« Des Maliens ont fait une semaine bloqués à la frontière avec le Sénégal.Nous n’avons pas apprécié la façon dont la mise en vigueur de cette mesure a été parachutée ».Nous vous l’annoncions dans notre parution en date du Mercredi 27 novembre, les autorités sénégalaises ont bloqué plusieurs jours durant à la frontière avec notre pays, des ressortissants d’autres pays dont des maliens qui ne détenaient pas de carte biométrique CEDEAO ou encore de passeport CEDEAO.
Alors que la situation stagnait, il aura fallu des tractations qui ont duré près de quatre jours avant que les choses ne se décantent. Dans un communiqué publié hier sur la toile, les autorités sénégalaises par la voix de la direction générale de la police nationale ont tenté de démentir les faits, tout en oubliant que la réalité ne peut être dissimulée. Contacté par nos soins, le président du conseil national de la jeunesse du Mali section du Sénégal, Mr MOHAMED EL DICKO, qui a été fortement impliqué dans l’affaire, nous a donné d’amples précisons. Selon ses explications il aura fallu l’intervention de l’ambassadeur du Mali à Dakar et celle d’un ministre malien pour que les autorités sénégalaises reviennent sur leur décision.Les faits ressemblent à un essai grandeur nature de la part du voisin. En effet, les maliens détenteurs uniquement de la Carte NINA faisaient l’objet depuis plusieurs jours, de restrictions d’entrée sur le territoire sénégalais.
En cause, il leur était exigé la carte biométrique ou le passeport CEDEAO en application des textes régissant la libre circulation des personnes dans la zone. Nous avions contacté mardi dernier, une source diplomatique sénégalaise qui avait effectivement confirmé l’entrée en vigueur de cette mesure. Notre source avait notamment précisé que « Maintenant qu’il y a de nouvelles autorités qui sont là-bas au Sénégal, elles ont imposé cette réglementation qui a été mise en place il y a longtemps ». Ajoutant que « c’est une décision collégiale qu’on a appliquée ».Malgré ces affirmations, les autorités sénégalaises, une fois la situation décantée, ont tenté de faire croire à la diffusion de fausses informations. Ainsi, dans le communiqué estampillé du Logo et de l’entête de la direction générale de la police Nationale du Sénégal, il est mentionné que « lesdites informations sont dénuées de tout fondement » et qu’à ce jour, « aucune restriction ou de fermeture des frontières n’a été prise par les autorités compétentes »
Au regard de la gravité des faits, nous avons pris attache avec le conseil national de la jeunesse du Mali (CNJ Mali) section Sénégal dont l’implication a permis de décanter la situation. Ainsi, selon le président Mohamed El Dicko, basé à Dakar, capitale du Sénégal, C’est courant semaine dernière que les conseils régionaux du CNJ Mali des villes de Tambacounda et Kédougou ont été alertés du blocage de ressortissants maliens à la frontière. À ses dires, c’est grâce à l’implication des médias sénégalais, et à leur diligence sur le terrain, que l’affaire a été dénouée : « les deux bureaux du CNJ de Tambacounda et celui de Kédougou, ont été alertés. Par la suite, les deux présidents de ces conseils régionaux nous ont alertés pour nous dire que des jeunes sont bloqués aux frontières depuis une semaine. Donc ils se sont rendus sur le terrain et au niveau de la première frontière en venant de Keniéba, 13 jeunes étaient bloqués.
Au niveau de la frontière avec Kidira et Diboli, 26 jeunes maliens étaient bloqués. Donc quand on a été alerté, nous avons informé l’ambassadeur du Mali à Dakar, Mr Boubacar Biro DIALLO. C’est ainsi qu’il a entrepris les démarches administratives avec les deux administrations que sont le ministère des affaires étrangères du Mali et le protocole des affaires étrangères du Sénégal. Et ces démarches ont duré près de Quatre (4) jours. Ces maliens ont fait une semaine bloqués à la frontière. Par la suite, nous nous sommes davantage impliqués et nous avons mené d’autres démarches auprès de personnalités sénégalaises qui nous ont dit qu’elles allaient voir ce qu’elles peuvent faire, mais nous ont aussi expliqué que la situation relève d’une loi. Car seule la carte biométrique et le passeport CEDEAO étaient dorénavant valables ».Au cours de nos échanges, Mr Mohamed El Dicko a félicité les autorités malienne et sénégalaise pour avoir réussi à trouver un terrain d’entente .
Malgré tout, il a déploré la manière dont la mesure a été appliquée : « Je félicite les deux autorités pour avoir réussi à décanter la situation. Par contre nous n’avons pas apprécié la façon dont la mise en vigueur de cette mesure a été parachutée. Je pense qu’ils pouvaient procéder à une sensibilisation et information au préalable. Au lieu de cela, c’est une fois à la frontière que les gens ont été pris au dépourvu et informés de la mesure ».Selon le président du CNJ Mali section Sénégal, un ministre de la transition alerté de la situation, a été particulièrement impliqué : « Le ministre de la jeunesse et des sports, Abdoul Kassim Fomba, a aussi joué un rôle phare dans le déblocage de la situation. Il m’a contacté hier ( ndlr : mercredi 27 Novembre), et m’a demandé de lui transmettre les numéros des points focaux afin qu’il puisse échanger avec les victimes. Chose qu’il a faite. Nous avons dû faire un réel boucan médiatique afin que la situation se débloque.
C’est le mercredi vers 17H 50 minutes que le commissaire Senghor de KIDIRA m’a appelé pour me dire qu’ils ont reçu l’ordre que toute personne n’ayant pas la pièce requise peut finalement entrer et que la mesure a été levée. Nous avions fait le premier communiqué mercredi dans la matinée à 8 heures, et à 18 heures ils ont levé la mesure » nous a confié Mr Dicko qui n’a pas manqué de s’offusquer face au communiqué de la direction générale de la police sénégalaise démentant les faits.Awa Chouaidou TRAORE – NOUVEL HORIZON