Devant les parlementaires réunis en Congrès, le jeudi 5 mars, le président Alassane Dramane Ouattara a annoncé qu’il ne sera pas candidat au scrutin présidentiel prévu en octobre 2020. Si ADO met désormais fin à des mois de spéculations, la quintessence de son discours concerne les aménagements à apporter à la constitution: «Il est vrai que cela suscite souvent méfiance et suspicion, car c’est souvent un prétexte pour se maintenir au pouvoir. Je voudrais vous rassurer, ce projet de révision constitutionnelle ne s’inscrit nullement dans cette optique», s’est-il défendu.
Sauf que ses propos ne rassurent ni l’opposition ni des analystes politiques ivoiriens. Ainsi, sont-ils nombreux à croire que Ouattara veut plutôt fermer le jeu politique par ses nouveaux amendements à la Loi Fondamentale. D’autres voient simplement en la décision d’ADO une tactique à la Poutine (le président russe Poutine s’était retiré de la présidence pour devenir un Premier ministre fort, avant de redevenir président de la Fédération de Russie).
L’analyste politique Geoffroy-Julien Kouao est convaincu qu’en «politique, la meilleure façon de ne pas partir, c’est de partir ». Pour lui, Ouattara s’inscrit dans cette posture. Une thèse plausible car dans le discours, il n’a nullement exprimé son intention de se retirer définitivement de la vie politique. Il déclare au contraire rester disponible pour apporter sa contribution. En tant que vice-président, ce poste devenant nominatif avec la révision constitutionnelle? De quoi faire dire à un autre analyste politique ivoirien, Dora Fofana, que «La décision d’ADO de ne pas se présenter à la présidentielle n’est autre que la possibilité d’une alternance manipulée, truquée et ficelée.»
Quoi qu’on puisse penser, il est une évidence que le calendrier de révision constitutionnelle est géré à une vitesse exponentielle par les autorités compétentes qui s’attèlent à boucler le processus à la fin de ce mois. Vendredi dernier, un Conseil des ministres extraordinaire est même examiné sur le projet de loi. Suivra le travail des parlementaires conduit également à la même cadence. Car le texte sera soumis ce lundi au Parlement pour être adopté par les deux tiers de ses membres.
Apparemment, il n’y a pas de souci à se faire ! L’adoption par les sénateurs est prévue pour le 13 mars, et par les députés le 17 courant, ne sera que comme une lettre à la poste. Sa promulgation et sa publication au Journal officiel étant prévues pour le mercredi 18 mars. Le Conseil des ministres se penchera sur le Code électoral le 19 mars. Le Sénat se prononcera le 24 mars et l’Assemblée nationale le 28 mars. Quant à la promulgation de cette loi sur le code électoral, elle est prévue pour le lundi 30 mars.
Gaoussou Madani Traoré
Le Challenger