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Monseigneur Jean ZERBO, Archevêque de Bamako: « nous sommes entrain de perdre le combat des valeurs »

Le dimanche 27 mars dernier, la Communauté chrétienne a célébré la fête de Pâques, la fête de la mort et de la Résurrection de Jésus. Coïncidant avec la célébration du 26 mars, l’Archevêque de Bamako, dans son adresse aux fidèles, a jeté un regard rétrospectif sur les 25 ans du parcours démocratique et d’évoquer les grands défis qui assaillent le monde et notre pays en particulier. Faisant écho des cris de cœur de la jeunesse malienne en perte de repères, Monseigneur Jean ZERBO répond simplement que nous avons et sommes entrain de perdre le combat des valeurs.

Mgr Jean Zerbo danger fondamentaliste mali 1
Voici l’intégralité de son message de vœux de Pâques 2016

Chers fidèles du Christ
Et chers concitoyens,
Par la grâce de Dieu, ceux et celles que le Christ appelle ses disciples, ses Apôtres, ses amis, ses frères et sœurs, ses témoins de par le monde entier célèbrent la fête de Pâques, la fête de la mort et de la Résurrection de Jésus. Elle est le fondement de leur foi.
En effet, nous dit Saint Paul dans sa première épître aux Corinthiens ch. 15, verset 14-15, Si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi notre Foi. Il se trouve même que nous sommes des faux témoins de Dieu, puisque nous avons attesté contre Dieu qu’Il a ressuscité le Christ alors qu’Il ne l’a pas ressuscité 1 Cor 14-15-20
Non le Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis.1 Co-15-20 Cette fête des fêtes, nous l’avons préparée pendant le temps de Carême, 40 jours de prières, de pénitence et de partage pour recevoir les dons de Dieu, manifester notre Amour pour Dieu et pour nos prochains.
Nous la célébrons longuement jusqu’à la Pentecôte, le temps d’accueillir dans la communauté par le baptême, la confirmation l’Eucharistie et la Pénitence, les nouveaux membres de l’Église famille de Dieu Ala ka u kè Christa ka jama ani faso den sebew yé !

Le contexte de la célébration de Pâques 2016,
Chers fidèles et frères et sœurs en Jésus Christ
Chers concitoyens,
L’Église célèbre les fêtes de Pâques à un moment critique de l’histoire de l’humanité. On pourrait sans exagérer reprendre ce chant de Bazoumana Sissoko
Ayi jamana tè frèkè ka tèmen nin kan.

Dans le même sens au regard de ce que l’on voit et entend, on pourrait même dire

Ayi Dinyè tè fréké ta tèmen nin kan !
Pensons un peu à ce qui se passe chez nous et ailleurs
Pensons à ce qui s’est passé au Burkina à Ouagadougou, au Niger, en Côte d’Ivoire à Bouaké, au Tchad.
Pensons au Nigeria dont nous risquons de banaliser la situation parce qu’elle n’a que trop duré.
Pensons à ce qui s’est passé en France et tout récemment en Belgique. Hélas le sage a raison Dinyè tè fréké ta tèmen nin kan ! Surtout si l’on y ajoute la pauvreté grandissante le fossé sans cesse grandissant entre riches et pauvres ; la détérioration de notre environnement, nous avons fini par nous accommoder à la saleté des fossés dans nos quartiers, l’avancée impitoyable du désert, l’exode des compagnes vers les villes, des villes vers d’autres pays par tous les moyens, les déplacés et les refugiés, les chômeurs, le désœuvrement des jeunes. Les questions toujours brulantes de l’Éducation, la fragilité croissante de la famille.
Bien chers frères et sœurs ce n’est pas déplacé d’évoquer tout cela à l’occasion des fêtes de Pâques 2016.
Une fête de Pâques que nous célébrons à un moment où s’accroit l’espoir du retour de la paix au Mali et cela malgré les actes de violences et les réticences manifestées contre le forum de Kidal programmé pour les 27-30 mars.
Alla ka an kan ben
Ala ka a nyè ka di an ma !

Une grâce que nous demandons au Seigneur. Rien n’est impossible à Dieu.
Qu’il daigne nous faire la surprise de ce grand cadeau de Pâques et du 26 mars 2016. Nous chanterons alors sa Miséricorde éternellement Foyi tè kè Gwanssan !
Tout cela bien chers frères et sœurs, nous invite à faire mémoire de tous les défunts dans nos prières, à manifester notre solidarité à l’égard de leur famille, à souhaiter prompt rétablissement à tous les blessés.
Nous avons aussi l’impérieux devoir en ces jours de faire le bilan de notre parcours en 25 ans.
Qu’avons-nous gagné en 25 ans ?
Qu’est ce qui laisse à désirer, en un mot, les causes de nos déceptions ?
Pour cela ayons le courage d’écouter notre jeunesse qui s’exprimait au cours d’une conférence débat le 20 mars dernier sur le bilan et les perspectives du mouvement démocratique au Mali.
« La démocratie s’est traduite par un partage de gâteau-égoïsme. »
Nous sommes en manque de repères parce qu’on nous a habitués à accepter l’inacceptable-passiveté. Chacun ne pense qu’à lui-même ou à sa famille. L’honnêteté a disparu. Les maliens se sont construits en oubliant de construire le Mali.
Nos repères ne parlent plus. Nous avons besoin d’être orientés.
Ayons le courage de faire face aux adversaires de la démocratie qui utilisent la couverture de la religion.

