forces armées et de sécurité au cours de l’année 2016.

Efforts d’un gouvernement
« En 2016, nous avons affecté aux services de sécurité 64 milliards ; (44 milliards dans un 1er temps et 20 milliards ensuite). Le budget que vous avez voté prévoit 57 milliards pour 2017. Par rapport au recrutement, nous avons un déficit criard, dans bien des cas, nos forces de défenses et de sécurité ont été mal loties, mais souvent du fait des intellectuels mêmes qui pensaient qu’il fallait réduire les dépenses militaires. Aujourd’hui, nous nous trouvons dans cette situation. Au cours de l’année en cours, nous avons recruté 2 000 policiers, 1000 gendarmes, 1 000 gardes, 500 agents de la protection civile. Par rapport à l’équipement, nous avons pu mettre à la disposition des forces de sécurité 375 véhicules et deux vecteurs fluviaux. Aussi, nous avons, dans le cadre du maintien de l’ordre, mis à la disposition de ces forces 14 518 unités d’équipement de maintien de l’ordre, 14 500 unités d’équipements. Nous avons également fourni 3 464 équipements et des unités d’équipements individuels spécialisés à nos forces. Aujourd’hui, chacun sait que la lutte contre le terrorisme suppose que l’on ait un système d’information crédible. À ce niveau, nous avons 150 unités de matériels de transmission sophistiqués que nous avons mis à la disposition de nos forces et comprenant des drones, des caméras nocturnes, des brouilleurs de signaux, des valises d’investigation et de détection », a dévoilé le PM.

Record battu
À propos de l’incapacité du gouvernement à organiser des élections crédibles sur toute l’étendue du territoire national, le chef du gouvernement a précisé que les communales du 20 novembre se sont déroulées dans 644 communes, contre 59 qui n’ont pas pu voter pour diverses raisons. Il a, de passage, rappelé les députés de l’opposition que la loi qu’ils ont votée prévoit que là où les élections n’ont pu se tenir, les autorités de transition doivent être mises en place en attendant que les circonstances soient réunies pour élire les représentants légitimes.
Un autre motif réconfortant, selon le PM, c’est la participation, à ces compétitions électorales de 71 partis politiques qui ont pu obtenir des conseillers communaux. L’on enregistre également, un taux de renouvellement du personnel communal de 80 % contre 57 % en 2009.
À l’épuisement des questions et des temps impartis, les députés de la majorité présidentielle ont appelé à voter contre la motion qui n’avait aucune raison d’être dans notre contexte actuel.
Cet appel a été largement entendu, puisque la motion sera rejetée par une majorité écrasante de députés de l’Assemblée nationale : 112 voix contre et 33 pour. Automatiquement, cette deuxième motion de censure de l’opposition, après celle introduite contre le gouvernement de l’ex-Premier ministre Moussa MARA, a été vouée à l’échec avec des arguments solides brandis par le Premier ministre Modibo KEITA et les députés de la majorité.

PAR MODIBO KONE

 

Source: info-matin

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