S’il y a une chose qui a horrifié les Maliens et qui les a atteints dans leur dignité, leur honneur, c’est la libération de Mohamed Ali Ag Wadoussène, arrêté et déféré à la Maison centrale d’arrêt de Bamako, en attendant son procès pour terrorisme et enlèvement. Après sa rocambolesque évasion de la Maison d’arrêt de Bamako où il tuera un gardien, et sa reprise un mois après, en juin 2014, Mohamed Ali Ag Wadoussène était libéré par les autorités maliennes, en échange de l’otage français Serge LAZAREVIC. Jamais le gouvernement n’a osé informer les Maliens de cette décision encore moins leur dire les motivations profondes qui qui l’ont sous-tendue. Il est vrai que la politique est parfois l’ennemie des gens qui tiennent un peu trop à leur honneur. On imagine combien le Président malien a dû souffrir quand François HOLLANDE lui a demandé cette « faveur », lui dont le slogan de campagne présidentielle était : POUR L’HONNEUR DES MALIENS ! Cependant, depuis 1235, les Jali du Mali chantent : « Le Mali a été détruit par la guerre, le Mali s’est construit par la guerre ». La libération de Mohamed Ali Ag Wadoussène participait de la construction du Mali car elle consistait à aider en retour un homme, HOLLANDE, dont le pays dépense des milliards d’euros pour lutter contre les terroristes dans le nord du Mali. Les Jali du Mandé disent : « Bogna bè, bognamasegin bè ». Il est difficile de dire le nombre des Maliens qui en veulent à IBK d’avoir libéré Ag Wadoussène. Sans doute des millions, comme en témoigne la marche organisée contre l’impunité, en août 2014, par la société civile, les organisations démocratiques et les défenseurs des droits humains à l’occasion de cette libération qui avait été ressentie ici comme une humiliation. La mort annoncée de Mohammed Ali Ag Wadoussène a dû soulager le cœur d’IBK d’un lourd fardeau et faire dire aux Maliens que justice a été rendue, même si les partisans du droit auraient préféré un procès. Les Français ont donc libéré Mohammed Ali Ag Wadoussène pour mieux l’abattre car celui-ci n’a jamais renoncé au terrorisme qui est le credo de toute sa famille. L’honneur d’IBK s’en trouve rétabli, même si les parents du gardien assassiné ne se remettront que très difficilement de la disparition tragique de leur fils, frère et époux. Des millions de Maliens sont certainement contents de la mort d’un tueur d’hommes. Il n’est pas exclu que la côte de popularité de la France s’en trouve rehaussée car de nombreux Maliens continuent de croire que le pays de François HOLLANDE a un grand penchant pour les Touaregs rebelles au détriment du reste du peuple malien. IBK devrait en dire deux mots aux Maliens auxquels il ne s’est jamais adressé au sujet de la libération de Mohammed Ali Ag Wadoussène. Sans doute à cause de la honte qu’il en avait. Cela lui permettra de soulager sa conscience et de rassurer les Maliens que tout ce qu’il fait, en tant que Président, est pour l’Honneur et le Bonheur de ses frères et sœurs. Les Maliens sont croyants, catholiques ou musulmans pour qui la vie humaine est sacrée. Pourtant jamais mort, comme celle de Mohammed Ali Ag Wadoussène, n’aura réjoui les cœurs. Merci donc à Barkhane. Au tour de Iyad Ag Ghali, le djihadiste meurtrier ? Pas si sûr.