C’était au cours d’une conférence de presse animée, le samedi 7 janvier dernier, à la maison de la presse de Bamako que l’annonce a été faite. Des membres du bureau de la Coalition du Peuple de l’Azawad (CPA) un des mouvements de l’inclusivité ont indiqué avoir déposé leur Secrétaire général Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune qu’ils accusent de mauvaise gestion. Ce, moins de deux mois après sa réélection à la tête de ce mouvement à l’issue de son deuxième congrès ordinaire organisé, du 18 au 21 janvier dernier, à Soumpi dans le cercle de Niafunké, région de Tombouctou.
C’est une nouvelle querelle de leadership qui vient d’être créée dans les rangs des acteurs du processus de paix au Mali. Déjà que celui-ci demeure très perturbé par la crise aigüe qui sévit au sein de la Plateforme des mouvements du 14 juin, divisée en deux entités depuis plus d’un an.
Ainsi, l’un des principaux mouvements dits de l’inclusivité en l’occurrence la CPA connait également quelques perturbations internes. Réélu il y a moins de deux mois, la légitimité du nouveau Secrétaire général, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune vient d’être ébranlée. Certains de ses détracteurs au sein du bureau viennent de prendre la décision de le faire remplacer par un autre cadre en l’occurrence Mohamed Ould Ahmed dit Harak Harak. Dans le bureau issu du deuxième congrès ordinaire de ce mouvement en janvier passé, ce dernier occupait le poste de » Chargé des relations extérieures et conseiller spécial du Secrétaire général « . Il avait le rang de Secrétaire général adjoint.
Selon les conférenciers, Mohamed Ousmane Ag Mohamed a été déposé à cause de sa gestion jugée douteuse des affaires du mouvement. A en croire, Boubacar Hagadoumbo Touré, Secrétaire général adjoint du bureau de la CPA né de la crise, Mohamed Ousmane Ag Mohamed est reproché d’avoir distribué à ses proches les logements sociaux qui ont été attribués au nom des membres du mouvement. La même erreur a été commise lorsqu’il s’est agi de distribué les billets d’avion pour le pèlerinage. Idem pour ce qui est des tonnes de riz offerts par le Commissariat à la Sécurité Alimentaire et qui étaient destinés aux combattants du mouvement. A ces griefs, ses détracteurs lui reprochent aussi de se servir du mouvement pour faire de la politique. Rappelons qu’en tant que l’un des vice-présidents de la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM) Mohamed Ousmane Ag Mohamdoune est candidat pour les législatives dans la circonscription de Goundam. Outre ces reproches, ses détracteurs estiment aussi qu’il persiste à constituer un blocage pour la mise en œuvre de l’accord. Rappelant au passage que c’est ce qui lui avait valu d’être sanctionné en décembre 2018 par le Conseil de sécurité de l’ONU sur recommandation d’un groupe d’experts constitués pour la circonstance. Les conférenciers ont saisi l’occasion pour rappeler que dans un rapport à mi-parcours élaboré par ce groupe d’expert, fin février dernier, il a été déploré la non-application des sanctions et leur non-transposition dans la législation nationale. Il y a lieu de préciser qu’en tant que signataire de l’Accord issu du processus d’Alger, le 15 mai 2015, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune continue à siéger au Comité de suivi de l’Accord.
Soulignons que cette crise intervient alors que la Coordination des Mouvements de l’Entente (CME) regroupant des groupes armés dénonçant leur exclusion de la mise en œuvre de l’Accord, née le 25 janvier 2017, a été dissoute le 29 février dernier. Les auteurs de cette décision dénoncent le manque de transparence alors que la présidence tournante de ce regroupement était assurée par la CPA.
C’est une nouvelle crise qui vient ainsi d’être créée et il n’est pas sûr que cela puisse contribuer à faire avancer le processus de paix qui accuse déjà un grand retard.
Massiré DIOP
Source : l’Indépendant