De toutes ces interpellations il faut retenir le fait très grave que si en mars 1991 le Mali a gagné le combat de la liberté, de parole, d’écriture, d’opinion, d’association et de culte, l’ensemble des libertés publiques même si elles sont encore fragiles. Oui il faut reconnaitre que nous avons et sommes entrain de perdre le combat des valeurs.
Danbè fini fara la ka bow anw na! Yèrè don baliya tlé de sera sa !

Comme la vérité, la loyauté, la tolérance, l’Amour du travail bien fait. Soro, togo, n’ben diya yé Maya dambé tunun anw na ! Danbè fini fara la ka bow anw na pew! Yèrè don baliya tlé de sera sa ! Wa so don o jiri don o, yèrè don dé niogon tè
Cependant, ce combat, contre les forces du mal n’est pas perdu, c’est ce que nous revèle la fête de Pâques, fête de la victoire du bien sur le mal, de la vie sur la mort, en Jésus fils de Dieu vivant.

Kèlè diyalen bè christa la
Kunawolo kèlè kèlè diyalen Christa la .

Les armes du combat
Comment gagner ce combat des valeurs ?
Combat qui restaure chaque homme dans sa dignité de personne créée à l’image de Dieu ?
Combat qui permet la réalisation de la personne humaine dans toute sa double dimension, horizontale et verticale, son ouverture à Dieu et au monde !
La réponse à cette question fondamentale, bien chers frères et sœurs nous la trouvons dans la décision qu’a prise le Pape François de faire de cette année 2016, l’année du Jubilé de la Miséricorde.
Jubilé signifie manifester une joie immense, notre joie est d’autant plus grande en cette fête de pâques, qu’elle nous fait célébrer l’Amour sans limite de Dieu pour son peuple parce qu’Il l’aime, Dieu crée l’homme à son image et lui confie sa création parce qu’il l’aime, Dieu veille sur l’homme
Parce qu’Il l’aime Dieu après avoir à maintes reprises parlé aux humains par ses prophètes, descendit lui-même par un homme son fils unique. Ce fils unique Jésus Christ nous a aimés jusqu’à nous donner sa vie. C’est pourquoi Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, c’est cela la fête de Pâques, fête qui célèbre notre foi en Jésus qui a donne sa vie pour tous les hommes à travers les 14 œuvres de Miséricorde.
C’est du coût la manifestation de la Miséricorde de Dieu pour chaque personne. Nous sommes invités non seulement à rendre grâce à Dieu, mais aussi à construire notre vie sur le message d’amour que Jésus a vécu et enseigné .
« Soyez Miséricordieux comme votre Père est Miséricordieux » Lc 6,36
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
En célébrant la fête de Pâques, Dieu nous invite à croire en Lui, à vivre l’amour du prochain et cela par la mise en pratique des 14 Œuvres de Miséricorde.

Les 14 Œuvres de Miséricordes.
Les 14 œuvres de Miséricorde sont des actions charitables par lesquelles nous venons en aide à notre prochain dans les nécessités corporelles et spirituelles

a.-Les 7 Œuvres de Miséricorde corporelles
-Donner à manger aux affamés.
-Donner à boire à ceux qui ont soif.
-Vêtir ceux qui sont nus.
-Accueillir les Étrangers.
-Assister les malades.
-Visiter les prisonniers.
-Ensevelir dignement les morts

b.-Les 7 Œuvres de Miséricorde spirituelles
-Conseiller ceux qui sont dans le doute.
– Enseigner les ignorants.
-Avertir les pécheurs.
-Consoler les affligés.
-Pardonner les offenses. (sans le pardon l’exercice des œuvres de Miséricorde comme le Père est impossible)
-Supporter patiemment les personnes Ennuyeuses. -Prier Dieu pour les vivants et pour les morts

Ces œuvres de Miséricordes, nous les avons mises en pratique durant les temps de l’Avent et carême. Il nous faut en faire autant durant les 50 jours du temps de Pâques. De la Pâques à la Pentecôte et cela jusqu’à la fête du Christ Roi le 20 novembre 2016. C’est à ce prix que Jésus reconnaitra en nous ses disciples, ses apôtres, ses amis, ses frères et sœurs, ses témoins.
C’est-à-dire Ceux et celles qui ne vivent ni pour eux-mêmes, ni des autres, ni contre les autres ni dans l’indifférence, mais pour Dieu et pour les autres comme témoins de sa miséricorde.

Puisse notre vie contribuer à étendre cette Miséricorde d’âge en âge jusqu’à la fin des temps jusqu’au retour glorieux du Christ Cf. Mt 25n 31-46 qui nous dira alors venez les bénis de mon Père ? Recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde Mt 25,34.
Et vous catéchumènes qui allez recevoir le Baptême, vous êtes appelés à vivre les 14 œuvres de Miséricorde.
Que Marie, Mère de Jésus, Mère à laquelle Il nous a confiés avant de remettre à son Père son âme, intercède pour nous et nous obtienne d’être ce que Jésus attend de nous.
« Soyez Miséricordieux comme votre Père est Miséricordieux » Lc 6,36

BONNE FETE DE PÂQUES A TOUS ET A TOUTES !
QUE DIEU BENISSE LE MALI ET NOUS ACCORDE SA PAIX !

+ Monseigneur Jean ZERBO, archevêque de Bamako

 

Source: info-matin

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